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La simulation de kidnapping, une autre forme de banditisme expérimentée en Haïti

Une centaine d’arrestations, dont 82 à Port-au-Prince, cette semaine

P-au-P, 19 août 06 [AlterPresse] --- Plusieurs personnes ont tendance à se faire passer pour des otages ces derniers mois en Haïti aux fins de récolter rapidement de l’argent, révèle ce 18 août 2006 la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

"Cette forme d’enlèvement est en passe de devenir une réalité dans le pays », signale le porte-parole de la PNH, Frantz Lerebours qui mentionne le cas de trois individus impliqués dans le détournement de plus d’un million de gourdes (37 gourdes = 1 dollar américain).

Zidor Alexis, Robenson Althianas et ses complices, étaient chargés par un commerçant d’aller acheter des cartes de recharge pour les téléphones mobiles. Ces individus se sont entendus avec des kidnappeurs pour faire accroire qu’ils auraient été eux-mêmes enlevés.

« La police a récupéré une partie de la somme volée », a indiqué Lerebours. « Ce sont des gens qui utilisent toutes sortes de subterfuge pour faire de l’argent », a-t-il dit.

Des informations obtenues par AlterPresse font état de cas similaires de simulation d’enlèvements enregistrés à Saint-Marc, à 96 kilomètres au nord de la capitale haïtienne. Des habitants, ayant des parents à l’étranger, se sont fait enlever pour pouvoir obtenir des rançons en dollars américains de leur propre famille.

Les cas d’enlèvement sont en nette régression dans le pays durant la première quinzaine du mois en cours, se félicitait le 17 août 2006 le porte-parole de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti, David Wimhurst à l’occasion d’une conférence de presse à Port-au-Prince.

Plus d’une centaine d’individus soupçonnés d’implication dans des actes répréhensibles et de malversation dans le pays ont été épinglés par la police cette semaine, informe par ailleurs le commissaire Frantz Lerebours.

« La police a procédé cette semaine à 109 arrestations : 82 dans l’Ouest, 9 dans le Nord », déclare Lerebours, précisant que « 20 de ces arrestations ont été effectuées pour associations de malfaiteurs (…) 6 pour détention d’armes à feu et 4 pour des cas de kidnapping ».

Parmi les personnes appréhendées, se trouve le présumé chef de gang, James Dorvilliers, frère de Widmaye, un autre gangster emprisonné aux Etats-Unis d’Amérique depuis quelques mois après son arrestation par les forces de sécurité haïtienne.

De lourdes accusations pèsent sur James Dorvilliers, alias Ti James, soupçonné d’implication dans l’assassinat de nombreuses personnalités, dont la veuve de l’ancien Président Dumarsais Estimé, Lucienne Heurtelou Estimé, ainsi que dans l’exécution de policiers.

« Ti James est un repris de justice. Avec son arrestation, les commerçants au centre-ville sont un peu soulagés », estime le commissaire Lerebours, indiquant ainsi que « Ti James était toujours en communication avec son frère Widmaye qui lui demandait de continuer la lutte ».

« Il a fait des révélations fracassantes sur la mort du policier Carlo Edmond et a participé dans le massacre de plusieurs personnes à Grand Ravine », poursuit Frantz Lerebours.

Le porte-parole de l’institution policière a aussi confirmé l’arrestation de Louis Frisnel, dit Arnel Louis, qui tentait de mettre en joue un agent douanier au niveau de la frontière à Malpasse.

Arnel Louis était en possession d’une arme illégale et circulait à bord d’un véhicule immatriculé Service de l’Etat, lorsqu’il a été appréhendé le 14 août 2006 à Fonds Parisien par la police de la Croix-des-Bouquets (nord-est de la capitale).

D’autres individus mêlés dans la piraterie routière ont été capturés par les policiers affectés au Commissariat de Croix-des-Bouquets, souligne Frantz Lerebours.

Sem, dit « commissaire Boulevard », était l’un des présumés bandits recherchés par la police. Selon le porte-parole de la PNH, le cadavre de ‘’commissaire Boulevard’’ a été retrouvé au Bel-Air, il serait exécuté par des habitants de ce quartier de Port-au-Prince.

A la conférence de presse du 18 août, des photographies de Patrick Clervil, également arrêté cette semaine par la PNH, ont été montrées. « Patrick Clervil sait utiliser des armes de gros calibre et se fait toujours passer pour un policier », affirme Lerebours.

Par ailleurs, le porte-parole de l’institution policière dénonce le comportement de certains riverains qui, au lieu d’avoir porté secours à une personne en danger, ont contribué à son exécution. Frantz Lerebours cite le cas du policier Jean Roudy Desronvil, exécuté par des résidents de Delmas 75 lors de l’assassinat de Rudy Guillaume, ex- manager de la formation musicale Mass Konpa.

Desronvil, un agent de l’unité de la PNH dénommé CAT TEAM, avait dans sa poche 600 dollars américains. « On lui a dépouillé de tout, avant de l’exécuter et de l’enterrer », déplore Lerebours.

Les enquêtes sur les circonstances et les personnes impliquées dans cette exécution sont en cours, signale le porte-parole de la PNH ajoutant que des agents de la police scientifique ont examiné le cadavre. [do rc apr 19/08/2006 14:00]