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Haiti : Malpasse sort de l’impasse – Calme précaire

Collaboration spéciale de Ives Marie Chanel

P-au-P., 7 sept. 06 [AlterPresse] --- Une reprise timide des activités est constatée depuis jeudi dernier 31 août dans le secteur Fonds Parisien – Malpasse- Jimani (Est de la capitale). Un calme précaire demeure, après l’intervention la veille d’une unité de la Compagnie d’intervention et de maintien de l’ordre ( CIMO ), qui a permis à quelques véhicules de se frayer un chemin jusqu’au poste frontalier de Malpasse.

Selon des informations recueillies sur place, la police est intervenue avec fracas et a procédé à quelques arrestations pour tenter de maîtriser les grévistes qui érigeaient des barricades bloquant ainsi depuis plusieurs semaines la principale route transfrontalière du pays .

Fonds Parisien donne toujours l’aspect d’une localité en Etat de siège. Les dernières pluies ont débarrassé la chaussée des cendres. Deux véhicules de la Cimo sont en stationnement permanent à l’entrée principale de la bourgade afin de garantir la libre circulation des véhicules.

Ici et là des policiers conversent entre eux et rient comme si tout était au beau fixe. Des groupes de riverains rencontrés ici et là n’inspirent pas confiance. Ils vous regardent passer avec des yeux hagards.

Cette présence policière est cependant jugée insuffisante par des Haïtiens dont la survie dépend des activités à la frontière. « Nous mourrons tous. Ceux qui font la grève reçoivent de l’argent … Ici nous ne vivons que des frais de services que les passagers et chauffeurs de véhicules privés nous gratifient », soutient un “buscon“. Ce qu’il raconte est repris en choeur par des dizaines d’autres personnes.

Tous ils réclament une plus forte présence de la police car dissent –ils, « des gens se cachent et sortent sporadiquement des bois à plusieurs intersections non contrôlées de la route pour attaquer les véhicules ».

« La police devrait patrouiller tout le secteur et accompagner les véhicules qui veulent se rendre à la frontière. Des individus se cachent souvent à l’entrée de la route de Fonds Verettes ou à d’autres endroits pour lancer des pierres ou forcer les automobilistes à rebrousser chemin », confie un “broker†exaspéré et rongé par la crise.

Au début de cette semaine, les véhicules privés étaient plus nombreux à s’aventurer sur cette route. Les marchandes haïtiennes de vêtements et de chaussures usagers sont présentes à la douane de Jimani.

Le commerce reprend mais se fait d’une autre façon : Voyageurs et marchandises en petite quantité transbordent de Fonds Parisien-Croix des Bouquets à Jimani sur des motos taxis ou des Tap-Tap qui ont repris du service.

Le riz importé d’Haiti, mais considéré comme un produit de la contrebande par les autorités dominicaines, a recommencé à transiter. On ferme les yeux. Il est ici question de survie.

Comment est la situation ? « Mas o menos » dit Marco, un dominicain qui, comme des dizaines d’autres de ses compatriotes, passe ses journées à attendre l’arrivée des véhicules haïtiens.

Le mouvement des habitants de Jimani pour bloquer l’accès de la douane dominicaine aux Haitiens a été de courte durée. Les autorités douanières et celles de l’immigration dominicaines sont toujours à leur poste. Jamais il n’y a eu de fermeture officielle de la frontière comme annoncé dans des medias haïtiens

Du coté haïtien il y a de temps en temps quelques ratés. Devant les bureaux administratifs de la frontière quelques policiers montent la garde. Tout près dans les carrières de sable un seul camion est à l’oeuvre. En face de la chaussée abîmée et recouverte d’alluvions, l’eau bleu du Lac Azeui. Des dizaines de personnes attendent. La journée se termine. Rien à se mettre sous les dents.

L’arrivée d’un véhicule sur la frontière est comme une manne tombée du ciel. Tout le monde se précipite et tente d’attirer les bonnes grâces du chauffeur. On se plaint. On aimerait se tirer d’affaires et sauver ainsi sa journée.

Personne ne sait cependant à quand la fin de ce mouvement de grève qui dure depuis le 10 juillet 2006. Les barricades ont disparu et fait curieux qui annoncera peut etre la fin des « hostilités », les camions qui étaient invisibles dans le secteur recommencent à circuler sur la route. Personne n’ose demander à leur conducteur le motif de leur présence sur la route.

Il est 16.10 on franchit l’entrée déprimante de la Croix des Bouquets avec son Sous Commissariat de police en ruines, un marché public en pleine rue, une station de Tap Tap à l’intersection, une route défoncée et comme plat de résistance ces eaux usées aux odeurs nauséabondes, ces tonnes d’immondices… Bouquet de Bienvenue dans une capitale en décadence. [imc gp apr 07/09/2006 12:40]