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Haïti-Justice : La libération de Neptune jugée " scandaleuse et choquante " par la partie civile

P-au-P., 28 juil. 06 [AlterPresse] --- L’avocat de la partie civile, Me. Samuel Madistin, qualifie d’« extrêmement scandaleuse et choquante », la libération provisoire, le 27 juillet 2006, de l’ex-premier ministre Yvon Neptune, inculpé depuis plus de deux ans pour son implication présumée dans le massacre de la Scierie à Saint-Marc (Nord), le 11 février 2004.

« La justice a, une fois de plus, été domestiquée. Le 13 juin 2006, la cour d’appel des Gonaïves [NDLR : à 171 kilomètres au nord de la capitale] a rendu un arrêt rejetant une demande de main levée d’écrou, contestée par la partie civile. Aujourd’hui, il est inconcevable que la même cour (les mêmes juges, dans la même affaire), rende une ordonnance contraire », déplore Madistin dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.

La cour d’Appel des Gonaïves outrepasse le principe, selon lequel les cours et tribunaux sont liés par leur décision, selon Madistin qui affirme qu’ « on ne libère pas un inculpé, parce qu’il est malade, on le transfère à l’hôpital sous supervision des agents de l’Administration pénitentiaire nationale (APENA) ».

En attendant, la partie civile dans l’affaire du massacre de la Scierie déclare attendre l’arrêt définitif de la cour d’appel des Gonaïves avant de produire ou non une action auprès de la Cour de Cassation, la plus haute instance judiciaire d’Haïti.

Suivant un décompte effectué par la partie civile, plus d’une cinquantaine de personnes avaient été tuées et plus d’une soixantaine de maisons incendiées à la Scierie (Saint-Marc, à 96 kilomètres au nord de Port-au-Prince), par des partisans de l’ancien régime lavalas, deux semaines avant la chute de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004.
Cependant, la Mission des nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) accueille favorablement la remise en liberté de Neptune, en détention provisoire depuis juin 2004.

« La MINUSTAH était préoccupée depuis un temps considérable de la détention prolongée de Neptune et avait exprimé ses inquiétudes au plus haut niveau, tant du gouvernement de transition que du nouveau gouvernement », lit-on dans un communiqué daté du 27 juillet 2006.

« L’état de santé de Neptune, qui a dramatiquement décliné durant sa détention, demeure sérieusement préoccupant. Il est en ce moment sous la supervision médicale des équipes de soins des Nations Unies en Haïti et le restera jusqu’à ce que son état de santé lui permette de retourner dans sa famille », conclut la note de la mission onusienne.

Yvon Neptune a laissé l’annexe de la prison civile de Port-au-Prince, plus connue sous le nom de pénitencier national, le jeudi 27 juillet 2006, à bord d’une ambulance de la MINUSTAH, en présence du directeur de l’APENA, Marc Wilkens Jean, et au milieu d’un imposant dispositif de sécurité composé d’agents onusiens et de membres de l’administration pénitentiaire.

Des raisons humanitaires on été évoquées par les responsables de la justice pour relâcher provisoirement le 27 juillet Yvon Neptune, ex-premier ministre du régime lavalas et ancien président de la 47e législature. La santé de Neptune, qui a été arrêté le 27 juin 2004, s’est détériorée au fur et à mesure d’une grève de faim qu’il prolongeait régulièrement pour exiger sa libération sans conditions. [lf rc apr 28/07/2006 12:00]