Extraits du discours du secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), à l’occasion de l’ouverture du XIe sommet de l’organisation
Document obtenu par AlterPresse à Bucarest
Éducation et nouvelles technologies
« C’est l’éducation et les nouvelles technologies que nous avons choisies comme
thème de ce XIème Sommet. C’est là un sujet grave et d’une importance
exceptionnelle. Nous savons qu’il est inimaginable d’installer dans notre monde
une paix durable, une démocratie crédible, une croissance et un développement
solides, sans renforcer et moderniser nos systèmes éducatifs, en particulier ceux
qui dans nos pays connaissent le plus de difficultés, de retards, voire d’échecs.
Cent vingt millions d’enfants dans le monde - plus de la moitié sont des filles - ne
sont pas scolarisés, dont pas moins d’1/3 en Afrique au Sud du Sahara. Deux
enfants francophones sur cinq ne connaissent pas l’école, et deux autres ne
peuvent arriver au bout de leur cycle primaire.
Cette situation est un drame pour l’humanité. Elle est inacceptable et dangereuse.
Elle favorise l’inégalité, l’exclusion, l’incompréhension. Elle menace la paix. Elle est
un terrible handicap pour réussir le dialogue des civilisations et enraciner la
démocratie.
(...) La Francophonie a toujours placé ce sujet au
coeur de son action. Elle se rassemble, aujourd’hui à Bucarest, pour clarifier et
renforcer ses interventions dans ce domaine et prendre toute sa place dans
l’ensemble des efforts déployés par la Communauté internationale.
Allons de l’avant. Tous ensembles. Nous le devons aux enfants du monde. Il s’agit
de leur avenir. De notre avenir.
Pour leur donner le sourire et l’espoir, pour leur donner toutes les chances de
réussir et de vivre libres, nous ne devons plus nous demander si les Objectifs de
Développement du Millénaire sont un rêve ou une utopie. Si l’éducation pour tous
est à notre portée. Nous devons agir concrètement. Sur le terrain. Nous devons
amplifier nos efforts, produire des résultats, atteindre les objectifs fixés.
Il a été démontré à l’occasion du Sommet mondial sur la Société de l’information, à
Genève et à Tunis, que les nouvelles technologies sont un outil majeur au service
de l’éducation. Elles ouvrent de larges horizons. Elles sont porteuses de solutions
novatrices. Exploitons encore davantage ce potentiel si riche et si fascinant.
Mais n’oublions pas qu’actuellement, nos pays francophones en développement
sont les plus durement touchés par la fracture numérique, ce qui les met en
position de faiblesse pour bénéficier des avantages de la société de l’information.
C’est à cette priorité là que je m’attache d’abord, que notre Organisation travaille,
que nos états et gouvernements doivent porter leur attention. L’OIF et les
opérateurs de la Francophonie sont regroupés et engagés dans ce chantier, avec
tous leurs outils, leurs réseaux, leurs compétences.
Nous voulons que l’éducation serve la paix, l’égalité, la liberté. (...) »
Action politique
« (...) nous devons nous féliciter des progrès encourageants accomplis, par
exemple, aux Comores, en Haà¯ti, en Centrafrique, en République Démocratique du
Congo, au Togo, en Mauritanie.... Mais tous nos pays en crise et en transition
n’avancent malheureusement pas au même rythme sur le chemin de la paix, de la
réconciliation et de la démocratie. Qu’ils soient assurés de notre solidarité et de
notre totale disponibilité pour les aider. Cependant, nos efforts risquent d’être vains
s’ils ne retrouvent pas devant eux une exigence absolue de respect de l’intérêt
supérieur de la nation, une grande abnégation, un profond respect des espérances
des populations.
Cette certitude, je le sais, est partagée par nos partenaires de la communauté
internationale qui poursuivent avec nous, inlassablement leur course contre la
guerre et la violence, la discorde et la haine, la pauvreté. (...)
Et je tiens à saisir cette occasion pour adresser un vibrant hommage au Secrétaire
général des Nations-Unies au moment o๠il va arriver au terme de sa mission. Il a
su défendre, souvent dans des conditions d’extrême difficulté, la plus haute idée
de la communauté internationale et de ses valeurs. Il a rappelé en permanence
que le multilatéralisme est la seule réponse démocratique aux désordres du
monde. Il a fait honneur à l’ONU. Il a fait aussi honneur à l’Afrique ».
Diversité culturelle
« C’est ce multilatéralisme, dans toute la noblesse des valeurs qui l’inspirent, qui
nous a permis de franchir en novembre 2005 à l’UNESCO une étape historique
avec l’adoption de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles. Je veux vous dire, Monsieur le Directeur général de
l’UNESCO, que ce Sommet est aussi le rendez-vous de la diversité culturelle. Un
rendez-vous qui marque un engagement. Pas seulement des mots, mais aussi des
actes. Celui de la ratification de la Convention qui est avancée et qui va
s’accélérer, notamment grâce au dynamisme de nos états membres. Celui aussi
de la préparation de sa mise en oeuvre. Nous nous sommes engagés à renforcer
les politiques et les industries culturelles de nos états. Nous allons le faire !
Nous nous sommes engagés à renforcer la coopération culturelle internationale
parce que cela est nécessaire au dialogue des cultures dont nous avons tant
besoin. Nous allons le faire !
(...) Un
monde qui sait faire vivre harmonieusement ses identités par le dialogue, le
respect, le partage, la diversité des cultures et des langues, est un monde qui
refuse la discrimination, l’intolérance et l’oppression. C’est un monde qui veut
imposer la dignité, la paix et la liberté.
Une première étape a été franchie, sans triomphalisme, ni autosatisfaction. Nous
allons avancer encore. ‘La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert’ nous a dit
André Malraux (...) »