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Haïti-R. Dominicaine : Fermeture du poste frontalier de Malpaso

Suite à des affrontements armés entre grévistes et policiers nationaux

P-au-P, 15 août 06 [AlterPresse] --- Vers 2 :00 PM locales (18 :00 GMT) le lundi 14 août 2006, les autorités dominicaines ont décidé de fermer le poste frontalier de Malpaso, à la suite d’affrontements armés entre grévistes de Fonds Parisien et policiers de la Compagnie d’Intervention et de Maintien de l’Ordre (CIMO), apprend l’agence en ligne AlterPresse.

« Etant donné que les autorités haïtiennes ne peuvent pas rétablir l’ordre dans la partie de la frontière sous leur responsabilité, nous jugeons bon de fermer le point sous notre contrôle », auraient déclaré des militaires dominicains, suivant les propos rapportés par de petits commerçants haïtiens évoluant à Malpasse, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de la capitale.

Vers 3 :00 PM locales, aucune victime n’est signalée dans les affrontements entre des habitants de Fonds Parisien, section communale de Ganthier, et des agents de la CIMO, dont des véhicules auraient été attaqués à coups de pierres.

La tension a monté d’un cran, ce 14 août 2006, dans la localité de Fonds Parisien, près de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine, suite à l’arrestation par la police haïtienne d’un commerçant de la zone, selon les informations communiquées à AlterPresse par des habitants de Fonds Parisien.

L’homme d’affaires Arnel Louis aurait été épinglé dans sa voiture par des officiers de police, alors qu’il revenait de Port-au-Prince. Selon des témoins, cette arrestation a provoqué la colère d’une partie de la population qui a réagi par le lancement de jets de pierre et de tessons de bouteilles à l’encontre des policiers et du Directeur haïtien de la douane de Malpasse, Jeantal Clervil.

Une personne responsable de droits humains à Fonds Parisien a déclaré à AlterPresse que toutes les activités sont paralysées dans ce secteur après cette arrestation.

« La circulation des véhicules est totalement perturbée, les gens lancent des jets de pierre dans toutes les directions », affirme-t-elle.

La grève des camionneurs observée, depuis déjà 36 jours, suit son cours au niveau de la frontière à Malpasse. Les grévistes exigent la mise à pied du Directeur de la douane, dont ils dénoncent le comportement.

Ce mouvement de protestation anti-Clervil aurait reçu le soutien d’une grande partie de la population.

« Quand il vient ici, il se fait toujours accompagner par des policiers, parmi eux des agents de la CIMO venus de Port-au-Prince », signale un riverain.
Les protestataires à Fonds Parisien, qui veulent à tout prix obtenir la démission de Clervil à la tête de la douane de Malpasse, lutteraient pour leur intégration au sein de l’administration publique, suivant des riverains contactés par AlterPresse.

La grève des camionneurs à Malpasse a de lourdes conséquences sur les activités dans la zone frontalière.

« Même les rapatriés sont victimes de cette situation, les chauffeurs de ‘’taxi-moto’’ réclament jusqu’à 250 gourdes [39 gourdes = 1 dollar américain] comme frais de transport », se plaint un autre responsable de droits humains.

Depuis le début de la grève, de nombreux citoyens ont été rançonnés par certains riverains se réclamant du mouvement. Ce mouvement est considéré comme une action de contrebandiers par des commerçants de Port-au-Prince.

Parallèlement, le 10 août 2006, une centaine de personnes ont manifesté à Belladère, au niveau de la frontière, pour exiger leur participation au pouvoir local. Les manifestants ont même tenté de fermer les portes de bureaux publics dans la région. Opposé à cette initiative, un officier de police a été sévèrement agressé suite à l’arrestation de l’un des manifestants.

Cette situation explosive règne à Belladère depuis la nomination d’un autre Directeur à la douane de la région.

Des informations collectées par AlterPresse à la frontière haïtiano-dominicaine laissent croire que les manifestants du 10 août à Belladère seraient, en majeure partie, des partisans et sympathisants de la plate-forme Lespwa du président René Préval et de Fanmi Lavalas, le parti de Jean-Bertrand Aristide. [do rc apr 15/08/2006 22:00]