Pancartes en main, femmes et hommes victimes du scandale de coopératives d’épargne et de crédit font monter la pression. Devant le Parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince, ils venaient toutes et tous délivrer un message au commissaire du gouvernement : l’arrestation des dirigeants de coopératives en faillite !
P-au-P, 11 sept. 06 [AlterPresse] --- Ils étaient environ une vingtaine de sociétaires lésés, des femmes et des hommes, à manifester à nouveau, ce 11 septembre 2006 devant le Parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, pour exiger l’arrestation des dirigeants de coopératives ayant fait faillite il a quatre ans, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Pancartes en main, sur lesquelles sont inscrits des messages défavorables à ces dirigeants de coopératives, les manifestants, réunis sous les auspices de l’Association nationale des femmes victimes de coopératives (ANFVC), se déclarent on ne peut plus déterminés à aller jusqu’au bout jusqu’à ce qu’ils trouvent satisfaction.
« Nous venons devant le Parquet aujourd’hui pour demander au commissaire du gouvernement, Me Claudy Gassant, de mettre l’action publique en mouvement contre les responsables des coopératives qui veulent coûte que coûte détourner l’attention des sociétaires victimes », lâche un protestataire, brandissant une pancarte sur laquelle sont érigées deux têtes de morts.
Selon Margareth Fortuné, chef de file de ce mouvement, les « têtes de morts » symboliseraient les responsables des coopératives en faillite.
« Il y a aujourd’hui, un de ces dirigeants de coopératives qui s’érige en maître et seigneur. Nous sommes ici, devant le Parquet, pour montrer notre détermination dans la lutte pour le remboursement des sociétaires », déclare à AlterPresse Margareth Fortuné.
17 milliards de gourdes, c’est la quantité d’argent qui a été volatilisée dans la débâcle des 200 coopératives d’épargne et de crédit (CEC) durant le règne de Jean-Bertrand Aristide. Le gouvernement de transition de Gérard Latortue (mars 2004 - juin 2006) avait consenti des débours en vue de satisfaire certains sociétaires. 45 millions de gourdes ont été dès lors décaissées et les femmes victimes des coopératives en avaient reçu 13 millions.
L’administration René Préval / Jacques Edouard Alexis (deuxième version) compterait s’attaquer à ce problème. Selon Margareth Fortuné, une enveloppe de 100 millions de gourdes – qui serait prévue en ce sens dans le budget national pour l’exercice fiscal 2006 – 2007 - est insuffisante pour rembourser et réparer les milliers de sociétaires victimes de la banqueroute des CEC.
« Ces 100 millions de gourdes sont une pitance, elles ne représentent rien ni ne peuvent satisfaire nos revendications », tonne la responsable de l’Association nationale des femmes victimes de la faillite des coopératives (ANFVC).
Pendant que Margareth Fortuné et ses pairs se réunissaient sur le parvis du Parquet du Tribunal de première instance de Port-au-Prince à la Rue Pavée (centre de la capitale), un petit groupe de sociétaires de Cœurs Unis Coopératives (CUCEC) faisaient la queue devant le siège de cette institution, située non loin du Parquet, pour répondre à une invitation des dirigeants de CUCEC, a observé un journaliste d’AlterPresse.
Sécurisés par des officiers de la Police Nationale d’Haïti (PNH), parmi eux des agents du Corps d’Intervention et du Maintien de l’Ordre (CIMO), les sociétaires étaient très minimes devant le siège de Cœurs Unis Coopératives dirigé par David Chéry, fraîchement de retour dans le pays après trois années d’exil.
Sur les 23 mille sociétaires victimes de l’effondrement des CEC en Haïti au cours de l’année 2002, seulement 27 étaient convoqués ce 11 septembre 2006 par les dirigeants de CUCEC.
« La liste présentée aujourd’hui par David Chéry est truquée, le nom d’une seule personne y figure plusieurs fois », fait remarquer la principale responsable de l’ANFVC, très motivée.
La copie d’une lettre de l’ANFVC, adressée le 18 juillet 2006 au PDG de Cœurs Unis Coopératives, a été distribuée aux journalistes qui couvraient le sit-in du 11 septembre 2006 devant le parquet du tribunal civil de la capitale. Fortuné affirme avoir reçu, à trois reprises, David Chéry à son bureau.
Une liste de 954 sociétaires, incluant les numéros de compte et les montants pour la ville de Port-au-Prince, et une autre de 111 personnes pour la ville de Jacmel (Sud-Est d’Haïti) ont été remises au patron de Cœurs Unis Coopératives, selon la responsable de l’ANFVC. [do rc apr 11/09/2006 15 :55]