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Crime contre l’humanité, dérive discriminatoire du Canada

Débat

Par Camille Loty Malebranche

Soumis à AlterPresse le 28 juillet 2006

(Ehud Olmert l’israélien versus le cas d’Alexis et des accusés haïtiens)

Sans présenter d’excuses malgré le farfelu de ses déclarations diffamatoires, et avec un dédain frisant le racisme, racisme masqué d’allégations jurisprudentielles et d’une promptitude indécente à accuser les personnalités des pays de la périphérie des pires forfaits, l’actuel gouvernement du Canada, dérive cyniquement et tristement dans la discrimination. Le Canada, ce pays pourtant traditionnellement si digne dans ses positions diplomatiques et son opposition au bellicisme, qui, d’il y a quelque mois, a donc choisi inconsidérément de s’acharner sur de respectables citoyens et dirigeants haïtiens pour un improbable crime contre l’humanité, nous prouve aujourd’hui à l’occasion du crime évident des sauvages frappes d’Israà« l sur la population civile de Beyrouth, son option pour une politique extérieure à double face.

D’abord, il faut se rappeler que c’est précisément l’actuel gouvernement du premier ministre Harper qui, avec pompe, au nom d’un prétendu grand respect de la personne humaine, a refusé l’entrée au Canada au premier ministre haïtien Jacques Edward Alexis et d’autres personnalités haïtiennes, tel le cardiologue Rudolf Malebranche, coupables selon le gouvernement canadien, ni plus ni moins de la plus terrible et infamante forfaiture : le crime contre l’humanité.

Dans la foulée de ces accusations oiseuses où il est question d’une moyenne puissance économique, d’un pays du nord qui insulte des dirigeants du sud, le droit n’est qu’un prétexte et une lubie pour assouvir le pouvoir et les prérogatives du Canada sur Haïti. Car en fait, l’un des attributs du pouvoir suprême, pouvoir du dominateur, n’est-il pas le privilège de déterminer le sort des autres, les dominés ?

à€ l’intérieur des nations comme entre elles, le véritable pouvoir s’assouvit dans la prérogative d’accuser, de faire juger et éventuellement d’arriver à la mise à mort des victimes du délire d’autorité des puissants. De toutes façons, accuser fragilise l’accusé, surtout lorsque l’accusateur a bonne presse ! Une presse complaisante envers les puissants, souvent propagandiste et soudoyée, au service des riches !

Pour preuve de cette justice nouvelle d’un occident auteur des pires crimes et hécatombes de l’histoire, de l’ethnocide et des génocides directement au passé et par pays et institutions interposées au présent, les Etats-Unis, parce que suprême détenteur du pouvoir économique et militaire, rejettent toute reconnaissance de la Cour Internationale de l’Onu habilitée à juger les dits criminels contre l’humanité ! Intéressant, n’est-ce pas, qu’une nation et que des individus soient carrément au-dessus de la bonne justice planétaire !

Revenons au statu quo international, aujourd’hui, l’agression criminelle israélienne par le bombardement de milliers d’innocents libanais vilement appuyée par le Canada dans son soutien à la politique belliciste et exterminatrice du premier ministre Ehud Olmert, prouve la ridiculité de la soit disant position canadienne pour le droit et démasque l’irrespect des états sans force économique par un nord qui mesure la justice à l’aune de l’économie, au gré fantaisiste de la ploutocratie et de ses puissants lobbies.

Le triste dans cette galère diplomatique, est que le monde devient de plus en plus une jungle que justifie un légalisme bidon orienté seulement vers l’écrasement et la soumission des petits ; et que le prestigieux Canada que tous nous admirions, s’aligne mollement aux ploutocratiques légèretés discriminatoires Nord-Sud sans tenter de sauvegarder ce qui a toujours fait sa gloire et sa crédibilité dans le monde.

Logorrhées internationales sur le crime contre l’humanité et insécurité en Haïti

Au-delà de l’avanie nationale et internationale que constitue l’accusation des personnalités haïtiennes du gouvernement, la fantaisie qu’est devenu le vocable de crime contre l’humanité dans un occident nouvellement passionné de justice et d’équité, et qui le crache sans nuance ni bon sens, engendre une faiblesse des petits états en proie à l’action des bandits armés et du crime organisé qui se frottent les mains sachant que toute réplique par les armes d’un gouvernement en place risque de faire qualifier les membres de ce gouvernement de criminels contre l’humanité.

Le cas d’Haïti, dans l’actuelle conjoncture est probant. Car en fait, le gouvernement canadien accepterait-il que des malfrats armés jusqu’aux dents opèrent en pleine rue dans ses villes - ravissant et assassinant des policiers chaque semaine, enlevant des enfants, des femmes et des hommes qu’ils torturent et tuent, bloquant toute vie sociale et économique dans les métropoles - sans réagir par les armes afin de soumettre les criminels sans cela imprenables et d’amener les survivants devant la justice ?

Quand je considère la fièvre que l’assassinat d’un simple policier canadien déclenche dans tous les secteurs solidaires de la société quand il survient, je me dis qu’il y a une mauvaise foi qui s’apparente même à un complot contre la société haïtienne par nos soit disant pays amis. Peut-être qu’à leurs yeux, le meurtre d’un citoyen haïtien relève des prérogatives des voyous meurtriers qui ont tous les droits d’user des armes à feu les plus tueuses, alors que l’Etat haïtien devient irrespectueux des droits de l’homme voire criminel dès que les responsables de l’Etat, le gouvernement, utilisent la force publique et sa juste violence, ce pouvoir qui est censé être justement la prérogative exclusive de l’Etat au nom de la nation, pour protéger la société et le citoyen, garantir l’ordre et le fonctionnement du pays.

Enfin, nous sommes en plein non sens d’un monde devenu chasse gardée des caprices d’une poignée de dirigeants du nord sans respect des peuples du sud, éhontés au point d’afficher au grand jour leur mépris du sud et des principes d’équité lors même où ils évoquent le droit international qui doit être même et unique pour toutes les nations et individus qu’il prétend juger au nom de ses vœux d’une justice planétaire sans quoi il n’est que fumisterie !

En attendant, Jacques-Edouard, Rudolf et tous les Haïtiens injustement humiliés et traînés dans la boue des dénigrements et méprises d’une jurisprudence canadienne de droit divin, peuvent narquoisement en rire, vu les allures désopilantes de l’actuelle diplomatie discriminatoire et d’oracle de l’injustice planétaire du nouveau gouvernement canadien en ces temps de bombardement de Beyrouth par le riche gouvernement d’Ehud Olmert.

Montréal, le 24 juillet 06
Contact : aecmill@yahoo.fr