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Rapport mondial population 2006 : Rôle des femmes et de la migration internationale dans le développement

P-au-P, 7 sept. 06 [AlterPresse] --- Pour la première fois au sein du système des Nations Unies, le rapport mondial sur la population 2006, présenté le 6 septembre 2006 dans différents pays de la planète, insiste sur l’apport des femmes et de la migration internationale dans le développement au XXI e siècle.

« Malgré leurs contributions à la réduction de la pauvreté et à des économies en situation fort difficile, la communauté internationale n’a commencé que récemment à saisir l’importance de tout ce que les femmes migrantes ont à offrir », souligne le rapport mondial population 2006 intitulé « Vers l’espoir : les femmes et la migration internationale ».

Expression de la problématique de développement dans un monde en mouvement et en voie de mondialisation, le résumé de la situation internationale de la migration pour l’année en cours relève les conditions de danger et de vulnérabilité très forte pour les femmes, notamment en ce qui concerne la traite des femmes, l’exploitation des employées de maison, l’impact sur les pays d’accueil, les implications socioéconomiques de la migration des femmes, l’inégalité des chances (par rapport aux hommes).

« Pour les pays hôtes, le travail des femmes migrantes est tellement inséré dans la trame de la société qu’il passe pratiquement inaperçu ».

Estimées à 95 millions, les femmes migrantes « occupant hors de leurs pays des millions d’emplois » envoient des centaines de millions de dollars sous forme de rapatriements de salaires dans leurs foyers et leurs communautés. Ces contributions régulières des migrantes contribuent à rendre possible une autre qualité de vie, non seulement dans les pays d’accueil, mais aussi dans leurs pays d’origine.

Pour l’année 2005, « ces dernières ont envoyé, par exemple, l’équivalent de quelque 200 milliards d’euros (représentant le double de l’aide publique au développement) dans leurs foyers et communautés pour nourrir et éduquer les enfants, fournir des soins de santé, construire des maisons, améliorer en somme le niveau de vie des familles restées au pays », révèle le bureau d’Haïti de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

Préconisant un combat contre la traite des êtres humains, l’OIM-Haïti demande de parvenir à une protection juridique des femmes migrantes.

« Confrontés au phénomène du vieillissement de leurs populations et pour maintenir leur compétitivité sur les marchés mondiaux, les pays dits développés recourent de plus en plus aux femmes migrantes hautement qualifiées. La condition de femmes moins qualifiées, qu’elles soient employées de maison ou travailleuses agricoles, qu’elles travaillent dans des ateliers ou sur le trottoir, demeure souvent peu enviable tandis que la demande pour leurs services ne cesse de croître », signale l’OIM-Haïti.

Le rapport mondial population 2006 voudrait interpeller la conscience des décideurs de tous les pays, une semaine avant la session (Dialogue de haut niveau les 14 et 15 septembre 2006 à New York) de la 61 e Assemblée générale des Nations Unies consacrée expressément à la migration internationale.

En Haïti, tout en jugeant comme un outil important les éléments contenus dans le rapport, le ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) n’a pas encore indiqué de quelle manière la politique de population nationale sera orientée. Le titulaire du MSPP, Robert Auguste qui participait à la cérémonie officielle de lancement du rapport le 6 septembre à l’est de Port-au-Prince, n’a pas apporté de précisions là -dessus.

Pour sa part, le ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), représentée à la cérémonie du 6 septembre par sa titulaire Marie Laurence Jocelyn Lassègue, rappelle combien les mouvements migratoires ne sont pas neutres vis-à -vis de la question du genre. Le MCFDF plaide pour un changement dans les relations de genre, à travers des stratégies encourageant l’autonomie des femmes (dont celles concernées par la monoparentalité) et leur accessibilité à des emplois plus rémunérateurs, que les travaux domestiques, de restauration, d’hôtellerie, de chaînes industrielles (entre autres), auxquels les migrantes sont généralement confinées.

A noter qu’à l’occasion de la présentation du rapport mondial population 2006 le 6 septembre, des organismes, faisant partie depuis juillet 2000 du Réseau national en population et développement (RNPD) ont exposé les résultats de différents travaux techniques en relation avec la problématique de la population en Haïti. Parmi les thèmes étudiés, figurent « la femme et la migration dans le cadre de la politique nationale de population ; l’émigration haïtienne sur la base des données de recensement de 1970 à nos jours ; l’insertion des femmes migrantes en Haïti » (1).

5 actions proposées par l’UNFPA-Haïti

Intervenant sur le contenu du rapport mondial population 2006, le colombien Hernando Clavijo, représentant en Haïti du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), invite les autorités nationales à adopter un ensemble de dispositions spécifiques.

D’abord, il conviendrait de promouvoir une politique de droits humains axée sur une égalité des opportunités, sans risque, pour les femmes.

Il faudrait aussi adopter des mesures pour éviter l’exploitation, le trafic et la violence faite aux femmes.

De même, des dispositions doivent être prises en ce qui a trait aux services de santé reproductive, comme des actions de prévention contre les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles (dont le VIH-SIDA). De petits projets binationaux existent déjà en ce sens à Ouanaminthe et à Dajabon, à la frontière nord haïtiano-dominicaine.

Parallèlement, les deux gouvernements qui partagent l’île devraient entreprendre, via la commission mixte haïtiano-dominicaine (à remettre sur pied) un dialogue pertinent pour une migration légale.

La cinquième action prônée par l’UNFPA-Haïti consiste à faciliter, voire prioriser la contribution de la diaspora haïtienne en accentuant sur son savoir-faire et ses capacités à mettre au service des institutions publiques et privées. [rc apr 07/09/2006 10 :00]

Notes 1 : Le Réseau national en population et Développement est constitué des organismes suivants : UNFPA-Haïti, Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), Centre technique de planification et d’économie appliquée (CTPEA, Université d’Etat d’Haïti-UEH), Ministère de la Santé Publique et de la Population-Secrétriat d’Etat de la population (MSPP-SEP), Institut haïtien de statistiques et d’informatique (IHSI), Rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti (RUEH), Faculté des Sciences Humaines (FASCH- UEH), Centre en population et Développement (CEPODE, créé en juin 1999), Agence américaine pour le développement international (USAID/Health Policy Initiative).