Par Ronald Colbert, envoyé spécial
Ouagadougou (Burkina Faso), 20 mai. 03 [AlterPresse] --- Une vingtaine de représentants de la communauté francophone mondiale ont lancé jeudi à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso en Afrique, la mise en œuvre du système numérique Médiaterre, comme démarche d’information francophone pour le développement durable à présenter au Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) à Genève en décembre 2003.
« Le fossé numérique se pose comme un enjeu de société. Face à l’exclusion économique et sociale, il faut veiller à sauvegarder la réalité multipolaire du monde par la promotion de la diversité culturelle et le pluralisme démocratique. L’éventail des langues sur l’Internet s’est enrichi depuis une dizaine d’années, mais il demeure limité face à la domination persistante d’une langue (NDLR : l’Anglais) », a constaté le marocain El Habib Benessahraoui, directeur exécutif de l’Institut de l’Energie et de l’Environnement de la Francophonie (IEPF).
Benessahraoui s’exprimait devant des représentants de Presse, dont l’agence haïtienne en ligne AlterPresse, à l’ouverture du séminaire « l’information au service du développement durable », organisé à Ouagadougou les 15 et 16 mai 2003, en vue de rechercher une stratégie francophone dans le cadre du processus préparatoire au sommet mondial sur la société de l’Information de la fin de l’année.
Tout en plaidant pour l’utilisation de la langue française dans les négociations internationales, le système Médiaterre tiendra compte des diversités culturelles, notamment de l’apport sur la toile des langues nationales de pays partageant la francophonie. La langue française ne représenterait que 9 % de l’information totale disponible dans « l’Internet de l’environnement », selon une étude récente.
Issu d’un travail collectif sur le fonds francophone d’Inforoutes, le système Médiaterre voudrait approprier les diversités linguistiques et culturelles de la communauté francophone mondiale pour asseoir un espace mondial d’échanges et de coopération, assurer la diversité des informations, renforcer la capacité en matière d’Internet, contribuer à la réduction de l’inégalité d’accès en favorisant les espaces de partenariat régionaux et Sud/Sud. A terme, l’objectif serait de permettre aux exclus de bénéficier des capacités de développement offertes par les technologies.
L’information, comme bien public mondial, sera alors utilisée par le système Médiaterre comme outil essentiel dans la mise en œuvre des forums de discussions et la rédaction de dépêches sur la toile. Différents thèmes seront alors identifiés autour du développement durable sur la planète, pour être diffusés sur tous les supports (traditionnels et électroniques) dans des langues adaptées aux usagers.
Cependant, les participants ont mis l’accent sur la nécessité d’apporter une certaine souplesse au système numérique de Médiaterre, pour ajuster ou mettre à jour les thématiques en fonction des événéments ou des débats de l’actualité internationale.
Evidemment, le système devra tenir compte des avancées technologiques possibles au cours de son opérationnalisation avec les partenaires de la communauté francophone. De même, il faudra envisager d’intégrer, sur la toile de Médiaterre, des informations plus structurées, comme les indicateurs de développement durable et les tableaux de bord.
Au premier jour du séminaire sur « l’information au service du développement durable », les initiateurs de Médiaterre ont expliqué la structure logicielle et les détails techniques relatifs au déploiement du projet en Europe, Afrique de l’Ouest, Afrique du Nord, Afrique Centrale, où le réseau francophone dispose déjà de partenaires. Il manque encore un partenariat avec les Antilles (dont Haïti) et avec l’Océan Indien (dont Madagascar).
La logique adoptée par Médiaterre, qui ne compte pas se substituer aux sites existants, sera l’entrée (saisie) de l’information soit par un portail géographique (régional), soit par un Portail thématique, tandis que la sortie (accès à l’information) se fera par des pages événements, des pages thématiques et des moteurs de recherche (requêtes par thématique, mots clés, dates, rubrique, auteur).
Beaucoup de participants ont formulé des préoccupations quant au pouvoir discrétionnaire des modérateurs qui seront chargés d’accepter ou de refuser une information à poster, suivant la pertinence du sujet abordé et une charte déontologique à établir. Certains participants ont même suggéré d’envisager une structure de recours et de prévoir une procédure pour retirer une information sur un portail.
Les participants ont aussi préconisé d’inclure les financeurs au sein du comité d’orientation international de Médiaterre, parmi un ensemble de questions à trancher : la gouvernance du système, les rôles des instances (comité d’orientation international, comité technique, gouvernance régionale des portails), le choix des partenaires impliqués dans le système, l’organisation des relations, sans oublier la structure financière, les objectifs de renforcement de capacité informatique, la mobilisation d’un réseau de développeurs de logiciels libres.
Un consensus s’est dégagé sur la nécessité d’éviter une lourdeur administrative dans la mise en place du système Médiaterre, mais de toujours insister sur le volet information. En ce sens, le conseil d’orientation assurera le pilotage politique, le comité technique fera le pilotage technique et un cahier de charges sera déterminé en ce qui concerne la gouvernance régionale des portails où l’autoorganisation et l’identification des potentialités devraient être priorisées.
Djiri Dakar, ministre de l’environnement et du Cadre de Vie du Burkina Faso, a déclaré la satisfaction de son pays d’accueillir le séminaire « L’information au service du développement durable », une année avant le X e sommet de la francophonie qui se tiendra en 2004 en territoire burkinabé.
« Les résultats de ce séminaire devraient permettre au Burkina Faso de mettre à jour les initiatives déjà prises dans ce pays : mise en place d’un cadre institutionnel, mise en ligne de l’administration publique, organisation périodique de manifestations sur l’information, mise en œuvre du code de l’information, partenariat national et local sur la question de la désertification, réseau des sites pour le développement durable (RESIDD) », a souhaité Djiri Dakar à l’ouverture des travaux.
La première journée du séminaire, le 15 mai, a été consacrée à la présentation du système de gestion de Médiaterrre, la mise en œuvre du système, les modalités de modalités de gestion et règles de fonctionnement, les principes (charte) de bonne conduite. Parallèlement, des exposés ont eu lieu sur un ensemble de projets sur le développement durable en cours actuellement en Afrique. La deuxième journée le 16 mai 2003 devrait être mise à profit pour dégager des idées sur l’apport francophone au Sommet Mondial sur la Société de l’Information de la fin de l’année. [rc apr 20/05/03 01:11]