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Caraïbes-Pétrole : Possible déficit de 900 millions de dollars pour le Venezuela dans le cadre de Petrocaribe

P-au-P, 8 août 06 [AlterPresse] --- L’entreprise vénézuélienne Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA), qui gère le programme Petrocaribe décidé par le gouvernement du président Hugo Chavez en faveur de 15 pays caribéens, pourrait accuser un déficit de plus de 900 millions de dollars d’ici la fin de l’année 2006, tenant compte des modalités de paiement mises en place par les autorités concernées, apprend l’agence en ligne AlterPresse.

Une étude réalisée par d’anciens directeurs de cette institution révèle que le Venezuela fournit à ses voisins 262 mille barils de pétrole par jour à raison de 10.20 dollars le baril.

Des pays caribéens, comme Haïti, Jamaïque, République Dominicaine, doivent payer le baril à 14.71 dollars américains, selon cette analyse publiée le 7 août 2006 par le quotidien vénézuelien El Universal. D’autres pays, comme Cuba, doivent payer jusqu’à 7.40 dollars le baril.

Haïti est devenu officiellement membre du Petrocaribe, le 14 mai 2006, à la suite de la signature d’un accord à Port-au-Prince entre le président René Garcia Préval et le vice-président du Venezuela Jose Vicente Rangel, quelques heures après l’innvestiture de Préval comme nouveau chef d’Etat d’Haïti.

Haïti devait bénéficier de cinq mille barils de pétrole par jour, suivant ce qu’a indiqué, à l’occasion, le délégué du président Hugo Chavez à la cérémonie d’investiture de son homologue haïtien.

C’est seulement en ce début du mois d’août 2006 que le projet Petrocaribe est soumis au parlement haïtien pour ratification.

Malgré la participation d’Haïti au programme Petrocaribe, les prix des produits pétroliers augmentent sans cesse sur le marché national.

Le 4 août 2006, le prix de la gazoline 95 est passé de 200.00 à 209.00 gourdes le gallon (US $ 1.00 = 40.00), celui de la gazoline 91 de 189.00 à 200.00 gourdes ; celui du gasoil de 113.00 à 119.00 et celui du kérosène (encore appelé gaz blanc ou gaz domestique utilisé par la plupart des ménages en Haïti) de 111.00 à 120.00 gourdes.

Cette augmentation serait le résultat de la tendance à la hausse des prix des produits pétroliers sur le marché international. Les conflits armés au Proche-Orient, avec les conflits israélo-libanais et la guerre en Irak, ont aussi leurs répercussions sur les cours du pétrole.

Depuis environ une année, les prix des produits pétroliers grimpent régulièrement sur le marché national. Les gouvernements, qui se succèdent à la tête du pays, invoquent la libéralisation des cours pour justifier leur non intervention.

La hausse systématique du carburant sur le marché haïtien a toujours suscité la protestation des syndicats de chauffeurs et des groupes de pression demandant l’application d’une politique de subvention de manière à prévenir les effets multiplicateurs et la flambée des prix.

Cette nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers, enregistrée à la pompe le 4 août 2006, risque de donner lieu à des conflits entre chauffeurs et passagers, sans compter d’autres incidences comme un relèvement des prix des biens essentiels et des services.

La fin de 2005 et le début de 2006 ont été marqués par des mouvements de protestation des syndicats de transport contre les augmentations à répétition des prix du carburant, consécutivement au renchérissement des cours du brut sur le marché international.

A ceux-là qui pensaient que l’intégration d’Haïti dans le programme Petrocaribe allait faire baisser les prix à la pompe, le président René Préval rappelait que PetroCaribe n’est pas un programme de subvention. Il est de préférence un crédit sur des produits pétroliers à des conditions particulières, a ajouté le président.

Au terme de ce crédit, le Vénézuéla met les produits pétroliers à la disposition du gouvernement haïtien qui les vend au secteur privé au prix du marché, avait expliqué René Préval.

Bref survol historique de l’accord Petrocaribe

C’est le 29 juin 2005 que 14 pays caribéens ont approuvé la proposition du Venezuela de créer le programme Petrocaribe pour garantir le ravitaillement des nations de la région en pétrole, au cours d’un sommet tenu à Puerto La Cruz (est de Caracas) en l’absence d’Haïti.

La déclaration finale officialisant la création de Petrocaribe a été signée par Venezuela, Antigua et Barbuda, Bahamas, Belize, Cuba, la Dominique, Grenade, Guyane, Jamaïque, Sainte Lucie, St-Kitts et Nevis, St Vincent et les Grenadines, Surinam et la République dominicaine.

La proposition n’avait pas reçu le vote de Trinidad & Tobago et de la Barbade, lesquels ont alors argué de la nécessité d’une étude préalable en vue d’une adaptation des différents termes du document à leurs législations respectives.

Le Venezuela, cinquième pays exportateur mondial de pétrole, a proposé la création d’un « arc solidaire énergétique » dans le cadre de l’intégration régionale prônée par le président Hugo Chávez.

Petrocaribe est une initiative du gouvernement du Venezuela visant la création d’une compagnie énergétique étatique des Caraïbes en vue d’éviter un appauvrissement accéléré des économies de la Caraïbe, tenant compte de la hausse du prix du pétrole brut sur le marché international.

Au départ, Petrocaribe a disposé d’un capital initial vénézuélien évalué à 50 millions de dollars destinés à un fonds social pour créer dans les Caraïbes une zone de libre échange commerciale, dans le cadre d’une initiative semblable à l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), prônée comme modèle d’intégration économique de l’Amérique latine, en opposition à la Zone de libre Echange des Amériques (ZLEA), approuvée par les Etats-Unis.

Un Secrétariat exécutif, composé d’un représentant de chaque pays membre et chargé de gérer Petrocaribe, devait se réunir une fois par an.

La création de Petrocaribe est venue compléter les accords de Caracas et de San José, signés en 2000 et 1980, en vue d’approvisionner en pétrole brut vénézuélien les pays des Caraïbes à des conditions préférentielles. [do rc apr 08/08/2006 18:00]