P-au-P., 11 août. 06 [AlterPresse] --- A défaut de résultats tangibles dans la lutte contre les gangs armés qui endeuillent la population, les autorités haïtiennes multiplient pour le moment des déclarations de bonnes intentions.
Après la sévère mise en garde lancée par le président René Préval aux bandits, c’est au tour du premier ministre Jacques Edouard Alexis de réaffirmer, les 10 et 11 août devant le parlement, la volonté du gouvernement de désarmer tous les détenteurs d’armes illégales.
« Nous ne leur ferons pas de quartier. Nous marcherons contre eux », martèle Jacques Edouard Alexis.
Cependant le premier ministre se montre conscient des faiblesses de la police en terme d’effectifs et de moyens, alors qu’Haïti est sous le coup d’un embargo américain sur l’achat d’armes.
Cet embargo, maintes fois dénoncé par le premier ministre intérimaire Gérard Latortue (2004-2006), a été mentionné par son successeur lors de son audition au sénat.
L’embargo en question a été imposé par le gouvernement des Etats-Unis à la suite du coup d’Etat militaire de septembre 1991. Des exceptions ont permis cependant d’autoriser des transferts d’armes américaines au cas par cas à Haiti, soulignait Amnesty International dans un rapport publié au début de cette année.
Plus de 200.000 armes seraient en circulation dans le pays, selon une étude réalisée en 2005 par l’organisme Small Arms Survey. La plus grande partie de ces armes, soit environ 70.000, seraient détenues par des civils.
« Les armes servent à tuer, mais tout aussi souvent à des attaques à main armée, à des viols, à des demandes de rançon, à des enlèvements et au harcèlement », a fait remarquer l’organisme. « Les actions humanitaires et de développement butent régulièrement sur la violence armée », a-t-il ajouté.
« Soit vous désarmez (...), soit vous mourrez », a sèchement déclaré René Préval le 9 août à l’attention des gangs, voulant donner l’impression de reprendre la main après une rencontre qui se serait tenue la veille avec des bandits notoires, rapportent des médias ; ce qui a suscité de vives critiques dans certains secteurs.
Pour le seul mois de juillet, 85 personnes ont été tuées et 60 autres kidnappées à Port-au-Prince, selon Ronald Larêche, président de la Commission Sécurité publique de la Chambre des députés. [vs gp apr 11/08/2006 18:00]