Español English French Kwéyol

23 août, Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

La traite négrière et l’esclavage demeurent " au cœur des questions brûlantes du monde d’aujourd’hui ", déclare Koïchiro Matsuura

Message de M. Koïchiro Matsuura, directeur général de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, 23 août 2006

Soumis à AlterPresse le 22 août 2006

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est une occasion importante de rappeler à la communauté internationale ce que cette tragédie a eu de particulier, les répercussions qu’elle produit encore sur les sociétés modernes et le rôle qu’ont joué esclaves africains et abolitionnistes dans les efforts pour mettre un terme à ce crime contre l’humanité.

La décision de la Conférence générale de l’UNESCO (1997) de proclamer le 23 août « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition » a été prise en réponse au grand intérêt et aux attentes immenses soulevés par le lancement du projet de l’UNESCO baptisé « La route de l’esclave » en 1994. Conscients que méconnaître ou occulter des faits historiques majeurs comme la traite négrière constitue en soi un obstacle à la compréhension mutuelle, à la réconciliation internationale et donc à la paix, les Etats membres de l’UNESCO ont jugé nécessaire d’instaurer une journée internationale de commémoration afin de mieux faire connaître et comprendre cette tragédie. Symbole de la négation des droits les plus élémentaires, la traite négrière et l’esclavage doivent donc être rappelés à la conscience humaine. Par l’exploitation et la violence extrême qui l’ont caractérisée, par les discours monstrueux qui l’ont justifiée et par les interactions paradoxales qu’elle a engendrées, cette tragédie reste au cœur des questions brûlantes du monde d’aujourd’hui. Le rapport à ce passé s’inscrit dans les débats actuels sur la façon de faire face aux souvenirs douloureux, de construire des identités nationales et d’instituer de nouvelles citoyennetés.

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est l’occasion d’une réflexion commune non seulement sur les causes historiques, les incidences et les mécanismes de cette tragédie, mais également sur l’extraordinaire dialogue interculturel entre les peuples auquel elle a donné lieu en Europe, dans les Amériques, les Caraïbes et l’océan Indien - et de fait, dans le monde entier.

Grâce aux précieux conseils et au soutien intellectuel de nos partenaires, en particulier du nouveau Comité scientifique international du Projet La route de l’esclave, l’UNESCO a pu aider de nombreux pays à rouvrir ces pages tragiques de leur histoire pour accomplir leur devoir de mémoire. Nous avons également été en mesure d’aider d’autres Etats à reconnaître les apports considérables des esclaves africains à leur nouvelle société et à célébrer l’exceptionnelle diversité culturelle qui en a résulté. Aujourd’hui, plusieurs pays du monde, dont la France, le Canada, Maurice et des pays des Caraïbes, ont choisi une date commémorative pour réexaminer leur histoire et panser les blessures du passé en vue d’un avenir meilleur.

La reconnaissance du devoir de mémoire à l’égard des victimes d’injustices passées a été considérablement amplifiée par les activités menées dans le cadre de l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition (2004). De même, la célébration, l’année prochaine, du bicentenaire de l’abolition de la traite des esclaves par le Parlement britannique permettra de réaffirmer la nécessité vitale d’éduquer les générations actuelles et futures dans un esprit de compréhension mutuelle, de respect et de dialogue, en favorisant la prise de conscience de la diversité culturelle et des liens qu’elle procure, contribuant par là à jeter les fondements d’une paix durable.