P-au-P., 15 mai. 03 [AlterPresse] --- Amnesty International est très préoccupée par quatre nouveaux homicides commis par la Crime Management Unit (CMU, Unité de lutte contre le crime), qui ressemblent fort à des exécutions extrajudiciaires, a indiqué l’association dans un communiqué émis le 9 mai écoulé. La CMU serait impliquée dans de nombreuses violations des droits humains depuis sa création, en septembre 2000.
« Une fois de plus, la CMU tue dans des circonstances douteuses. Combien de temps encore cette unité de police sera-t-elle autorisée à semer la mort dans le pays avant que les autorités prennent des mesures efficaces pour que la police rende compte de ses actes ? » a déclaré Piers Bannister, chercheur pour les Caraïbes anglophones au Secrétariat international d’Amnesty International, selon les propos rapportés par le communiqué.
Le soir du 7 mai 2003, des membres de la CMU ont tué deux hommes et deux femmes dans le district de Crawle, à Clarendon. Les policiers affirment avoir été pris pour cibles, avoir riposté et avoir trouvé par la suite quatre personnes dans une maison, gravement blessées. Ces quatre personnes sont décédées avant leur admission à l’hôpital.
« Cette affaire ressemble fort à une exécution extrajudiciaire. La version des policiers est vigoureusement contestée par les voisins, qui sont nombreux à témoigner qu’il s’agissait d¹homicides commis par des policiers. Aucune des victimes n’a survécu, même pas jusqu’à l’hôpital. Aucun des policiers n’a été blessé, bien qu’ils prétendent avoir essuyé un feu nourri en arrivant sur place », a précisé Amnesty International.
Citant des médias jamaicains, Amnesty International a fait savoir que la fille de l’une des femmes, âgée de huit ans, a été expulsée de la pièce avant que les policiers n’abattent sa mère.
Ces faits récents ressemblent de manière frappante à l’homicide des sept jeunes gens commis par la CMU à Braeton, en mars 2001, a souligné l’association internationale de défense des droits humains. Le substitut du procureur général (DPP, Director of public prosecutions) n’a toujours pas rendu sa décision quant à une éventuelle inculpation des policiers impliqués dans cette affaire, malgré des éléments accablants prouvant que ces jeunes gens ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires.
« Les autorités doivent faire en sorte que les responsabilités pour ces quatre homicides soient promptement établies », a souligné Piers Bannister.
En 2002, 133 personnes ont été tuées par la police, selon des chiffres d’Amenesty International. [gp apr 15/05/03 20:00]