La protection des enfants d’Haïti affectés par la violence armée est, à l’heure actuelle, un sujet de grande préoccupation. Tout le monde en parle. De nombreux adolescents en âge de scolarisation ne vont pas à l’école ; d’autres sont recrutés dans des bandes armées ; d’autres encore sont victimes d’individus armés. La branche nationale du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance(Unicef) tire la sonnette d’alarme, pour remédier à cette situation !
P-au-P, 13 sept. 06 [AlterPresse] --- La branche haïtienne du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a organisé, ce 13 septembre 2006, un atelier de travail sur la protection des enfants affectés par la violence armée et le processus de désarmement, de démobilisation et réinsertion (DDR), a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Cette activité, qui s’inscrit dans une logique de soutien au processus national du DDR, ainsi que dans celle de la récente création de la Commission de Désarmement, de Démantèlement et de Réinsertion, a reçu le soutien de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Prenant la parole en la circonstance, le chef civil de la MINUSTAH , Edmond Mulet, fait état de la signature d’un mémorandum entre la mission onusienne et l’Unicef-Haïti pour garantir le plein respect des droits des enfants durant cette campagne de désarmement.
« La violence contre les enfants fait que ces enfants sont victimes deux fois. Ils sont très vulnérables, ils n’ont pas le droit à l’éducation, à la santé, le droit même à jouer. Ils sont exploités par les groupes armés », blâme le diplomate onusien.
Selon Edmond Mulet, le DDR est très important pour la stabilisation du pays, la récupération de la paix et la sécurité en Haïti. Car, a-t-il dit, la création d’un Etat de droit en Haïti est absolument fondamentale pour amorcer un véritable développement dans le pays.
« Nous avons des opérations sécuritaires à Cité Militaire, à Simmonds, à Cité Soleil aussi. Nous voyons des enfants armés, les leaders de gangs sont en train de donner des armes automatiques aux enfants de 10, 12 et 13 ans », soutient le chef civil de la MINUSTAH.
Mulet affirme avoir déjà reçu les requêtes de plusieurs personnes participant dans des groupes armés qui veulent intégrer le DDR. « Nous allons aborder des réunions avec le président de la commission de désarmement pour mettre en place le plan de DDR le plus tôt possible », promet le représentant du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti.
« Au moment où nous parlons des enfants affectés par la violence armée (…), je juge absolument opportun d’attirer votre attention sur les milliers d’autres enfants vulnérables qui sont victimes, de façon quotidienne, de violence, d’exploitation, d’abus et de négligence », indique pour sa part Adriano Gonzalez-Regueral, représentant de l’Unicef en Haïti.
Gonzalez-Regueral est d’avis que la répercussion de cette violence subie par les enfants a des conséquences négatives sur leur santé. A titre d’exemple, il cite le lien qui existe entre la violence armée et la pandémie du Sida, le manque d’accès à l’éducation et l’abandon scolaire pour des raisons d’insécurité et de pauvreté accrues.
« La fin de la violence peut être le levier de changement pour une meilleure vie, un accès accru à la santé et l’éducation de tous les enfants, en particulier les plus dépourvus », pense Adriano Gonzalez-Regueral.
Alix Fils-Aîmé, président de la commission DDR intronisée le 12 septembre 2006, estime quant à lui que la misère encourage la violence, tout en précisant que le coût de la guerre est très élevé et celui de la paix, très exigeant.
« J’ai vu récemment des enfants pauvres manier des kalachnikov, T-65, avec autant de dextérité », raconte-t-il.
« Nous allons travailler avec une vision ferme, une grande détermination et une approche flexible, notamment avec les enfants (…). Cela doit se faire avec l’ensemble de nos partenaires, particulièrement l’Unicef », rassure le principal responsable de la commission de désarmement, démantèlement et réinsertion.
Les participants à cet atelier, sur la protection des enfants affectés par la violence armée, ont pu assister à la présentation d’un documentaire réalisé par le chef adjoint du Comité International de la Croix-Rouge en Haïti (CICR), Jean-Jacques Tshamala.
« Les enfants perdus de Cité Soleil » est un court métrage mettant en vedette les enfants armés opérant dans ce vaste bidonville. Armés jusqu’aux dents, encagoulés, ces enfants avouent avoir déjà donné la mort à plusieurs personnes à l’aide de leurs armes de gros calibre, dont M-1, T-65 et Kalachnikov.
La projection d’un autre documentaire sur « Les enfants soldats, la loi dit non » était figurée dans le programme du jour. Selon Tshamala, le CICR a tourné ces documentaires dans le cadre d’une campagne sur la protection des enfants.
L’atelier du 13 septembre 2006 vise à renforcer les liens de coordination entre les principaux acteurs impliqués dans la protection et la réinsertion des enfants affectés par la violence armée en Haïti. [do rc apr 13/09/2006 13 :30]