Oslo, 30 août. 06 [AlterPresse] --- La délégation haïtienne au séminaire haitiano-dominicain sur la paix et la réconciliation, organisé à Oslo par la Norwegian Church Aid (Aide de l’Eglise Norvégienne), préconise la mobilisation de diverses structures à la frontière haitiano-dominicaine et la collaboration entre les deux Etats pour faire face à des catastrophes naturelles.
Cette proposition est issue d’un atelier réalisé le 29 aout sur la gestion de situations d’urgence, avec la participation des membres de la délégation haïtienne, dont des représentants de secteurs étatiques, religieux, professionnels et associatifs.
L’atelier suggère « la mise en place d’un corps de prévention de désastres et de gestion de l’urgence et des sites équipés de moyens logistiques en vue de permettre une réponse rapide aux situations d’urgence, notamment les cyclones, tremblements de terre, glissements de terrain, inondations, etc. »
« Il faut reflechir sur la collaboration entre Haiti et la Rep. Dominicaine en cas de desastre et voir comment rendre possible le partage et la mobilisation de ressources », poursuit la délégation, dirigée par le pasteur Clément Joseph, du Dialogue haïtien des églises.
Faisant un état des lieux de la situation de réponse à l’urgence en Haiti, la délégation haitienne à Oslo souligne que la vulnérabilité du pays s’est aggravée à cause de la dégradation de l’environnement, marquée par la déforestation. « Haiti bénéficie aujourd’hui de moins de 1% de couverture forestière, ce qui fait que la moindre pluie dévaste des régions entières », a-t-elle fait remarquer.
La délégation soutient l’idée d’une approche globale de la situation à travers un « programme intégré » dans la zone frontalière, mettant l’emphase sur « la prevention, la gestion de l’urgence, la rehabilitation et le développement durable ». « Il faut explorer des réponses ponctuelles et des réponses à long terme en mettant l’accent sur l’être humain », ajoute-t-elle.
La proposition se base sur un constat accablant, selon lequel les actions conduites au niveau de l’Etat et d’autres secteurs pour faire face aux catastrophes sont désarticulées et désordonnées, tandis que les responsables étatiques ne font preuve d’aucun leadership en la matière.
« Des structures existent au sein des ministères pour adresser des situations d’urgence, des lieux de refuge sont identifiés, des agents sont formés, des programmes de prevention sont mis en oeuvre par des organismes internationaux, la coordination n’existe pas entre le niveau central et le niveau local », constate la délégation haïtienne à Oslo.
« Le gouvernement n’assume pas le leadership des opérations entreprises et ce leadership est souvent laissé aux institutions internationales », ajoute la délégation.
Les Haitiens présents à Oslo soulignent également des problèmes de communication et de diffusion de l’information sur les catastrophes, des difficultés en matière de ressources matérielles, dont « le manque d’équipements lourds en état de service ainsi que équipements légers et des problèmes d’entretien de l’infrastructure ».
« La protection des bassins versants est essentielle », selon la délégation, qui plaide aussi en faveur d’un renforcement des structures locales de réponse aux situations d’urgence. « Il faut avoir des refuges dans les zones a risque et des ressources formées pour procurer les premiers soins », affirme la délégation.
Les participants à l’atelier sur la gestion des situations d’urgence proposent également la conduite d’un plaidoyer dans les églises, les écoles, les associations et d’autres structures appropriées, en vue de « promouvoir des comportements qui n’augmentent pas la vulnérabilité ».
Outre la question des catastrophes naturelles, le séminaire haitiano-dominicain sur la paix et la réconciliation qui se tient du 29 août au 4 septembre à Oslo, aborde également les thèmes de la prévention de la violence, de la migration et de l’éducation.
Parmi les participants, figurent des élus, des fonctionnaires de l’Etat, des cadres et dirigeants d’ONGs, des responsables religieux, des journalistes haïtiens et dominicains ainsi que des observateurs norvégiens versés dans les questions haitiano-dominicaines. [gp apr 30/08/2006 09:00]