Par Jean-Claude Bajeux du Centre Oecuménique des Droits Humains
Soumis à AlterPresse le 15 septembre 2006
Qui se souvient de Charlot Jacquelin ?
Son fils, né après la disparition de son père, a vingt ans.
Le 19 septembre 1986, un jeune militant, professeur dans une école de Cité Soleil, était emmené par des militaires au commissariat de Cité Soleil, et de là , on perdait définitivement sa trace.
L’armée d’Haïti et le CNG, le gouvernement dirigé par général Henri Namphy, refusèrent obstinément de donner aucun détail sur ce qui était arrivé, sur les raisons de son arrestation comme sur les circonstances de sa disparition. Pendant six semaines, les communiqués, les manifestations, venant de tous les secteurs du mouvement démocratique se heurtèrent au silence des militaires.
Le 7 novembre 1986, convoquée par un collectif de dizaines d’associations, une foule immense défila autour des Casernes et du Palais National, avec des pancartes et photos réclamant qu’on « leur rende » Charlot Jacquelin, Cette foule estimée par la presse à 200.000 personnes n’obtint en réponse qu’une autre disparition, celle d’un jeune canado-Haïtien, disparu aux alentours du Quartier Général de la police, et une fusillade dirigée sur les locaux de Radio Soleil, à l’intérieur du Petit Séminaire Collège Saint Martial.
Le cas Charlot Jacquelin a mis a nu la cassure entre le gouvernement Namphy (CNG) et le mouvement démocratique, entre le pouvoir dictatorial, prolongement du système duvaliérien et la revendication des droits humains, entre le refus de s’expliquer, et l’affirmation du droit de savoir.
Sa disparition et son nom sont devenus le symbole du refus par le peuple haïtien d’un type de pouvoir, le symbole de la bataille pour le respect des droits, en particulier, le droit à la vie, le refus de la torture, le droit à la libre expression.
Port-au-Prince, 15 septembre 2006
Le fils de Charlot Jacquelin, termine cette année ses études secondaires.
Ce mardi 19 septembre 2006, date de la disparition de son père, il organise, à l’église saint Yves de Delmas, à 10h a.m., une réunion du souvenir.
Son adresse email est la suivante : charlotjacquelin2@yahoo.fr
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