Bucarest, 1er oct. 06 [AlterPresse] --- L’écrivain haïtien Lionel Trouillot a estimé qu’il n’y a pas d’avenir pour la langue française en Haïti sans la promotion et la pratique du Créole.
« Le Français mourra en Haïti si le Créole ne grandit pas », déclare l’écrivain dans une interview accordée à AlterPresse à Bucarest, où il participait au XIe sommet de la francophonie, en tant que membre du jury du prix (littéraire) des 5 continents.
En matière de francophonie, « les écrivains sont en avance sur les politiques », considère Trouillot. « Le seul écrivain francophone qui n’est pas bilingue est l’écrivain français », souligne-t-il, en disant « plaindre le sort » de ses confrères de l’hexagone.
Selon l’écrivain haïtien, dans le monde littéraire et éducatif d’aujourd’hui, « tout le monde sait que la survie de la francophonie est liée au bilinguisme et au plurilinguisme ».
« Le réflexe colonial d’une francophonie qui opprime les autres langues, n’existe plus dans ces milieux », poursuit Trouillot, tout en soulignant que ce comportement existe encore « peut-être » dans certains milieux politiques.
Ce réflexe demeure encore cependant chez certains « attachés culturels retardés », ou « certains colons qui se trompent d’époque », critique l’écrivain. Ce qui domine, dit-il, c’est la nécessité de la « cohabitation de plusieurs langues dans l’espace francophone ».
Depuis plusieurs années Lionel Trouillot fait partie du jury du Prix des cinq continents, présidé par Henri Lopes (Congo). Il siège aux cotés de Lise Bissonnette (Canada-Québec), Monique Ilboudo (Burkina Faso), Paula Jacques (France-Égypte), Vénus Khoury-Ghata (Liban), Jean-Marie Gustave Le Clézio (Maurice), Andréï Makine (Russie), René de Obaldia (Hong Kong), Leïla Sebbar (Algérie), Denis Tillinac (France). Alain Mabanckou, lauréat du prix en 2005, a également fait partie du jury pour l’édition 2006. [gp apr 01/10/2006 09:00]
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