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Haïti : Un ensemble de propositions pour régulariser la migration de main-d’œuvre nationale

P-au-P, 19 Sept. 06 [AlterPresse] --- « Proposition pour une politique de gestion de la migration de main-d’œuvre en Haïti », c’est le titre d’un document produit par un Groupe interministériel et intersectoriel, mis en place par les autorités haïtiennes pour le renforcement des capacités d’administration de la migration de main-d’œuvre nationale.

Divisé en trois parties, ce document d’une centaine de pages fait un état des lieux de la migration haïtienne, de la migration de main-d’œuvre et des conséquences du flux migratoire non contrôlé.

Les rédacteurs du document préconisent la mise en branle d’une politique de gestion efficace de migration de main-d’œuvre.

« Il était nécessaire pour Haïti de disposer d’un document d’analyse (…). Je vous assure qu’il ne va pas moisir au fond des tiroirs », déclare le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis lors de la présentation du dit document, ce mardi 19 septembre 2006, à laquelle a assisté un reporter de l’agence en ligne AlterPresse.

Tout en reconnaissant que la migration de main-d’œuvre est une pratique aussi vieille que l’humanité, le chef du gouvernement haïtien remercie les membres du groupe qui ont engrangé les textes traitant de la politique migratoire en vue d’arriver à la réalisation de ce rapport.

« Nous devons reconnaître que l’Etat haïtien n’arrive pas à contrôler le déplacement des Haïtiens à la recherche du travail », dit le Premier Ministre, soulignant ainsi la faiblesse des institutions chargées de réglementer la question.

Tout en estimant que « le rapport, qui vient d’être produit, va dans le sens d’une migration ordonnée et digne », Alexis qualifie d’ « excellente initiative » l’achèvement de ce document.

« La migration haïtienne figure parmi les problèmes les plus importants pour notre organisation », indique, pour sa part, Brunson McKinley, directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont la branche en Haïti a largement contribué à l’élaboration du document dont il est aujourd’hui question.

Ancien ambassadeur américain en Haïti, McKinley, qui prenait la parole à l’occasion de la présentation de « Proposition pour une politique de gestion de la migration de main-d’œuvre en Haïti », insiste sur la fuite de cerveaux qui représente, selon lui, un grand malaise pour Haïti.

« La présence du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis et du directeur général de l’OIM Brunson McKinley témoigne de l’importance de ce document », affirme Carol Joseph, coordonnateur du groupe et actuel Secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation.

Joseph sous-titre ce rapport de « Dokiman tout moun ladan l » (Tout le monde inclus, en français). Selon le coordonnateur du Groupe interministériel et intersectoriel pour le renforcement des capacités de gestion de la migration de main-d’œuvre, ce document devrait servir de « rapport de référence sur la migration de main-d’œuvre haïtienne », devant permettre à tout un chacun d’avoir un outil de travail sur le fait migratoire haïtien.

Carol Joseph souligne à l’attention du chef du gouvernement haïtien qu’il existe des ressources humaines de qualité en Haïti ne demandant que de l’encadrement.

« Les membres du groupe sont capables de réaliser de grandes choses, utilisez-les Monsieur le Premier Ministre », dit-il à l’adresse de Jacques Edouard Alexis.

Le document intitulé « Proposition pour une politique de gestion de la migration de main-d’œuvre en Haïti », rendu public ce 19 septembre 2006 à Pétionville (à l’est de Port-au-Prince), permettra au gouvernement de définir des politiques migratoires et préparer des projets de loi sur le fait migratoire qui seront soumis au Parlement pour les suites nécessaires, promet Jacques Edouard Alexis.

Des statistiques, évoquées par le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis, révèlent un chiffre de deux millions d’Haïtiens vivant en terre étrangère.

La plupart des ressortissants haïtiens, formant ce qu’il convient d’appeler la diaspora, continuent à alimenter la fuite de cerveaux du pays, depuis de longues années, et se retrouvent aujourd’hui principalement aux Etats-Unis d’Amérique, au Canada, en République Dominicaine, dans d’autres pays caribéens (Martinique, Guadeloupe, Guyane française), mais aussi en France. Ces dernières années, Montréal a accueilli comme résidentes et résidents un nombre considérable de cadres en provenance d’Haïti.

Parmi ces ressortissants nationaux, beaucoup, y compris un nombre important de femmes, sont des ressources compétentes et techniques en divers domaines, qui contribuent en parts financières importantes, non seulement dans les pays d’accueil, mais aussi dans leur pays d’origine, Haïti.

A rappeler que le « rapport mondial population 2006 », présenté le 6 septembre 2006 dans différents pays de la planète (y compris Haïti), relève combien important est l’apport des femmes et de la migration internationale dans le développement au XXI e siècle.

« Malgré leurs contributions à la réduction de la pauvreté et à des économies en situation fort difficile, la communauté internationale n’a commencé que récemment à saisir l’importance de tout ce que les femmes migrantes ont à offrir », souligne le rapport mondial population 2006 intitulé « Vers l’espoir : les femmes et la migration internationale ».

Estimées à 95 millions, les femmes migrantes « occupant hors de leurs pays des millions d’emplois » envoient des centaines de millions de dollars sous forme de rapatriements de salaires dans leurs foyers et leurs communautés. Ces contributions régulières des migrantes contribuent à rendre possible une autre qualité de vie, non seulement dans les pays d’accueil, mais aussi dans leurs pays d’origine.

Pour l’année 2005, « ces dernières ont envoyé, par exemple, l’équivalent de quelque 200 milliards d’euros (représentant le double de l’aide publique au développement) dans leurs foyers et communautés pour nourrir et éduquer les enfants, fournir des soins de santé, construire des maisons, améliorer en somme le niveau de vie des familles restées au pays », révèle le bureau d’Haïti de l’OIM. 

Préconisant un combat contre la traite des êtres humains, l’OIM-Haïti demande de parvenir à une protection juridique des femmes migrantes.

« Confrontés au phénomène du vieillissement de leurs populations et pour maintenir leur compétitivité sur les marchés mondiaux, les pays dits développés recourent de plus en plus aux femmes migrantes hautement qualifiées. La condition de femmes moins qualifiées, qu’elles soient employées de maison ou travailleuses agricoles, qu’elles travaillent dans des ateliers ou sur le trottoir, demeure souvent peu enviable tandis que la demande pour leurs services ne cesse de croître », signale l’OIM-Haïti. [do rc apr 19/06/2006 13 :45]