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Jacques Édouard Alexis relève des retombées positives du XIe sommet de la francophonie pour Haiti

Il réclame « la juste part d’Haiti » dans la coopération au niveau de la francophonie

Bucarest, 1er oct. 06 [AlterPresse] --- Le XIe sommet de la francophonie qui vient de se dérouler à Bucarest (Roumanie) aura des retombées positives pour Haiti, a estimé le premier ministre Jacques Édouard Alexis dans une interview accordée à AlterPresse.

« Il est certain que ce sommet aura des retombées pour Haiti, puisqu’il se situe en continuité avec des actions entreprises sur le terrain par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans sa coopération avec Haiti », déclare le premier ministre haitien.

Alexis rappelle l’inauguration récente à Port-au-Prince de l’Institut de la Francophonie pour la gestion dans la Caraïbe (IFGCar) de Port-au-Prince, fruit d’un partenariat entre le gouvernement haïtien, l’Université d’État d’Haïti, l’Université Quisqueya de Port-au-Prince, l’Université des Antilles et de la Guyane et l’OIF.

D’autre part, la France et le Canada se sont accordés afin de fournir l’aide nécessaire pour permettre à l’antenne de l’OIF à Port-au-Prince de devenir « un véritable bureau », indique Alexis, ajoutant que « beaucoup d’autres actions » en faveur d’Haiti ont été envisagées dans le cadre du sommet de Bucarest.

Au-delà des des « effets d’annonces »

Interrogé sur le plaidoyer international en faveur d’Haiti qu’il a sollicité de la part de l’OIF lors de son intervention à l’ouverture du sommet, Alexis indique qu’il faut que la communauté internationale « ne se contente pas des effets d’annonces » à propos de l’aide à Haiti.

A la récente conférence de juillet dernier à Port-au-Prince, la communauté internationale avait annoncé une aide de 500 millions de dollars pour Haiti, rappelle Alexis. « Une chose est l’annonce, le décaissement est une autre chose », souligne Alexis.

D’autre part, étant donné les nombreuses priorités qui s’imposent dans le pays actuellement, Jaques Edouard Alexis pense qu’il faudrait mettre en place un fonds de reconstruction d’Haiti. « Dans ce sens, la famille francophone pourrait entreprendre un plaidoyer en faveur d’Haiti auprès de ses partenaires au niveau international », ajoute Alexis.

Haiti réclame sa « juste part »

Le chef du gouvernement haïtien, qui s’est entretenu à Bucarest avec le secrétaire général de l’OIF, réclame « la juste part d’Haïti » dans la coopération au niveau de la francophonie. Le gros des efforts de l’organisation est consacré à l’Afrique et « Haïti parait excentré », relève-t-il.

Interrogé sur les domaines dans lesquels l’aide est attendue de la part de la communauté francophone, Jacques Édouard Alexis pense que l’éducation est un « secteur fondamental », étant donné « le retard du pays » en la matière, « notamment la formation des maitres, l’enseignement supérieur, le développement technologique et la recherche ».

Au niveau politique, le premier ministre haïtien croit qu’Haïti peut profiter de la coopération avec « d’autres pays de même taille » et « tirer leçon » de leurs expériences. Il a spécifiquement mentionné la question de la décentralisation, pour « faire que le développement local devienne une réalité ».

« Fuite de cerveaux »

A propos de la « fuite de cerveaux » dont Alexis a parlé dans son discours à l’ouverture du sommet, le thème a été abordé avec les gouvernements canadien et québécois, a-t-il affirmé dans l’interview avec AlterPresse. Un « suivi » a été fait sur des mécanismes à mettre en place pour la formation de ressources humaines, de manière à ce que, « même si les gens partent », il y ait toujours « un vivier où puiser ».

Le Canada appuiera Haiti au niveau de l’organisation du travail gouvernemental et sur la question de l’administration publique, informe le premier ministre. Un premier document de projet est déjà rédigé pour la création l’École Nationale d’Administration et de Politique Publique (ENAP) avec l’appui du Québec, précise-t-il.

Alexis annonce que le Québec a décidé d’envoyer des cadres en mission sur 6 mois en Haiti pour appuyer les différents ministères, suivant des demandes qui seront produites par le gouvernement.

Par rapport à l’insécurité qui est elle aussi un facteur qui favorise l’émigration des cadres haïtiens, Alexis se dit « optimiste ». « Il y a des travaux qui commencent à apporter des résultats », que le chef du gouvernement promet d’annoncer « en temps opportun ».

Alexis dit avoir sollicité du gouvernement fédéral canadien, une aide supplémentaire pour le Programme gouvernemental d’Apaisement Social (PAS), car parallèlement aux « efforts en vue du désarmement, nous devons assurer un certain nombre de services pressants, surtout en terme de création d’emplois, pour permettre à la population d’attendre des changements en profondeur ».

« Nous espérons des résultats positifs »

« Nous espérons des résultats positifs », confie Alexis à AlterPresse, suite à des rencontres bilatérales, à Bucarest, avec plusieurs délégations, dont celles de la France, le Rwanda, le Sénégal, la Cote d’Ivoire. Alexis déclare avoir fait part aux représentants de la France du souhait de la visite du chef d’Etat français pour la première fois en Haiti.

Avec le Rwanda, la délégation haïtienne a exploré l’éventualité d’une mission officielle dans ce pays qui a été fortement secoué, il y a … ans, par des massacres ethniques qui ont fait des milliers de morts. Un processus a été mis en place pour recoudre le tissus social. [gp apr 01/10/2006 12:00]