P-au-P., 25 juil. 06 [AlterPresse] --- Les bailleurs de fonds internationaux ont promis une enveloppe de 750 millions de dollars américains au gouvernement haïtien pour la période allant d’août 2006 à septembre 2007, ont annoncé les autorités haïtiennes à l’issue de la conférence internationale pour le développement économique et social d’Haïti, tenue à Port-au-Prince le mardi 25 juillet 2006.
L’annonce a été faite par le coordonnateur technique du comité de pilotage de la conférence des bailleurs, l’ancien ministre Anthony Dessources, lors d’une rencontre avec la presse, peu après la conférence.
Le premier ministre Jacques Edouard Alexis a interprété l’engagement de la communauté internationale comme un succès, du au fait que les demandes du gouvernement pour l’exercice fiscal 2006-2007 ne totalisaient que 540 millions de dollars.
« Nous sommes très heureux », a affirmé le chef du gouvernement.
L’administration du président René Préval envisageait pourtant de défendre auprès de ses partenaires internationaux des projets de l’ordre de 7,1 milliards de dollars américains pour la mise en place de « grands chantiers » au cours des 5 prochaines années.
Alexis a expliqué que « nous avons essayé de chiffrer notre vision » avec les 7 milliards de dollars projetés sur 5 ans.
« Nous pouvons dire que le résultat de la conférence internationale est un compromis des donneurs à respecter les priorités que nous avons définies nous-mêmes et à accompagner l’équipe haïtienne dans la préparation de dossiers bancables », a expliqué Alexis.
Alexis a, en substance, affirmé que les différentes délégations étrangères, plus d’une trentaine, doivent discuter de la demande haïtienne avec leurs gouvernements ou leurs organismes respectifs.
A propos des 750 millions promis, ils devront contribuer à la mise en œuvre du plan d’apaisement social du gouvernement. Dans le cadre de ce plan, Alexis compte se pencher sur les cas d’employés révoqués dans l’administration publique durant les 2 dernières années, les cas d’arriérés de salaires, les cas de militaires démobilisés ainsi que des projets d’infrastructures dans les 140 communes du pays.
« Nous allons avoir la possibilité d’aller plus loin avec ce programme », a déclaré Alexis.
A l’ouverture de la conférence, Le premier ministre haitien avait estimé qu’Haiti se trouve maintenant à « un nouveau point de départ », dans le cadre de la mise en œuvre d’un « projet de société démocratique, inclusive et égalitaire ».
Le président de l’assemblée nationale, Joseph Lambert, a salué l’« élan de solidarité » qui se manifeste envers Haiti au niveau de la communauté internationale.
Le chef civil de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH), Edmond Mulet, a affirmé que l’appui de la communauté internationale dans les mois et années qui viennent « sera essentiel pour permettre à Haiti de s’engager définitivement sur la voie du développement économique et social, du renouveau des institutions démocratiques et de la bonne gouvernance ».
Le chef de la MINUSTAH a plaidé en faveur d’un « soutien rapide et flexible » au gouvernement, qui doit faire face à des « défis », en ce qui concerne la situation socio-économique catastrophique du pays.
Avant l’annonce fianle de la rencontre, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, avait invité les bailleurs de fonds à « annoncer des contributions généreuses, en appui aux priorités nationales, y compris l’aide budgétaire directe ».
La conférence s’est déroulée avec la participation de nombreuses délégations étrangères, dont les plus importants partenaires internationaux d’Haiti, dont la Banque Interaméricaine de Développement (BID), la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation des Etats Américains (OEA), la Communauté Economique de la Caraïbe (CARICOM) et l’Union Européenne (UE).
Le secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin, a estimé qu’après les dernières avancées politiques enregistrées en Haiti avec les dernières élections, les « réels défis » apparaissent maintenant, « en termes de maintien d’un environnement de paix, de sécurité (et) de stabilité ».
Le président de la BID, Luis Alberto Moreno, a soutenu que « tous les efforts doivent être déployés afin d’appliquer des procédures correctes, flexibles et d’éviter des duplications ».
Des membres de la société civile, des représentants de partis politiques, d’organismes de défense des droits humains et d’organisations féministes ont également assisté à la conférence.
Une quinzaine de militants des mouvements sociaux ont organisé en milieu de journée un sit-in à l’entrée de l’hotel où se tenait la conférence, à Juvénat (périphérie est), pour exiger l’annulation de la dette externe d’Haïti.
Un important dispositif de sécurité a maintenu les manifestants à distance. Des militaires et policiers de la Mission des nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) et des agents de la police haïtienne en nombre imposante, ont assuré la sécurité du siège de la rencontre. [lf gp apr 25/07/06 20:00]