Par Camille Loty Malebranche
Soumis à AlterPresse le 7 septembre 2006
Il n’y a de sens que par la liberté et la liberté est le prérequis voire une propédeutique du sens. Car que ce soit le sens comme signification tirée de l’interprétation des causes et conséquences de l’action et des situations ou le sens comme orientation et direction vers une fin, seul un homme vraiment libre peut l’assumer. Vouloir et Choisir les démarches de sa volonté en en projetant sa responsabilité ultime, tout en sachant mesurer et contourner les obstacles du chemin, telle est la pierre de touche de la liberté. L’on comprend alors l’importance de la volonté élevée comme âme du monde qui n’est que représentation déterminée par elle selon Schopenhauer. Parmi les néants habillés d’apparence, effet magique des surenchères illusoires programmées de l’idéologie, l’homme semble être un amoncellement des valeurs factices d’un ordre qui ne connaît que la valeur d’échange. Les volontés, dans un tel contexte, sont dénaturées et le mirage de liberté par le conformisme ou la fausse révolte sévit sauvagement, réduit les hommes en ombres simiesques de l’institution sociale. La liberté est avant tout un attribut ontologique de l’homme. Elle s’enracine dans la capacité de vouloir et d’exprimer le choix volontaire sans être soumis aux manipulations malgré le conditionnement par la culture et le poids de l’environnement social. Dans un monde où les structures provoquent la torpeur des consciences et la quasi aboulie des individus programmés et réifiés [1] dans l’ordre social ploutocratique, il faut une indomptable force de caractère et de recul affirmée et constamment entretenue pour ne pas être qu’un rouage biologique du système fort en cours. Cette volonté forte de caractère et de recul ne s’apprend que par le développement des facultés spirituelles, intellectuelles, morales, corporelles et matérielles de l’homme.
Liberté de la personne humaine
Il n’y a de personne humaine que dans l’occurrence de la liberté sans quoi, l’expression n’est en soi qu’une hypothèse factice. Dans l’absence de toute liberté, l’on a que des individus, des sortes d’animaux humains ou encore pire, de choses anthropomorphes que les rouages des systèmes ont ainsi réduits par toute sorte de procédés d’aliénation. Le social est assez souvent l’autel sacrificiel de l’individu humain, qui enlève tout espoir d’humanisation de la masse servile des individus que la politique des systèmes socio-économiques soumet à l’abnégation forcée voire à l’adoption de leur propre bourreau qu’est la structure sociale et l’ordre mangeur d’homme qu’il impose. Le capitalisme actuel prétend apporter la démocratie au moment même où une petite poignée de milliardaires font tout pour disparaître l’Etat et réduire la société en un marché où tout leur est permis : le profit, les subventions, les anticipations boursières, les délocalisations à grands coups de chantage idéologique sur les bienfaits de l’économie virtuelle qui favorise la croissance économique censée éliminer la pauvreté !
Mais dans une réalité socio-économique où les paradis fiscaux, les travailleurs esclaves des pays de la périphérie font la gloire des magnats de tout acabit, la précarité ou même la pauvreté sont le lot quotidien des « citoyens » ravalés au stade travailleurs et de consommateur, patient économique à qui le bulletin de vote aux élections cycliques, donnent l’illusion de sa citoyenneté. Dans un monde, où la structure efface l’homme-personne pour l’homme-fonction, l’homme-rouage et condamne l’humanité à la figuration comme une figure fossile de l’institution sociale qui - par effet kitsch du langage - ose encore se donner le mot « humaine » comme prédicat, seul une réévaluation du rôle du citoyen dans les sociétés modernes peut redonner un sens à la citoyenneté. Alors que les pilules du droit prétendent enrayer les dommages de l’injustice, l’inégalité on oublie souvent que le droit lui-même est reflet des inégalités sociales et internationales et des servitudes et restrictions des libertés qui s’en suivent. Et dire que le droit aurait dû rendre la société et le monde plus libre par son règne qui parerait aux inégalités par la force de la loi et de son application gracieuse ou coercitive ! Camus avait raison de nous mettre en garde, en nous rappelant que « l’époque romaine fut à la fois celle de la plus grande science du droit mais aussi celle de la plus terrible dictature ». Car justement l’homme n’a pas encore assez évolué pour s’entendre gracieusement et équitablement sur ses conflits, et la force publique à l’intérieur des sociétés comme entre les états (car le conseil de sécurité de l’Onu avec ses sanctions économiques et militaires en est vraiment une à l’échelle planétaire) ne frappe que les petits. Pas de sanction contre le bellicisme tragique des Etats-Unis de Bush ni contre la pollution des puissances industrielles, ni contre les armes à destruction massive des pays riches, ni contre les propagations de maladie comme le sida qui vient de négligence de savants occidentaux ayant utilisé sans précaution des cellules sanguines de singes dans l’homéopathie antipolio… L’hécatombe planétaire vient des grandes puissances de même que le risque de destruction de l’espèce, pourtant elles sont juges au nom du droit international !
Aujourd’hui, l’international nous met en présence des pires discriminations entre états. Il existe de toute évidence, une puissance du privilège qui fait loi et prime tout droit, et qui prouve l’inégalité de droit des états. Le soi-disant débat du nucléaire en est encore une fois probant. Mais aussi le refus des voyous enrichis par les crimes contre l’humanité de l’esclavagisme et du colonialisme, qui se complaisent de voir leurs victimes appauvries de génération en génération, mourir de faim tout en les accusant de gabegie de bons à rien ! Sociodicée facile pour ceux qui jouissent des fruits de la main basse de leurs pères sur la fortune des ancêtres des pays pauvres d’aujourd’hui. Hélas ! Avec l’agressivité aliénée de la racaille, la gangue des « sots savants » que l’on rencontre partout où l’occident leur donne la parole ou l’autorisation académique de parler, les « sots savants » venus des pays quasi détruits et mal famés, gobent et préconisent l’idéologie criminelle du Nord, par complexe d’infériorité et délire d’intégration lors même où ils sont des assimilés venant de ces pays saignant et hémorragique ! Un peu comme tous ces génocidaires et tyrans du Sud qui ont miné leur propre pays en infligeant à leur peuple les politiques à la papa doc ou à la rwandaise génocidaire. Avec la canaille autorisée et allée aux démons de l’asservissement politico-économique contre leur propres congénères, la libération des ostracisés du monde et les rêves de liberté voire d’amélioration du sort des majorités, risquent de piétiner longtemps dans la marge miséreuse de la politique Nord-Sud !
Pour revenir au nucléaire, très d’actualité avec les cas de l’Iran et de la Corée du Nord, posons la question : veut-on dénucléariser le monde ? Certainement non. Juste qu’un quarteron d’Etats asservissant des organismes mondiaux en en faisant leurs destriers idéologiques et autoproclamés « communauté internationale » s’octroient le droit délétère de posséder les armes de destruction massive alors que le reste doit s’en priver. En fait, on aborde mal la question de l’égalité comme corollaire de la liberté car l’égalité est une histoire que l’humanisme idéal se raconte à lui-même. Et Dieu seul sait combien il est facile de manipuler les peuples, de les aliéner même par des demi-vérités, des logiques tronquées aux raisonnements fallacieux ! C’est de l’équité qu’il faut dans les rapports humains et interétatiques. L’équité sait que l’autre est différent et peut-être défavorisé par la nature ou l’histoire, elle se contente, sans juger de la condition de supériorité ou d’infériorité objective de l’autre, de le respecter et lui rendre justice. La justice. Principe de toute liberté, est l’essence même de l’équité, l’ennemi juré du droit officiel avec ses ruses et ses bluffs !
Subvertion du choix ou absence d’options
L’incandescence de la passion rend le lien plus doux que l’immédiate, la fulminante liberté. Au-delà de l’amour interpersonnel, qui fait renoncer l’amoureux à une part de sa liberté, la dignité de l’être humain ne souffre pas de voir limiter sa liberté de conscience, de pensée et d’action en tant que mode de son déploiement existentiel. L’homme a toujours fait de la liberté une question de dignité dont la valeur supplante celle de la vie et pourtant en même temps, ses amours lui ont toujours paru une force supérieure à cette force nourricière des plus grandes révolutions. Vouloir que tout soit sous contrôle autant que possible, est légitime mais le possible de l’homme est tellement limité par l’ici et le maintenant et tellement contingenté par la structure sociale ! L’homme garde, toutefois, toujours le pouvoir de ne pas patauger dans la servilité de la propagande sociale, la sociodicée, ce discours autolaudatif de l’idéologie dominante qui accuse tous les retors et inadaptés à ses monstruosités, de crime et de rébellion, discours insidieux où les maîtres des biens s’autoproclament de manière inavouée, maîtres des vies et des hommes. D’un point de vue métaphysique, le déterminisme nous conduit à croire que la seule liberté de l’homme est le choix de son maître : Dieu ou l’absurde. Mais dans la vie quotidienne où végète l’écrasante majorité de l’espèce, l’émergence de la personne émancipée des chaînes du social, reste utopique. Comme un personnage pirandellien, le drame de l’humanité libérée attend désespérément ses auteurs et metteurs en scène. Le manque de culture dans un milieu où le loisir abêtissant s’est substitué aux vraies questions de société en envahissant l’espace public, finit par asséner sinon son coup de grâce, tout au moins une frappe assommante à l’esprit de notre temps.
Aporie et liberté
Tout est donc pour le mieux malgré le pire des mondes ! C’est ce qui apparaît lorsque je vois le déferlement de la duperie et des niaiseries des loisirs « people » dans la presse, ce guide de l’opinion collective voire de la vision du monde publique. Une main cachée et adroite, celle de l’establishment ploutocratique - la petite poignée oligarchique - qui mène tout, enivre jusqu’à la débilité, jusqu’au délirium tremens d’une civilisation qui se complaît bêtement d’un discours pseudo-analytique, pseudo-critique qui chante les bienfaits du capitalisme contemporain qu’il classe comme indépassable mais qui, en même temps déplore et dénonce pour satisfaire à la conscience intello du petit bourgeois lecteur ou téléspectateur, la grande injustice planétaire et ses mégalomanies sacrifiant le monde à la gloire de quelques-uns : pillage du sud par le Nord, exploitation de travailleurs au sud, délocalisation et chômage au nord, traite de femmes, déséquilibre salarial entre hommes et femmes, tourisme sexuel pédophile, exclusion des majorités de la plupart des acquis technologiques prétendument à la portée de tous, misère et faim même dans les villes les plus riches des pays nantis, famine aux pays dits périphériques, mépris de la santé publique par les tenants de l’agriculture non biologique, leur usage des pesticides, vénalité mercantile de la pharmaceutique dont le souci des brevets et le coût des médicaments excluent du droit aux soins la majorité pauvre des malades et maladie et absence de soins adéquats aux populations privés de médecins et de remèdes…
Tout cela tend pernicieusement à rendre médiocre la perception que le simple citoyen ou individu peut avoir du monde contemporain. Or, nous savons que la candeur et la naïveté, le fatalisme devant l’intraitable et implacable course à l’intérêt et à la domination meut le vaincu ou l’asservi depuis la nuit des temps de l’histoire. L’on sait que la candeur ou le fatalisme de certains amérindiens comme les aztèques, les taïnos et les mayas leur a valu la réification, la disparition ou d’affreux génocides. On est esclave de son ignorance, son absence de défense ! Dans le monde contemporain, l’on capitalise tellement sur la démocratie que l’on finit par dissimuler les vrais enjeux grossièrement ploutocratiques et tyranniques des multinationales, des marchés et de la presse alignée, conçue pour imposer leurs diktats. La facilité d’absorption des loisirs voire des vulgarités, la quête d’émotion de toutes sortes, la libération d’une forme de sexualité qu’il convient d’appeler une érotophilie par images et l’afflux de la demande dans une société de grande solitude où le multimédia et la télévision jouent le rôle de succédanés de compagnie par leur programme prétendant briser les claustrations et solitudes modernes.
« La liberté fut à l’origine gravée dix fois sur les tables de la loi, nous la méritons si peu que le prophète les brisa dans sa colère » disait un rabbin cité par Derrida ! Dans un monde où la vie intellectuelle est recluse par des institutions déversant leurs spécialistes affairistes pour désinformer l’opinion publique, dans un monde où l’insertion crurale de la caméra télévisuelle et les exhibitions fessières sont faites millionnaires alors que le sérieux du débat interrogatif est méprisé par ceux-là à qui il est dédié, l’on comprend que la majorité d’entre nous avec des œillères de horde primitive et agressive masquée en « civilisés », ne méritent guère d’être libres ! Le plus efficace des outils idéologiques, est sans doute la télévision, le narcissisme populacier des acteurs hollywoodiens, le sensationnalisme des hommes de scène populaires, la tératologie, cet univers de monstres, par effets spéciaux, le choix des programmes ayant les meilleurs côtes de popularité : films policiers ou de guerre, terrorisme, épidémies mortelles imminentes, grossissement des parasites menaçant la race humaine, exposition excentrique de la fortune des imbéciles enrichis par une basse société de consommation, idolâtrie des bouffons amuseurs riant des pauvres et des victimes de l’injustice sociale, projets fantasques de coloniser la prochaine planète semblable à la terre, complaisance d’un public de bas étage qui préfère honorer les politiciens, les cossus et les icônes vivantes, les héros fabriqués, les spécialistes vendus, véritables parasites de l’ordre socio-économique mis à contribution de leur enrichissement et leur empire…
Tout cela prouve que dans un monde soi-disant surinformé, où les moyens de communication par la presse et le multimédia sont si présents qu’ils débordent l’univers de l’individu, la désinformation et l’abêtissement par une information dénaturée qui bêtifie, orchestre le pire ennemi de toute liberté : l’Ignorance. On se croirait dans l’ignominie despotique du stalinisme, du soviétisme et du nazisme en peine démocratie ! Le totalitarisme a changé de nom et est devenu souriant. D’autant plus dangereux et plus mortel que nos ignorants se croient informés et autorisés à avoir leur opinion. Hélas ! nous vivons un monde où la démocratie subvertie impose l’opinion publique très majoritaire dénaturée par la presse et bannit la véritable analyse minoritaire qui ose interroger les faits et l’information qu’on nous en donne ! Comme jadis, quand la « doxa » c’est-à -dire l’opinion, est la règle, la connaissance voire l’information véritable devient l’exception. La philosophie l’exprime très bien en différenciant la « philodoxie », semblant de philosophie sans analyse ni quête de vérité ou de propositions de solutions aux problèmes, selon Platon et Kant, de la philosophie proprement dite.
Epopée historico-sociale de la liberté
Si l’on évoque l’idéal au nom duquel tous les grands soubresauts de l’histoire ont lieu, l’on nommera à coup sûr la terrible liberté, cette bannière de tous les mythes et de toutes réalités des prouesses, héroïsmes et révolutions au cœur des sociétés humaines. Concept brûlant, flamme fascinante et psychédélique qui guide l’histoire ! Chaque champ de connaissance ou d’action invente sa vision de la liberté. Le légaliste voit la liberté dans le respect des lois à la manière d’un Montesquieu qui dit : « la liberté est le droit de faire ce que permettent les lois » ; alors que l’anarchiste propose le démantèlement de toutes les lois et institutions, (on se rappelle Bakounine qui voudrait tuer Dieu pour priver tout ordre humain de ce support suprême) ; le croyant voit la liberté dans la foi en Dieu qui affranchit de l’absurde alors que le matérialiste n’accepte que la liberté temporelle sans contraintes ni privations d’ordre matériel ; l’hédoniste proclame l’assouvissement de tous les désirs ; le mysticisme bouddhique nous propose d’atteindre le nirvana en nous libérant du désir qui nous rend esclave du « sansâra » c’est-à -dire le cycle des renaissances des âmes non encore assez évoluées, non prêtes pour ledit Nirvana. Par ailleurs, si l’impermanence ponctue l’absurde existentiel des êtres, l’engagement pour la liberté et la lutte pour la libération constituent une constante de la civilisation et une permanence de l’histoire. Fichte appelle les branches de la philosophie, « les sciences de la liberté » comme si tout questionnement de l’homme dans le monde réfère à ce seul sens possible de l’action humaine. Dans l’humanité abêtie par les idéologues de l’ordre social et économique dominant, on n’imagine même pas un nettoyage radical de la planète. La puanteur et la toxicité des déchets de l’animal humain ayant infecté la terre, est aujourd’hui contournée, banalisée par des prétentions fantasques de coloniser d’autres planètes ! Toujours le syndrome du virus qui caractérise une espèce impropre à son propre bien ou survie ! Détruire et fuir les conséquences de sa destruction. L’ignoble intérêt immédiat l’emporte crapuleusement sur le projet de vie phylétique [2] à long terme. Pour les peuples comme les catégories humaines, la dignité exige une élévation de soi par l’opposition à toute force aliénante et liberticide, opposition à l’oppression et affirmation de soi par la liberté sans laquelle il n’y plus d’humanité mais une ombre réifiée qui mime la vie. On peut certes bricoler des sens factices par toutes sortes d’idéologies, telle celle du marché qui, aujourd’hui, masque la pauvreté voire la misère ontologique de notre temps vide de tout ; on peut travestir les horreurs de la déconvenue des majorités par des promesses de croissance économique de l’Etat, mais le seul acte à pouvoir manifester la face de l’homme demeure celui du sens qu’il appréhende et se donne librement sans le contrôle et la peur de l’autre !
Amis de la liberté, conspuons le petit-bourgeois bureaucrate maniéré et pangloss complexé qui sait exécuter mais ne peut créer et qui croit qu’exécuter les dictées des maîtres du marché peut être un modèle de libération pour les peuples. Eux qui préconisent la charité nationale et internationale au lieu de la justice sociale au sein des pays. Conspuons les tyrans souriants d’une certaine presse-laboratoire de snobs et d’idiots « mal surinformés », dictant et imposant des comportements de mode comme un impératif existentiel et moral. Conspuons l’ordre de la consommation qui assoit le règne du publicitaire dénaturant le réflexif, réinventant jusqu’aux réflexes humains par les spots de l’imagerie et de l’injonction de la réclame. Conspuons le financier et l’économisme boursier, « financiarisme » qui assoit le règne du pdg sans devoir dans la société globale, tenu seulement au profit des grands actionnaires de sa société commerciale et exigeant de l’Etat, la suppression de tout programmes sociaux. Conspuons aussi les larbins répéteurs de l’ordre injuste en cours, eux qui exécutent les programmes sordides de l’idéologie autoproclamée imbattable, et qui proposent le prêt à penser néolibéral comme seul panacée de l’horreur dont le néolibéralisme est proprement l’une des principales causes. Conspuons le sexualisme pathologique et la prostitution masquée qui jouent au féminisme bruyant, à l’homosexualisme tonitruant cherchant audience par l’orientation sexuelle bêtement érigée en vertu, dévalorisant les luttes des gens de ces catégories pour des droits sans exhibition infâme.
Conspuons notre propre passivité, la passivité des opprimés et des victimes laissant faire, car laisser faire est complice de l’entraliénation où le bourreau ploutocratique exprime sa voracité haineuse et où les majorités qu’il appauvrit, accepte voire intériorise bêtement les fausses valeurs de cette ploutocratie tueuse et ennemie de toute démocratie. Et, au bout de ces rejets nécessaires et révoltés, prenons l’initiative, ne nous arrêtons pas à conspuer, mais conspirons-nous par l’action. L’initiative n’existe que par la volonté libre, celle qui n’attend pas les gestes de ceux d’en face, car attendre, c’est être condamné à réagir et ainsi perdre la préséance et la précession du faire et du devenir sur l’ennemi. La fin de l’histoire est une fumisterie des défenseurs stipendiés du capitalisme agressif ; agissons, soyons à l’origine de l’action et par là -même, élargissons notre espace public libertaire ! L’individualisme, loin de renforcer l’individu, le rend vulnérable parce que l’isolant sans le support de la communauté qu’il pourrait contribuer à structurer et dont il se sépare et se prive. Ainsi, sous prétexte de vie privée, on nous isole les uns des autres, alors que le système social détient toute notre vie privée en information dans ses banques de données. Drôle de vie privée ! Alors que les maîtres des structures ont inventé les mégapoles pour atomiser la société, pour gruger et égruger l’individu réduit à sa petitesse individuelle, efforçons-nous de former des groupes de pression citoyens pertinents et efficaces qui échappent aux institutions officielles de la rection sociale, de là , passons à l’action qui libère sans compter sur de faux regroupement tels certains syndicats affairistes d’Amérique du nord, soudoyés et institués pour freiner l’action réellement syndicale et libératrice.
Oui, prenons l’initiative d’être libres en instituant nos propres repères du sens collectif, hors de cela, pas de salut social des majorités exclues dont le sens est voracement exproprié et ravagé par le système socio-économique contemporain, maître d’absurdités au pouvoir !
Montréal, ce 24 août 06
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