Bucarest, 25 sept. 06 [AlterPresse] --- L’écrivain haïtien Lionel Trouillot, membre du jury du Prix des cinq continents, attribué le 24 septembre à Bucarest à la romancière mauricienne Ananda Devi pour son roman « Eve des décombres », salue la qualité littéraire de l’œuvre et suggère une plus grande accessibilité du prix aux communautés francophones.
« Le livre d’Ananda Devi est, selon moi, quasiment un chef d’œuvre », déclare Lionel Trouillot à AlterPresse. Cet ouvrage a « une pureté d’écriture et est très moderne », ajoute-t-il.
L’écrivain haitien estime que le roman « Eve des décombres » est bien encré dans la réalité mauricienne tout en s’adressant à l’universel. Ce livre, qui expose les conditions de vie et les rêves de jeunes dans un milieu pauvre de l’ile Maurice actuelle, « parle pour toute l’humanité ».
C’est d’ailleurs, souligne Trouillot, un « caractère fondamental » du Prix des cinq continents, qui récompense de plus en plus des livres qui « parlent d’un lieu imaginaire ou réel ».
Il rappelle ainsi certains des précédents ouvrages primés, notamment « Verre cassé » de l’écrivain congolais Alain Mabanckou, lauréat 2005 et « La Perfection du tir » de l’écrivain francais Mathias Enard, qui traitent du « drame humain ».
D’autre part, cette littérature porte aussi « sur l’individualité, tout en interrogeant des réalités collectives », ajoute Trouillot.
Depuis plusieurs annéees Lionel Trouillot fait partie du jury du Prix des cinq contients, présidé par Henri Lopes (Congo). Le jury compte aussi Lise Bissonnette (Canada-Québec), Monique Ilboudo (Burkina Faso), Paula Jacques (France-Égypte), Vénus Khoury-Ghata (Liban), Jean-Marie Gustave Le Clézio (Maurice), Andréï Makine (Russie), René de Obaldia (Hong Kong), Leïla Sebbar (Algérie), Denis Tillinac (France). Alain Mabanckou, lauréat du prix en 2005, a également fait partie du jury pour l’édition 2006.
Lionel Trouillot souhaite à l’avenir que des mécanismes soient trouvés pour permettre à toutes les communautés francophones d’accéder à ce prix.
Considérant que les livres primés sont proposés au concours par les maisons d’édition, l’écrivain haitien pense que cette condition représente un obstacle pour des écrivains de plusieurs pays, dont Haiti, qui publient généralement à compte d’auteur.
« Il faut trouver des stratégies pour franchir ce genre d’obstacle d’ordre structurel », suggère Trouillot, en invitant l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à aller vers les écrivains dans toutes les régions francophones. [gp apr 25/09/2006 23:00]