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3 septembre, Journée Nationale des Migrants

Garantir la sécurité et les droits socio-économiques de chaque Haitien-ne pour une stabilisation de la population

Communiqué du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR)

Soumis à AlterPresse le 1er septembre 2006

A l’occasion de la Journée Nationale des Migrants, le 3 septembre 2006, le GARR et Sant Pon Ayiti rappellent l’ampleur du phénomène migratoire haïtien et l’urgente nécessité de créer dans le pays les conditions qui garantissent la sécurité, le respect des droits économiques et sociaux de tous les Haïtiens et Haïtiennes pour que ces derniers puissent croire en l’avenir du pays et vouloir y rester.

Selon des sources concordantes, le chiffre des Haïtiennes et Haïtiens vivant loin de leur terre natale, dépasse les 2 millions de personnes. Des communautés haïtiennes se retrouvent partout dans le monde, avec une forte concentration en Amérique du Nord, en République Dominicaine et autres pays de la Caraïbe, mais aussi en Europe, en Afrique et jusqu’en Asie.

Diverses raisons politiques, économiques, sociales, ont motivé les départs de ces Haïtiens et Haïtiennes. Cependant, durant ces trois dernières années, la montée de l’insécurité marquée par des atteintes à la vie, à l’intégrité physique, par des cas de kidnapping associés au paiement de fortes rançons et des viols collectifs de femmes, ont conduit de nombreuses familles torturées dans leur chair, déstabilisées psychologiquement, et ruinées financièrement, à des départs forcés. Ces événements ont donc contribué à faire augmenter les flux migratoire vers d’autres pays, et à priver Haïti de ressources humaines qualifiées dont il a tant besoin pour son développement.

D’un autre côté, cette insécurité multiforme qui jouit de l’impunité totale devient permanente et plonge des quartiers entiers dans le désespoir, créant des cohortes de déplacés-es internes appauvris, candidats-es potentiels vers la migration externe.

Parallèlement, on enregistre aux différents points frontaliers, une affluence de plusieurs milliers de migrants-migrantes rapatriés-es, en guenilles, affamées, battues, humiliées, dépouillées de tous leurs avoirs. Ces personnes sont retournées au pays dans des conditions qui ne font guère honneur ni aux autorités migratoires de l’Etat dominicain, ni aux responsables haïtiens et viennent augmenter la cohorte des candidats à l’émigration. De janvier à juillet 2006, plus de seize (16) mille ressortissants haïtiens et de Dominicains d’origine haïtienne ont ainsi été expulsés-es. Parmi les victimes de ces déportations figurent des personnes ayant résidé en territoire voisin, pendant plus de 15 ans et qui sont retournés en Haïti sans aucune ressource, leurs biens ayant été livrés au pillage, tout de suite après leur départ forcé.

D’autre part, nous constatons que d’un gouvernement à l’autre, la corruption qui gangrène l’administration publique à tous les niveaux continue de faciliter le détournement des fonds de l’Etat, affaiblissant ainsi la confiance des jeunes et diminuant les ressources qui devraient servir à des investissements pour la création d’emplois et la mise en place des services sociaux de base.

A l’occasion de la Journée Nationale des Migrants, ce 3 septembre, le GARR et Sant Pon Ayiti exhortent l’Etat haïtien à garantir la sécurité et les droits économiques de la population en combattant l’impunité, l’insécurité, la corruption ; en veillant sur les intérêts des citoyens-citoyennes rapatriés ; en développant des activités économiques dans les zones de provenance des migrants ; en ratifiant la Convention Internationale sur la Protection des Travailleurs Migrants et leur famille , et en s’engageant dans une gestion effective de la migration devenue une donnée essentielle de notre vie de peuple.

Nous invitons également chaque citoyenne et citoyen, soucieux de l’avenir d’Haïti à tout entreprendre, dans sa sphère d’action, en vue d’apporter sa contribution pour sortir Haïti de ce cycle de migrations forcées et l’aider à reprendre le chemin d’une reconstruction économique véritable pouvant bénéficier à toute la nation.

Port-au-Prince, le 1er septembre 2006

Lisane André
Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés

Chavannes Charles
Sant Pon Ayiti