P-au-P., 9 oct. 06 [AlterPresse] --- L’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, le magistrat français Louis Joinet, estime que les progrès en matière de droits humains en Haïti dépendent des dispositions qui devront être prises en matière de sécurité.
« Le respect des droits de l’homme passe par la sécurité, ou plus exactement par la lutte contre l’insécurité », a déclaré le juriste français lors d’un dialogue interactif tenu dans le cadre de la seconde session du Conseil Permanent des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève, dont un compte-rendu est parvenu à AlterPresse.
Cette session débutée le 18 septembre a été suspendue le 6 octobre et doit être reprise le 27 novembre prochain. Un rapport de Joinet montrant une évolution positive de la situation des droits de l’homme en Haïti a été présenté et a soulevé des réactions de la part de plusieurs délégués.
Notant une volonté politique de réforme dans les domaines de la justice, de la police et de l’administration pénitentiaire, l’expert indépendant insiste sur la nécessité d’ « agir dans le sens d’un renforcement de la police, et de l’académie de police en particulier ».
Louis Joinet signale que « les détentions prolongées existent malheureusement encore » et recommande « une accélération des procédures judiciaires est indispensable ». Le magistrat propose aussi le renforcement de la formation des juges à travers la restauration de l’Académie de magistrature.
D’autre part, pense Louis Joinet, « la lutte contre la violence passe par le désarmement, un processus intrinsèque et long et d’autant plus compliqué que la Constitution haïtienne autorise la détention d’armes par les particuliers ».
Dans le cadre du dialogue interactif, le délégué haïtien Jean-Claude Pierre note que le rapport du Rapporteur spécial constitue un document de travail précieux tant pour les organisations non gouvernementales que pour les différents services du Gouvernement haïtien. Il relève la corrélation entre la violence et le taux de chômage, rappelant que plus de 80% de la population vit avec moins d’un dollar par jour.
Outre Haiti, le Conseil a entendu des interventions, entre autres, du Brésil, du Chili, de l’Argentine, du Guatemala, du Canada, des États-Unis et de la France.
Le représentant brésilien Sergio Abreu, dont le pays dirige la Mission des Nations Unies ppour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH), souligne que le rapport de Joinet expose clairement les problèmes matériels qu’Haïti doit encore régler. Le représentant brésilien insiste sur l’exigence de « l’octroi d’une aide de la communauté internationale pour le renforcement des capacités des services publics haïtiens ».
« Les élections sont le premier pas vers la démocratie, mais il faudra d’autres éléments », fait valoir pour sa part le délégué argentin Sergio Cerda. Dans le même sens, Juan Martabit, du Chili insiste sur les efforts qu’il reste à déployer pour surmonter la situation critique de pauvreté et de chômage que connaît Haiti.
Carlos Martinez, du Guatemala, se réjouit du renforcement institutionnel croissant en Haiti. Le chef civil de la MINUSTAH est actuellement le diplomate guatémaltèque Edmond Mulet.
Le délégué américain au Conseil Permanent des Droits de l’Homme de l’ONU, Gianni Paz, se félicite « de ce que les actes de violence ne soient plus orchestrés par l’États haïtien ».
Le Canada, représenté par la diplomate Sarah Filotas, exprime cependant la préoccupation que suscitent pour son pays « les détentions prolongées non conformes aux normes internationales et la faiblesse généralisée du système judiciaire en Haïti ».
La représentante de la Sidonie Thomas s’interroge sur le « degré et la nature de la coopération entre l’expert indépendant et les secteurs des droits de l’homme, de la justice et de la MINUSTAH ».
La présentation du rapport de l’expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Haiti a eu lieu quelques jours avant une visite en Haiti, le 15 octobre, du Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Louise Arbour. Son séjour de 48 heures a pour motif d’évaluer la situation des droits humains dans le pays. [gp apr 09/10/2006 11:00]