« Il faut faire preuve de pédagogie pour modifier les attitudes et les cultures. »
I. Calvino
Par Marc Antoine Archer [1]
Soumis à AlterPresse le 1er octobre 2006
Cela peut paraître un peu prétentieux de ma part, de parler de choix énergétique, actuellement en Haïti, dans un pays dans lequel l’absence de choix semble être la seule option de vie, de survie, devrais-je dire.
Si parler de choix semble être utopique, chimérique, parler de futur semble l’être encore plus. Cependant, pour prendre le contre-pied de ce que je semblais vouloir avancer, je vais commencer par dire que l’absence de choix étant déjà un choix, et que puisque le futur existe, indépendamment de nous-mêmes, essayons de le modeler, de le faire nôtre, en un mot, de le construire, collectivement.
Dans cette tentative de construction du futur, les choix énergétiques sont les premiers à réaliser. Puisque l’énergie est l’épine dorsale de notre société, car rien ne se fait sans énergie, je vous propose donc, dans ce texte, d’explorer « l’univers énergétique haïtien », d’analyser les choix énergétiques possibles, pour la construction d’une société moderne ou du moins d’une société ayant une vision de permanence. Cela, sans énergie, sans ressources énergétiques disponibles, et, le choix de la force humaine, gratuite, n’étant plus de mise, les garanties de survie sont alors minimes.
Pour commencer, voyons pourquoi nous devrions faire ces choix.
1- Haïti est actuellement l’un des pays les plus pauvres énergétiquement, aussi bien au niveau de la disponibilité de ressources énergétiques qu’au niveau de la disponibilité de ressources économiques et/ou technologiques.
2- La consommation énergétique, basée sur l’exploitation des ressources locales, exerce une pression « INSOUTENABLE » sur l’environnement, mettant même en jeu la permanence des structures du pays.
3- Le fossé, qui nous sépare des autres pays, se fait de plus en plus grand, et cela, aussi bien au niveau économique que technologique. Cela se traduit par une destruction de plus en plus forte des capacités de construction de la société, d’où un sérieux problème de sustentation pour le pays.
Aucune autre alternative n’est possible que la mise en place d’une structure énergétique, capable de donner réponse aux besoins présents et futurs de la société haïtienne, maintenant et dans 15 ou 30 ans. Il nous faut donc réaliser des choix énergétiques, des choix impliquant la totalité de la société, nos choix énergétiques du futur. Quels seraient les objectifs à fixer, à atteindre en fixant ces choix ?
1- Amélioration de la Gestion des ressources énergétiques.
2- Amélioration de l’accès aux services énergétiques dans les zones rurales.
3- Amélioration de la Gouvernance énergétique
a. Amélioration de l’Efficacité énergétique
b. Amélioration de la Compétitivité économique du pays
i. Meilleure gestion des besoins énergétiques industriels
ii. Augmentation de l’offre énergétique et du Capital énergétique
4- Promotion de la formation et des Innovations Techniques par l’amélioration du Capital Technologique de la société haïtienne en augmentant le nombre de techniciens bien formés.
5- Diversification énergétique car :
a. Il ne faut écarter aucune filière énergétique que l’économie du pays puisse supporter. Cela veut donc dire n’éviter que les filières économiquement onéreuses pour le pays (énergies de la mer, par exemple, ou biocarburants à très fort apport d’intrants).
b. On doit accorder la priorité aux mesures et aux technologies qui permettent d’assurer la fiabilité des approvisionnements et du service énergétique continu.
c. Il est impératif d’informer la société sur les enjeux réels de la situation technologique du pays et promouvoir l’adaptation à une mentalité technologique facilitatrice de changement.
Ce qui devra aboutir à la construction d’un système énergétique local, fiable, rentable, créateur de richesses. Pour cela, il nous faut donc d’abord nous fixer un cadre de fonctionnement qui devrait comprendre :
Un cadre Réglementaire cohérent et adapté aux besoins énergétiques du pays,
Un Cadre d’investissements industriels facilitateur,
Des politiques gouvernementales actives, constantes, voire même agressives.
La participation active de la société, des consommateurs finaux de services énergétiques,
Promouvoir une conscience citoyenne, permettant de faire de l’énergie un bien public et des ressources naturelles des biens à conserver, à protéger et à valoriser dans le respect des normes environnementales,
Etablir une pédagogie de l’énergie permettant de transformer les attitudes et de changer les mentalités.
Pour mieux cerner la situation, observons ce qui a été dit dans le document de synthèse présenté par le Ministère de l’Environnement dans le « Rapport National Barbade+10 Petits états Insulaires (SIDS) (1994-2004) » :
Un bref état des lieux du secteur énergétique d’Haïti révèle que le pays est faiblement doté de ressources énergétiques techniquement et économiquement exploitables et fait une utilisation non rationnelle du peu de ressources dont il dispose.
Les ressources locales, disponibles en termes de biomasse et d’hydroénergie, sont exploitées au détriment de l’environnement, hypothéquant ainsi l’avenir du pays ;
Les sources d’énergies éoliennes et surtout solaires, qui sont très abondantes dans le pays, sont peu exploitées du fait de l’état actuel de la technologie et du coà »t élevé des premiers investissements pour les populations démunies, si cela ne se fait pas dans le cadre d’une politique de développement énergétique cohérente ;
Haïti affiche les intensités énergétiques les plus élevées de la Caraïbe : l’analyse du bilan énergétique national révèle que l’énergie est surtout utilisée pour la cuisson, le transport et l’éclairage, et non pour la production des biens et services ;
Les prospections effectuées jusqu’à présent n’ont pas révélé de ressources pétrolières économiquement exploitables à court et à moyen termes. Toutefois, les travaux de prospection jusqu’ici entrepris n’ont pas couvert systématiquement toutes les zones à potentiel pétrolier ;
Les gisements de lignite explorés jusqu’à maintenant (8 millions de tonnes prouvées) sont d’importance économique limitée et présentent des caractéristiques physiques et chimiques limitant encore plus leur utilisation, dans l’état actuel de la technologie occidentale ;
Les sites géothermiques, étudiés à des fins de production d’électricité, ne sont pas économiquement rentables ;
Le pays est fortement dépendant des importations étrangères d’énergie et leur impact sur la devise nationale et la balance des paiements est réel ;
Ainsi, on constate que les maigres ressources énergétiques dont dispose Haïti ne sont pas encore utilisées de manière efficiente, entraînant ainsi des conséquences très graves sur l’économie haïtienne et sur l’environnement.
En observant ce rapport de synthèse, on ne peut ne pas constater l’absence de la volonté, même de planification, du secteur énergétique chez les décideurs politiques du pays ainsi que l’inexistence de choix énergétiques clairs. Voilà , dans le même document ci-devant cité, les perspectives techniques énumérées :
- Entreprendre l’électrification des centres communautaires des villages et sections communales du pays (Centres de Santé, écoles communales et lycées etc.) ;
Promouvoir l’utilisation de pompes à énergie solaire pour l’irrigation ;
établir des bibliothèques utilisant l’énergie solaire ;
Développer le potentiel éolien du pays, en évaluant les ressources et équipant les sites potentiels ;
Promouvoir l’électrification rurale par l’énergie hydroélectrique en utilisant les micro-systèmes ;
Créer des Centres de Formation et d’Information en matières d’énergies Renouvelables ;
Créer des Centres communautaires de réfrigération pour la conservation des produits de pêche ;
Encourager la Téléphonie Rurale alimentée par l’énergie solaire ;
Réhabiliter les stations de dessalement de l’eau de mer par énergie solaire et en développer d’autres dans les zones côtières dépourvues d’eau potable ;
Réévaluer le potentiel géothermique du pays.
A. En termes de conservation et de substitution d’énergie :
Encourager la conservation et l’économie d’énergie dans tous les secteurs de consommation ;
Encourager la substitution des combustibles ligneux dans les résidences, commerce et petites entreprises (boulangeries, blanchisseries, les restaurants ambulants etc.) ;
B. En termes du développement des ressources conventionnelles :
Promouvoir la recherche pétrolière en Haïti ;
Encourager l’exploitation du gisement de lignite de Maïssade.
On ne voit que des actions, ponctuelles, à encourager, certes, mais dénuées de toute volonté réelle d’aboutir à la mise en place de politiques cohérentes. Et maintenant, une fois fixés les objectifs, quels sont les besoins ? Dans quel secteur ? Quelles sont les contraintes existantes ? Comment procéder ?
Il est aussi urgent de réguler le secteur de l’approvisionnement des produits pétroliers, de contrôler leur impact sur la vie sociale et économique du pays, et de créer des instruments, tels que :
1- La détaxation de la consommation en produits pétroliers des professionnels du transport, des activités agricoles, et de la machinerie agro-industrielle.
2- Des instruments de contrôle de la qualité des produits pétroliers commercialisés.
3- Mise en place d’une structure de fixation des prix du marché et l’établissement d’une grille tarifaire publique.
4- Instruments de détaxation pour les ressources énergétiques élaborées localement (biocarburants).
Un schéma régulateur pourrait être celui-ci :
Haïti importe toute sa consommation en produits pétroliers. Quoique maintenant une consommation inférieure aux 2.7 millions de barils par an, ce qui correspond à quasiment un 20% de l’offre énergétique totale du pays, le poids des importations de produits pétroliers sur la balance commerciale est énorme.
Outre ces considérations préliminaires, il faudrait aussi se pencher sur la question du transport et de la mobilité, puisque le transport, à lui seul, consomme plus de la moitié des importations des produits pétroliers. Devraient être révisées : la politique d’approvisionnement (la loi sur les carburants date de 1949), la gestion des stocks stratégiques, les relations Etat/Secteur Privé, car dans un contexte de crise énergétique, dans un pays comme le nôtre, le secteur privé ne peut ni ne doit avoir les mains libres dans les décisions sur les transactions, les conditions d’approvisionnement, de transport, de distribution et de fixation de prix des produits pétroliers. De nouvelles lois, relatives aux combustibles et aux ressources énergétiques locales et importées, doivent voir le jour de faà§on imminente. Donc, dans ces choix énergétiques du futur, le premier point est et doit être une « Politique d’Approvisionnement », et, là , le Parlement a un grand rôle à jouer.
Il est donc urgent de travailler à l’élaboration d’alternatives.
Analysons les options possibles, commenà§ons par les biocarburants.
Les biocarburants constituent-ils une alternative énergétique viable ? Avant même d’entrer dans les détails, précisons et insistons qu’on peut, de moins en moins, sacraliser ou diaboliser une source d’énergie. L’analyse des « pour » et des « contre » doit permettre d’orienter les choix.
1- Les huiles végétales brutes (HVB) : ce sont les huiles comestibles utilisées pour cuisiner : huiles de tournesol, de colza, d’arachides …. Ces huiles brutes, non utilisées ou usagées, peuvent être employées dans un moteur diesel. Cependant, des précautions sont à prendre quant aux caractéristiques du moteur et aux particules contenues dans l’huile usée. Un autre inconvénient est la disponibilité des huiles usagées, ce qui oblige à un développement local, car la logistique associée peut invalider toute tentative de développement.
2- Le biodiesel : le biodiesel, c’est de l’huile végétale brute, révisée, traitée et standardisée par des procédés chimiques. La standardisation de ce produit ainsi que sa production industrielle le rendent beaucoup plus attrayant que les HVB. Le biodiesel marche dans toute voiture diesel. Dans certains pays, le biodiesel est produit à partir des plantes oléagineuses locales, noix de coco ou autre. Les rendements sont de l’ordre de 1 400/1 500 litres de biodiesel à l’hectare, mais, dans les pays chauds, la plante la plus prometteuse est le jatropha, qui permettrait l’obtention d’un rendement de 2 600 à 3 000 litres à l’hectare.
3- Les alcools : trois alcools, l’éthanol, le butanol et le méthanol, sont connus comme possibles biocarburants. L’éthanol est le plus utilisé jusqu’à présent. Actuellement, on arrive à construire des voitures fonctionnant au binôme alcool/essence et utilisant la technologie Bosch. Le système d’alimentation Bosch Flex Fuel analyse en permanence la proportion d’alcool dans le réservoir et adapte les paramètres de gestion du moteur en fonction de ce qu’il trouve.
4- Le BTL, biomass-to-liquid : il s’agit de transformer toute la biomasse (feuilles, copeaux de bois), en un mot, tout type de biomasse, végétale ou résiduelle. Le procédé consiste à comprimer la biomasse, puis la chauffer pour pouvoir la gazéifier, et la liquéfaction postérieure permet l’obtention du carburant. Le rendement est supérieur aux 5 000 litres /ha.
L’option biocarburant est donc à privilégier. Pourquoi privilégier l’option des biocarburants ?
Les raisons sont diverses. A mon avis, l’option de la valorisation énergétique de la biomasse, en tant que combustible d’appoint, me semble être le choix le plus « culturellement motivant » pour le système énergétique haïtien.
En tout premier lieu, il s’agit d’une option autochtone et qui, en plus, peut permettre de consolider la décentralisation énergétique. Le choix des biocarburants permet de faciliter la gouvernance énergétique. Faire le choix politique de développer les biocarburants veut dire miser sur l’Agro énergie :
Miser sur la canne à sucre et sur le jatropha, dont le rendement est assez élevé et les conditions d’exploitation peu contraignantes. Ce dernier demande très peu d’eau et de nutriments, permet de protéger les sols de l’érosion et facilite aussi la rétention d’eau. Quant aux autres possibilités de l’agro énergie, nous avons aussi les huiles d’arachide, de palme, de maïs, de ricin, de pépins de raisins, de betterave, etc., qui peuvent offrir d’excellentes possibilités.
Valoriser la fraction organique de nos déchets urbains, et dans les grandes villes du pays et dans les villes moyennement peuplées à l’aide de la méthanisation, ou bien de la fabrication de biodiesel à partir de résidus gras, de graisses de la restauration, des abattoirs, de l’huile de vidange.
Fabriquer des briquettes de combustibles dans les zones faiblement peuplées.
Utiliser de la biomasse supérieure (le bois-énergie), de faà§on durable, en faisant du bois une ressource renouvelable.
Enfin, le développement d’autres alternatives, telles les algues marines, offre aussi d’excellentes possibilités actuellement en étude.
Voyons, par exemple, ce que l’option de valorisation énergétique de la canne à sucre peut supposer : Haïti fut durant des années, avant notre indépendance, la perle des Antilles grâce à la canne. Elle fut aussi la raison d’être de la Traite et, par conséquent, le motif de l’existence d’Haïti, avec sa conformation actuelle.
Nous sommes donc fils de la canne. La canne à sucre fait partie intégrante de notre culture. Nous avons choisi le palmiste en tant qu’emblème, nous aurions pu choisir la canne à sucre.
Le choix de la canne aurait pu signifier la lutte contre l’esclavage, contre la domination de l’homme par l’homme, contre l’arbitraire, contre l’exploitation inhumaine d’êtres humains et la résolution de ne plus jamais accepter ces fléaux sur le sol haïtien. Nous ne l’avons pas fait. Mais, cela est une autre histoire.
Pour revenir à notre sujet, disons que l’option de miser notre « autonomie énergétique », sur l’utilisation poussée de la canne à sucre, aurait pour conséquences d’améliorer l’offre d’emplois du pays, de diminuer la pression migratoire sur la République Dominicaine, entre autres avantages.
Option intéressante, objectivement. Viser une deuxième indépendance, basée sur la valorisation énergétique de nos ressources naturelles peut sembler utopique, mais, au fond, c’est l’une de nos meilleures options.
Dans le cas des autres options, telles que celles basées sur le jatropha, sur le ricin, sur la biomasse en général, elles auraient pour objectifs, non seulement la création d’emplois ou la réduction du déficit dans la balance commerciale du pays, ou la consécration de l’indépendance énergétique du pays, mais encore la lutte contre l’érosion, l’amélioration de la couverture arborée dans le pays, ce qui permet :
L’Aménagement de notre territoire
La mise en place de politiques agricoles adéquates
La Création d’emplois stables
La Promotion de l’Auto-emploi (valeur à consolider en Haïti et auprès des syndicats de travailleurs en Haïti)
La lutte contre la déforestation et la désertification
La Promotion de l’Autonomie énergétique
Une meilleure gestion des terres
La possibilité de réduire les importations de produits pétroliers, car plus de 50% des importations correspondent au secteur du transport routier, urbain, interurbain.
Outre les biocarburants, dans le cas des autres options d’énergies renouvelables, lesquels favoriser en Haïti ?
L’énergie solaire
L’énergie éolienne
L’énergie hydroélectrique à petite échelle
Le vecteur hydrogène
L’option solaire est incontournable. Cependant, à cette option, est associée l’une des plus grandes sources de pollution, celle causée par l’utilisation des accumulateurs, bien que réellement l’utilisation outrée des Inverters (Onduleurs) en Haïti suppose déjà un grand problème, vu la prolifération des batteries et leur rejet sans aucun type de considération après usage. Cela veut donc dire que nous devons penser à l’utilisation de l’énergie solaire, couplée sur le réseau électrique. Dans les cas d’installations isolées, le choix est évident, mais, dans tous les autres cas, il faudra privilégier l’utilisation non autonome de l’énergie solaire.
Pour l’hydrogène, nous n’avons pas le choix, il faudra déjà commencer à penser à la formation de nos jeunes ingénieurs et miser sur le développement de cette technologie.
L’impact psychologique sur la société haïtienne étant évident, voyons quel peut
être l’impact économique des nouveaux choix énergétiques.
Nous avons parlé, avant, de certains bienfaits, tels que la lutte contre l’érosion, l’aménagement du territoire, la revalorisation des ressources environnementales et, ce qui est plus palpable, la création d’emplois et l’amélioration de la balance commerciale du pays. En parlant d’emplois, que peut-on supposer ?
Voyons le cas de l’énergie solaire.
La formation d’installateurs, en énergie solaire photovoltaïque et en énergie solaire photothermique, d’agents de maintenance, d’agents de récupération des accumulateurs, de plombiers, de soudeurs, de concepteurs d’installations industrielles, … et, dans un délai plus ou moins long, d’entreprises de fabrication de panneaux solaires photovoltaïques et de capteurs solaires… Dans le cas de l’énergie éolienne, le cas est semblable, bien que le travail à faire soit énorme : création de bases de données, études de sites venteux, etc.
En ce qui concerne l’agro énergie, les biocarburants, la création d’emplois est nettement supérieure. En utilisant une main-d’œuvre abondante, dans un souci de promotion de l’emploi, on peut arriver à supposer que l’option de la canne à sucre peut permettre l’embauchage d’entre 16 et 30 personnes par hectare, en moyenne durant 7 mois sur 12. Dans les autres variétés, n’ayant pas de données concrètes, supposons que, toutes espèces réunies, les différentes options permettent la création de 4 emplois, de faà§on permanente, sur toute l’année, et que le rendement par hectare nous arrive à offrir les 2 000 litres par hectare. Pour une estimation de 600 000 hectares exploitables, de simples calculs nous permettent de voir le nombre d’emplois et la production annuelle estimative.
Ces choix énergétiques du futur devraient permettre à notre pays d’atteindre une certaine autonomie.
Cependant, miser sur une telle option ne garantirait, en aucun cas, l’indépendance énergétique totale de notre société, son affranchissement complet du pétrole, un sevrage pétrolier à proprement parler.
Ce serait une option qui nous permettrait de mieux gérer notre politique agricole ou notre politique énergétique et faciliter le changement des mentalités vers des attitudes beaucoup plus conciliantes envers l’environnement. Quasiment, tous les pays sont dans cette phase d’adaptation de leur législation, la réglementation est révisée, des orientations sont imposées, comme le cas de Cuba, par exemple, où les ampoules à incandescence sont interdites, aussi bien leur importation que leur utilisation. En Europe, et concrètement en Espagne, actuellement, toutes les nouvelles constructions ont l’obligation d’utiliser des sources énergétiques renouvelables :
1- Du Photovoltaïque, couplé sur le réseau
2- Du Photothermique pour l’eau chaude sanitaire, pour la climatisation des piscines
3- La réintroduction des chaudières de biomasse, utilisant le bois-énergie ou les briquettes de combustibles, etc.
Voilà des choix stratégiques, auxquels notre pays ne devrait en aucun cas se soustraire. En ce sens, pour le chauffage, les chaudières sont en train de revenir et on retrouve ainsi la combinaison de capteurs solaires et de chaudières pour le chauffage et la climatisation de piscines (vu que l’utilisation de climatisation peut choquer, je profite pour rappeler que la climatisation est l’ensemble des moyens permettant de maintenir l’atmosphère d’un endroit clos à une pression, à un degré d’humidité et à une température donnés).
Un modèle peut être celui commercialisé par une entreprise espagnole :
Pour terminer, et peut-être afin de soulever un peu de polémique, je dois dire que l’être humain, l’animal social, passe sa vie à effectuer des choix, stratégiques les uns, simples les autres, insignifiants la grande majorité. En société, ces choix sont basés sur le consensus, et c’est ce qui fait leur force. Les choix énergétiques, les choix énergétiques du futur appartiennent à cette catégorie.
Au moment de finaliser cet article, la presse haïtienne publiait une information relative aux accords de collaboration entre les autorités haïtiennes et brésiliennes pour le « développement de combustibles » en Haïti.
J’imagine qu’il s’agit de combustibles agricoles et, en ce sens, j’espère qu’aucune décision ne sera prise dans l’immédiat, sans analyser les vrais besoins du pays, dans le court, le moyen et le long terme.
Si l’idée de développement de biocarburants nous vient à l’esprit, en comparaison avec le Brésil, d’une superficie d’environ 8 514 876 km2, Haïti n’est qu’un simple « lakou » à la portée de certains grands propriétaires terriens brésiliens. Et, vous savez que, pour l’exploitation de biocarburants, il faut pouvoir dégager suffisamment de terres, sans compter les autres intrants : « Rien ne se fait sans matières premières, … ni sans énergie ».
Le développement de l’Agro énergie est fondamental pour Haïti. Mais, ce n’est qu’en prenant conscience de nos besoins et de nos potentialités que nous pourrons avancer. Orientons donc correctement nos choix énergétiques de futur. Pour une fois.
Barcelone, 1er Octobre 2006
[1] Physicien Industriel