P-au-P., 13 sept. 06 [AlterPresse] --- La Table dominicaine de Concertation sur les Migrations exprime ses préoccupations face aux rapatriements constants et massifs d’Haitiens et de Dominico-Haitiens par l’administration du président Leonel Fernandez.
La plate-forme, qui regroupe des organismes non-étatiques de la société dominicaine, indique, lors d’une conférence de presse le 12 septembre, qu’un total de 16.111 Haïtiens et Dominico-Haïtiens ont été rapatriés durant le premier semestre de l’année en cours.
La Table de concertation dénonce les abus enregistrés dans le cadre des rapatriements massifs opérés, « sans garanties juridiques nécessaires », séparant les familles et violant le droit à la nationalité, selon un compte-rendu fait par l’agence EFE.
Les organisations dominicaines rappellent qu’en janvier dernier 24 Haïtiens sont morts asphyxiés dans un camion qui transportait 60 clandestins de Dajabon (Nord-ouest de la République Dominicaine) à Santiago (Nord).
Elles attribuent cette tragédie à « l’absence d’une politique gouvernementale en matière de migration en République Dominicaine ». La réponse gouvernementale au phénomène de la migration haïtienne en territoire voisin est « la déportation immédiate, sans protection des victimes, sans enquête et sans jugement des trafiquants ».
Parallèlement, La Table dominicaine de Concertation sur les Migrations se montre également préoccupée par l’augmentation des voyages clandestins de la République Dominicaine vers Porto Rico et par la discrimination dont souffrent les Dominicains expulsés des Etats-Unis.
Tout comme l’a fait récemment un réseau d’organismes haïtiens et dominicains de défense des droits des migrants, la plate-forme exige le respect par le gouvernement dominicain d’un arrêt de la Cour Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) obligeant à la reconnaissance de la nationalité dominicaine à deux filles d’origine haitienne.
Le verdict de la CIDH, prononcé le 8 septembre 2005, oblige l’Etat dominicain à verser 16.000 dollars comme compensation aux enfants Dilcia Jean et Violette Bosico, nées en territoire dominicain de parents haitiens, pour leur avoir refusé des actes de naissance.
Le tribunal a également condamné la République Dominicaine a payer 6.000 dollars de dédommagement aux trois organisations qui ont porté la question par devant la CIDH.
La CIDH, qui a son siège au Costa Rica, a aussi enjoint le gouvernement dominicain à présenter des excuses aux enfants concernés et à leurs parents.
Un an après, malgré l’intention affichée d’exécuter le verdict de la CIDH, les autorités dominicaines « n’ont rien fait », dénonçait récemment le réseau Jacques Viau, qui soutient que « le statut de migrant d’une personne ne peut se transmettre à ses enfants ». [gp apr 13/09/2006 10:00]