Actualisation : 9 août 2006
P-au-P, 4 août 06 [AlterPresse] --- Plus de 330 femmes et filles âgées de 6 à 67 ans sont victimes de viols, de harcèlements et d’irresponsabilité paternelle dans 4 départements d’Haiti, durant la période allant de janvier à juin 2006, apprend AlterPresse.
Ces personnes ont été reçues dans des centres « Douvanjou », structures d’accueil et d’accompagnement médico-légal et psychosocial des femmes victimes de violences, établies par l’organisation féministe Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA), dans les régions de l’Ouest, de l’Artibonite (Nord), du Sud-est et de la Grand ’Anse (Sud).
Dans le département de l’Ouest, notamment à Martissant (banlieue sud de Port-au-Prince), la SOFA a enregistré 212 victimes. 37 victimes ont été soignées dans l’Artibonite, contre 36 dans le Sud-est et 45 dans la Grand ’Anse.
A Martissant, l’organisme précise que la recrudescence des actes de violence n’a pas permis à ses membres de recueillir toutes les données concernant le mois de juin.
Dans une lettre ouverte envoyée aux diverses instances de pouvoir, dont l’exécutif et le parlement, l’organisation féministe indique que ces femmes et filles haïtiennes sont « victimes de toutes sortes d’abus relatifs à la situation de violence structurelle et politique ciblant les femmes dans la société haïtienne. »
La SOFA salue le courage de ces victimes et en appelle à la responsabilité de l’Etat afin d’enrayer cette violence systématique. Car, soutient l’organisme, l’inaction et le laxisme des forces de l’ordre et de la justice aggravent la situation.
« L’absence d’un cadre juridique adéquat, le silence des responsables de l’Etat, la corruption, l’absence de mécanismes et de structures à travers lesquelles des réponses appropriées seraient données ainsi que la lenteur et le dysfonctionnement de nos institutions cautionnent l’impunité dénoncée par les victimes », écrit la SOFA dans cette lettre ouverte aux instances étatiques.
« Nous avons espoir (...) que ce troisième rapport bilan saura vous interpeller sur les souffrances quotidiennes des centaines de milliers de femmes et sera pris en compte par le nouveau gouvernement », affirme l’organisation.
La SOFA exige l’application du décret du 6 juillet 2005 relatif à la révision des sanctions pénales dans les cas de viol. Elle demande aux Parlementaires de plancher sur les conventions internationales ratifiées par Haïti concernant l’élimination de la violence faite aux femmes.
La SOFA suggère aussi des interventions urgentes contre la circulation illégale d’armes à feu en vue d’enrayer le phénomène de l’insécurité qui ne cesse de prendre de l’ampleur. [do gp apr 4/08/2006 13:00]