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Haïti - Coopération : René Préval présente les priorités immédiates de son administration au président de la BID

P-au-P, 25 Juil. 06 [AlterPresse] --- Le président René Préval a déclaré lundi soir (24 juillet 2006) avoir présenté les priorités d’Haïti à la Banque Interaméricaine de Développement (BID) à l’occasion d’une réunion de travail avec une délégation de cette institution bancaire régionale.

« Nous avons réaffirmé que c’est Haïti, avec l’aide des bailleurs, qui doit définir ses priorités, et ils se sont réjouis du fait qu’Haïti soit en mesure de dire ce qu’elle veut exactement », a indiqué René Préval lors d’une conférence de presse au Palais National.

Le chef de l’Etat haïtien, qui estime que la BID est un partenaire important d’Haïti, croit qu’ « elle restera un grand bailleur parce qu’elle augmentera au fur et à mesure son aide à Haïti. »

L’infrastructure routière, l’électrification du pays, les télécommunications sont les plus grandes priorités de l’administration Préval, présentées à la délégation de la BID conduite par son président Luis Alberto Moreno.

Outre ces priorités définies sur le long terme, Préval affirme que l’éducation, la sécurité, la santé, l’agriculture et le tourisme, entre autres, sont aussi importants. « Mais, tout cela est lié à une condition : il faut des routes ; si les agriculteurs n’ont pas accès au marché et les touristes aux sites à visiter, il n’y aura pas de développement économique dans le pays », précise le chef de l’Etat.

Préval renouvelle sa volonté d’ « inclure les différents partis politiques, le Parlement et la société civile pour qu’ils s’approprient ce plan de développement », élaboré pour une période de 25 ans.

René Préval a fait ces déclarations à quelques heures de l’ouverture à Port-au-Prince de la Conférence Internationale pour le Développement Economique et Sociale d’Haïti à laquelle participent de nombreux représentants d’institutions de financement internationales.

Pour sa part, le président de la BID a constaté une amélioration dans l’assiette fiscale d’Haïti et dans la condition de sécurité du pays. Moreno a indiqué également que la question de la réduction de la dette externe d’Haïti est à l’étude dans le cadre d’un Fonds d’Opérations Spéciales pour les pays les plus pauvres de la région.

L’annulation de la dette externe d’Haiti est souhaité par Préval. Cette question préoccupe aussi de nombreuses organisations nationales et internationales. La Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), le Mouvement Démocratique et Populaire (MODEP) et Jubilée Sud, mènent une campagne nationale et internationale en vue d’obtenir l’annulation immédiate et sans condition de la dette externe du pays.
« La BID est un acteur important pour Haïti, 59% de déboursement des sommes allouées à Haïti viennent de la BID », a souligné Luis Alberto Moreno. Cette institution détient en Haïti un portefeuille de 525 millions de dollars et prévoit de décaisser 100 millions pour l’année en cours.

Moreno pense que « dans les 18 mois à venir, la BID pourra arriver à débourser une somme de 225 millions de dollars » pour investir dans les secteurs du transport, de l’électricité, de l’eau potable et de l’assainissement dans les communautés rurales, le développement des filières de production rurales et dans la gestion de ressources naturelles dans les bassins hydrographiques.

« Je suis convaincu et je crois que ce nouveau gouvernement est capable de poser les bases économiques et institutionnelles pour atteindre le développement durable et réduire la pauvreté », a soutenu Luis Alberto Moreno.

Dans les échanges avec les journalistes, dont un reporter d’AlterPresse, le chef de l’Etat haïtien a expliqué la décision de son équipe de prioriser la construction de routes dans le pays. René Préval croit que pour arriver au développement d’Haïti, il faudra un maillage routier national et la BID est partie prenante dans cette initiative.

« Les chiffres qui seront annoncés, ce n’est pas le plus important, c’est la compréhension mutuelle, la confiance mutuelle des bailleurs de fonds qui est le plus important », a précisé le chef de l’Etat.

Préval, qui a appelé à une harmonisation des actions des bailleurs dans la procédure d’exécution des projets qu’ils comptent financer en Haïti.

« Du côté haïtien, il faut un effort de communication pour dire ce qu’on va faire. Un fonds est débloqué, mais vous devez dire ce qu’on va faire avec », a estimé René Préval.

« La faible capacité d’absorption de l’Etat haïtien explique bien le retard dans les décaissements, il y a des prêts qui ont été approuvés quand j’étais Premier Ministre [ndlr : sous la première administration de Jean-Bertrand Aristide en 1991] et qui ne sont en train d’être décaissés que maintenant », a-t-il signalé. [do gp apr 25/07/2006 08:00]