P-au-P, 14 sept. 06 [AlterPresse] --- Un programme dénommé « retour à l’école », d’un financement de 697 mille dollars américains avec la coordination du ministère haïtien de l’éducation nationale, permet à environ 22 mille enfants des classes fondamentales de retourner en classe pour la rentrée scolaire de septembre 2006 à Cité Soleil, grande agglomération populaire à la sortie nord de la capitale encore sous contrôle de gangs armés.
Quelques 22, 560 kits scolaires, 2395 bancs, 930 bureaux, 930 chaises et 930 tableaux ont été distribués dans 201 écoles de ce vaste bidonville sensible par la branche nationale du Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF), avec le soutien logistique da branche nationale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
L’information est rendue publique, au centre de Port-au-Prince ce jeudi 14 septembre 2006, au cours d’une cérémonie de remerciements, par des dizaines de directeurs d’écoles de Cité Soleil, à laquelle a été conviée la Presse nationale, dont un journaliste de l’agence en ligne AlterPresse.
« C’est la première fois que nous recevons une aide aussi directe », confie un des directeurs d’écoles de Cité Soleil.
Il n’a pas été possible pour les journalistes de savoir dans quelle ambiance fonctionnent aujourd’hui les établissements scolaires à Cité Soleil, ni dans quel contexte la réouverture des classes a pu avoir lieu le 4 septembre 2006 dans ce vaste bidonville à la sortie nord de la capitale.
Prenant la parole au nom des représentants d’établissements scolaires bénéficiaires, venus de ce vaste bidonville réputé fragile en raison de la présence permanente de bandes armées depuis deux ans (2004), un autre directeur d’école, Charles Martin, rappelle l’existence de nombreux enfants à travers les rues de Port-au-Prince qui ne peuvent point fréquenter une salle de classe.
« A Cité Soleil, il y a d’autres besoins. Il y a un besoin de nourriture, les enfants ne peuvent pas aller à l’école sans rien prendre le matin, ce n’est pas commode, c’est inconcevable. Il faut que ces enfants mangent à leur faim. Nous attendons votre aide pour la nourriture des enfants de Cité Soleil », affirme-t-il.
Touché par le cri d’alarme de ce directeur d’école, le représentant de l’Unicef en Haïti, Adriano Gonzalez-Regueral, promet de transmettre ces doléances aux agences des Nations Unies, comme le Programme Alimentaire Mondial (PAM), en vue de voler au secours des enfants de la Cité, devenue interdite depuis plusieurs mois.
Retirer les armes des mains des enfants
« Dans les mains des enfants, il ne doit pas y avoir des armes, il doit y avoir des crayons, des cahiers, des livres », signale Gonzalez-Regueral.
« Il y a encore des milliers d’enfants à Cité Soleil en dehors de l’école. Il faut chercher des fonds pour que le gouvernement puisse donner des ressources à Cité Soleil », souhaite le représentant de l’Unicef – Haïti.
Gonzalez-Regueral a tenu ces propos à l’occasion de cette conférence de presse organisée par les branches nationales de l’Unicef et l’OIM, de concert avec des directeurs d’écoles venus de Cité Soleil.
« Cette distribution a eu lieu grâce à l’Unicef et l’OIM (…) Sans l’aide des autorités de Cité Soleil, on n’aurait pas pu faire cette distribution », assure le responsable de l’Unicef-Haïti.
Simon Endy de l’OIM félicite, pour sa part, les résidents de Cité Soleil qui ont bien joué leur rôle en facilitant la distribution de ces matériels.
« C’est cette communauté qu’on devrait honorer aujourd’hui pour sa participation active au projet de développement », dit-il.
Perspectives d’autres actions éducatives dans d’autres quartiers volatiles de Port-au-Prince
Le délégué de l’OIM-Haïti, à la cérémonie du 14 septembre, en a profité pour annoncer d’autres formes de coopération avec l’Unicef-Haïti, notamment dans le domaine de l’éducation des enfants « dans des zones potentiellement difficiles ».
« Une nation sans éducation n’existe pas. Il faut passer par l’éducation pour avoir une nation, pour avoir le développement économique, culturel et social », estime, quant à lui, le directeur d’école Charles Martin.
Tout en remerciant les organisations initiatrices de ce programme de distribution de matériels didactiques au profit des enfants, Martin signale l’existence d’écoles se trouvant dans des conditions lamentables, des écoles qui doivent être restaurées, des écoles qui doivent être construites.
En appui avec l’OIM-Haïti, l’Unicef-Haïti avait préalablement entamé une initiative similaire (à celle de Cité Soleil) de distribution de matériels didactiques au Bel Air, grand quartier populaire qui fait face au palais présidentiel de la capitale, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
La tâche des fonctionnaires de ces deux organisations internationales n’était pas facile, selon les conférenciers. Sans fournier de détails, Sonia Méus, responsable du programme de distribution, affirme avoir rencontré des difficultés énormes, quoique avoir été accompagnée par les directeurs d’écoles dans la distribution de ces matériels scolaires à Cité Soleil.
L’opération de l’Unicef / OIM, pour toucher les établissements scolaires de Cité Soleil a effectivement démarré par un inventaire en mai-juin 2006.
Sur les 201 écoles fondamentales bénéficiaires dans cette grande agglomération populaire, 40 ont été réhabilitées dans le cadre de ce programme dénommé « retour à l’école », dont l’objectif consiste à étendre une action éducative pertinente dans des quartiers sensibles en vue de réduire la violence.
Les organisations initiatrices disent avoir consenti des débours évalués à 420 mille dollars américains pour les fournitures et le mobilier, et 277 mille dollars américains pour la réhabilitation des écoles en mauvais état. [do rc apr 14/09/2006 14 :26]