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Dialogue de Haut Niveau sur les Migrations Internationales et le Développement

Haiti " souhaiterait travailler de concert avec les pays de destination " de sa population migrante

Intervention de Jean Généus, Ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, à la tribune des Nations-Unies, dans le cadre du Dialogue de Haut Niveau sur les Migrations Internationales et le Développement

Document obtenu par AlterPresse à New-York le 14 septembre 2006

Monsieur le Président,
Mesdames Messieurs les Représentants des Etats membres,
Mesdames, Messieurs

La République d’Haïti salue l’initiative et la vision de l’Assemblée générale des Nations Unies, sous le leadership du Secrétaire général Kofi Annan, d’organiser un Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. Ce faisant, cette auguste Assemblée reste fidèle à sa tradition de plateforme incontournable des grands débats contemporains qui interpellent la communauté internationale.

Le lien entre la migration et le développement trouve une illustration tout à fait significative dans le contexte d’Haïti, source majeure de la migration internationale. Pourtant, là où les impacts positifs de la migration sur les pays de destination sont assez clairs, les bénéfices dégagés pour Haïti sont plus nuancés. En effet, beaucoup reste à accomplir afin de maximiser le potentiel de la migration à contribuer non seulement à la réduction de la pauvreté, mais aussi au développement de notre pays.

La République d’Haïti se satisfait de l’objectif premier de ce Dialogue de haut niveau qui est de débattre des aspects multidimensionnels des migrations internationales et du développement. Le Dialogue se propose aussi de rechercher les voies et moyens appropriés pour extraire le maximum d’avantages du phénomène migratoire tout en réduisant ses effets délétères.

La migration offre l’occasion d’accéder à de meilleures opportunités sociales et économiques, source d’amélioration du bien-être individuel et familial. La migration favorise également l’affranchissement économique des femmes migrantes au sein de leurs ménages où elles jouent un rôle de plus en plus prépondérant. C’est une évolution positive qui mérite d’être soutenue.

La migration contribue également à la réduction de la pauvreté en Haïti à travers les rapatriements de fonds qui rapportent plus de 1 milliard de dollar américains par an, soit plus de 25% du produit intérieur brut (PIB).

Il convient donc, de mieux prendre en compte les contributions de la migration au développement d’Haïti, à travers une série d’actions. Il s’agit d’augmenter les moyens d’entrée légale dans les pays de destination qui ont une grande demande pour la main-d’œuvre migrante, peu ou non qualifiée. Il convient ensuite, de promouvoir la protection des droits et des intérêts des migrants, en l’occurrence les femmes qui sont des catégories plus vulnérables de la population, afin que tous, ils puissent contribuer davantage à l’effort de développement de la République de Haïti.

Il faut également aborder la question cruciale de l’émigration importante et régulière des nationaux hautement qualifiés. Cet exode de compétences constitue à la fois une perte de l’investissement consenti dans le capital humain et une entrave au développement des services sociaux et du secteur privé.

En ce sens, le Gouvernement haïtien souhaiterait travailler de concert avec les pays de destination pour promouvoir les politiques et les programmes qui pourraient encourager les migrants professionnels à contribuer de manière puissante au transfert de technologies, au partage de connaissances, compétences et contacts avec leur pays d’origine.

La République d’Haïti, quant à elle, est pleinement consciente que son développement et la gestion de la question migratoire sont et demeurent sous la responsabilité de son gouvernement. Du reste, et grâce à l’appui technique de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le gouvernement a déjà mis sur pied un groupe interministériel et intersectoriel qui travaille à la formulation d’une politique migratoire en général, et sur la migration de main-d’œuvre en particulier. Haïti va également encourager davantage l’intervention du secteur privé et de la société civile pour capitaliser sur la capacité financière de la diaspora à contribuer au développement du pays.

Devant les insuffisances des mesures unilatérales, le Gouvernement haïtien appelle de ses voeux à un renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale pour arriver à des solutions mutuellement favorables aux pays d’origine et de destination.

Au niveau global, Haïti est favorable au renforcement du Groupe global sur la migration (GGM) et du Dialogue international sur la migration (DIM). Ce dernier qui sert à élargir les discussions par l’inclusion des acteurs importants, telle que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’intéresse de plus en plus à la question des retombées économiques de la mobilité de la main-d’œuvre.

Monsieur le Président de la 61ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies,
Mesdames Messieurs les Représentants des Etats membres,
Mesdames, Messieurs
.

Prenant compte de l’importance et du développement fulgurant des Processus consultatifs régionaux (PCRs), Haïti, pour sa part, ne ménagera aucun effort pour y renforcer à la fois sa présence et sa participation active. A cet effet, le Gouvernement haïtien accueille favorablement les efforts de renforcement de la coopération au sein des Processus consultatifs régionaux ; coopération qui devrait faciliter la participation d’Haïti et d’autre pays clés, sources de mouvements migratoires en vue d’une réduction substantielle de l’écueil de la barrière linguistique, véritable frein à l’intégration.

En dernière analyse, ce Dialogue de haut niveau nous offre à tous : pays d’origine, de transit et de destination, une opportunité historique d’assumer une responsabilité collective sur la question migratoire ! Pour terminer, la République d’Haïti s’honore de la participation massive des Etats à ces assises. Haïti formule vivement le voeu que ce Dialogue serve de catalyseur à un débat moderne et innovant sur une migration internationale respectueuse des droits humains et génératrice de bénéfices mutuels pour les pays d’origine et de destination.

Je vous en remercie !