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Haïti : " Jugez ou bien relâchez tous les prisonniers politiques ", préconise Amnesty International

Pour la POHDH, la libération de Neptune est entachée d’illégalité

P-au-P, 2 août 06 [AlterPresse] --- Amnistie Internationale appelle le gouvernement haïtien à prendre des dispositions visant la libération de personnes en détention préventive prolongée, dont des proches de l’ex président Jean Bertrand Aristide.

« Les accusations portées contre ces personnes sont d’ordre politique », écrit Amnistie Internationale dans un communiqué transmis le 2 août à AlterPresse.

L’organisme cite les cas d’Annette Auguste, Yvon Antoine, Paul Raymond et Georges Honora. Selon Amnistie Internationale, toutes ces proches de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide sont en situation de détention préventive prolongée, ce qui est le cas aussi de 100 à 2000 autres personnes.

Amnistie Internationale déplore le fait qu’aucune décision judiciaire ne soit jamais prise sur le dossier de ces personnes détenues depuis environ deux ans. « Concernant Annette Auguste, elle a déjà passé 26 mois en prison et la justice recommande de laisser tomber les charges portées contre elle », indique l’organisme international de droits humains.

L’organisme international rappelle toutefois que ces militants lavalas ont été arrêtés pour leur implication présumée dans des exactions sur la population, dont l’attaque perpétrée le 5 décembre 2003 sur des étudiants anti-Aristide à la Faculté des Sciences Humaines.

Après la chute d’Aristide, le 29 février 2004, des activistes et dignitaires lavalas ont été arrêtés pour leur implication présumée dans des actes répréhensibles. Parmi eux figuraient l’ancien Premier Ministre Yvon Neptune et l’ex-ministre de l’Intérieur Jocelerme Privert.

Les deux hommes, actuellement remis en liberté, ont été écroués pour leur responsabilité dans une tuerie qui a eu lieu à Saint-Marc (Nord), le 11 février 2004.

Le 27 juillet dernier, Yvon Neptune, considéré comme un « prisonnier politique » a bénéficié d’une « main levée d’écrou ». Des raisons humanitaires justifient sa remise en liberté provisoire.

Pour la Plate-forme Haïtienne des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), qui s’est prononcée le 30 juillet sur la question, la libération de Neptune est entachée d’illégalité.

« Nulle part dans le Code d’Instruction Criminelle Haïtien, il n’est donné à l’Exécutif le droit de produire une demande de main levée du mandat d’écrou en faveur d’un inculpé pour des raisons humanitaires », indique la POHDH dans son communiqué transmis à AlterPresse.

L’organisme estime que cette libération n’a rien à voir avec une décision judiciaire et est de préférence politique. La POHDH y voit « la volonté du ministre de la justice, donc de l’Exécutif, de l’écarter du dossier de la Scierie, sans qu’aucun jugement ne soit encore prononcé, en dépit du fait que le Ministre a déclaré que l’inculpé est toujours à la disposition de la Justice. »

La Plate-forme invite les autorités judiciaires du pays à se ressaisir et à ne pas continuer à recourir à des pratiques politiques malsaines et déloyales pour émettre des décisions judiciaires. Elle exhorte l’Exécutif à oeuvrer pour l’indépendance du pouvoir judiciaire en évitant d’influencer les décisions des juges.

Selon la POHDH, un système judiciaire libre et fort est une condition indispensable à l’établissement de cette société démocratique et de droit dont nous rêvons tous.

Dans ses premières déclarations à la presse, l’ancien premier ministre d’Aristide a demandé au peuple haïtien de rester à ses côtés pour combattre le mensonge et les abus de justice qui déchirent le tissu social haïtien.

Ces propos de Neptune sont contenus dans une déclaration préenregistrée acheminée aux médias le premier août 2006. [do gp apr 03/08/2006 09:50]