P-au-P, 26 sept. 06 [AlterPresse] --- Le Groupe haïtien d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) exprime son indignation après un nouvel accident, qui a causé, dans l’après-midi du lundi 25 septembre 2006, plus d’une cinquantaine de blessés parmi un nombre de 90 compatriotes sur le point d’être rapatriés par les autorités de la République Dominicaine à l’entrée de Elias Piña, frontière commune avec la ville de Belladère, à environ une centaine de kilomètres au nord-est de la capitale haïtienne.
« Le GARR exhorte, une fois de plus, les dirigeants haïtiens à tout entreprendre pour faire cesser ces types de rapatriements qui foulent aux pieds les droits de la personne. Il lance un appel urgent aux autorités haïtiennes pour venir en aide aux personnes toujours hospitalisées et secourir celles et ceux qui arrivent encore à la frontière, avec leurs blessures et qui ne sont pas en condition d’aller bien loin », écrit la plate-forme haïtienne dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Rappelant que d’autres accidents similaires, avec des véhicules transportant des immigrants haïtiens, se sont déjà produits en République Dominicaine, le GARR dénonce les manquements au Protocole d’Accord signé par les deux Etats en 1999 (sous la première administration de l’actuel président Leonel Fernandez Reyna avec la première administration du président haïtien René Garcia Préval), selon lequel « avant tout rapatriement, la liste des personnes à rapatrier doit être dressée et envoyée aux autorités haïtiennes ».
L’accident, survenu le 25 septembre vers les cinq heures de l’après-midi, à l’entrée de la ville d’Elias Piña, quand le véhicule transportant ces rapatriés a quitté la chaussée pour finir sa course dans le lit de la Rivière Caña, « témoigne, encore une fois, des conditions déshumanisantes, dans lesquelles le gouvernement dominicain effectue les rapatriements, sans aucun respect des droits de la personne, ni aucune sécurité pour les rapatriées et rapatriés », souligne le GARR.
Les autorités dominicaines n’ont pas communiqué l’identité des victimes de l’accident, dont une partie des blessés, « qui arrivaient en piteux état, avec leurs vêtements maculés de sang, certains d’entre eux, avec un pied ou un bras cassé », ont été recueillis par le Comité des Droits Humains de Belladère après plusieurs aller-retours à la frontière.
Un groupe de blessés se trouve actuellement aux centres hospitaliers de San Juan de la Maguana et d’Elias Piña. D’autres rapatriés blessés, après avoir reçu " les premiers soins", ont été abandonnés à la frontière de Belladère, sans la présence des autorités haïtiennes.
Selon les informations obtenues par le GARR, ils étaient environ 90 Haïtiens-Haïtiennes à bord du véhicule, avec une escorte de 2 militaires et 5 agents de la migration dominicaine. Le véhicule, affecté au transport de ces rapatriés, n’était pas en mesure de tenir la route, pour un trajet aussi long avec tous ces passagers à bord, indique la presse dominicaine. Il semble que les freins auraient lâché.
Les victimes proviennent de différentes régions d’Haïti, notamment de Ouanaminthe dans le Nord-Est, du Cap-Haïtien dans le Nord, de Jacmel dans le Sud-Est, etc. Plusieurs d’entre eux, qui travaillaient dans l’agriculture et la construction, avaient été appréhendés par les autorités en divers points du territoire dominicain, rapporte le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés. [rc apr 26/09/2006 18 :00]