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Haïti : La justice fortement handicapée, selon les Nations Unies

P-au-P, 5 Oct. 06 [AlterPresse] --- L’absence de suivi dans les procédures policières et judiciaires constitue un handicap majeur à la bonne marche de la justice haïtienne, constate Danielle Saada, responsable de la section judiciaire de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH).

En conférence de presse, ce 5 octobre 2006, Danielle Saada dresse un tableau sombre de la situation de l’appareil judiciaire haïtien. La fonctionnaire de l’ONU dénonce l’ « impunité, la détention abusive ou préventive prolongée, l’absence d’organisation et de moyens, de coordination entre les acteurs judiciaires, d’assistance judiciaire pour les plus démunis. »

Saada salue toutefois les démarches entamées par l’actuel gouvernement en vue d’opérer de sérieuses réformes au sein de l’appareil judiciaire. « La réforme de la justice haïtienne est en marche », estime-t-elle.

« En Haïti, le problème fondamental est que les procédures ne sont pas suivies. Les procédures policières et judiciaires traînent en longueur et les détenus ne sont pas jugés », fustige Danielle Saada au cours de cette rencontre avec des journalistes, dont un reporter d’AlterPresse.

Pour remédier à cette situation, Saada réaffirme l’engagement de la MINUSTAH à fournir « aide et conseils aux autorités haïtiennes en vue du contrôle, de la réorganisation et du renforcement du secteur de la justice », suivant la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

« Il s’agit d’une mission d’assistance et non de substitution aux autorités », précise la responsable de la section Justice au sein de la mission onusienne, faisant allusion au refus exprimé par des juristes haïtiens face à l’idée d’introduire des magistrats francophones dans le système judiciaire haïtien.

Cette idée a été émise par le chef civil de la MINUSTAH, le diplomate guatémaltèque Edmond Mulet, peu avant son arrivée en Haïti en juin 2006 pour succéder au chilien Juan Gabriel Valdés qui occupait ce poste.

Danielle Saada dénonce l’ingérence traditionnelle du pouvoir exécutif dans les affaires de la justice, et l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire à des fins politiques. « L’enjeu c’est de mettre en place un état de droit en Haïti afin que les règles soient respectées de tous et par tous », dit-elle.

La fonctionnaire de l’ONU souligne également l’absence de moyens matériels et financiers, des salaires insuffisants et inadéquats attribués aux magistrats, greffiers et huissiers et estime que ces derniers travaillent dans des conditions difficiles. [do apr 05/10/2006 15 :25]