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Conférence des bailleurs 25 juillet

L’Union européenne renouvelle sa détermination à soutenir les infrastructures en Haïti

P-au-P, 24 juil. 06 [AlterPresse] --- Quelques heures avant la rencontre du 25 juillet à Port-au-Prince, l’Union européenne (UE), l’un des principaux bailleurs de fonds du pays, se déclare disposée à engager un effort particulier dans le secteur des infrastructures, pour répondre aux souhaits de l’actuelle administration politique.

« Bien que la Commission Européenne soit décidée à rester active dans plusieurs domaines, elle prévoit pour le futur un effort particulier dans le secteur des infrastructures et est actuellement en train d’étudier la faisabilité de plusieurs projets sur tout le territoire national », indique l’UE dans un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Dans ce communiqué qui relate la visite du Directeur Général du Développement de la Commission Européenne dans le Nord et le Centre du pays les 22 et 23 juillet, la délégation en Haïti annonce qu’une proposition de financement pour les 50 kilomètres de la route nationale #3, de Mirebalais à Hinche, dans le Plateau Central, est en voie de finalisation, en plus des travaux de réhabilitation déjà en cours sur les 45 kms du tronçon de route Port-au-Prince / Mirebalais.

« Dimanche 23 juillet, la délégation de la Commission européenne a visité un projet de développement rural financé par l’UE à Hinche. Comme dans le Nord/Nord-Ouest, l’UE soutient une stratégie de développement intégré dans le département du Centre. Ces projets d’infrastructures sont accompagnés par plusieurs activités dans d’autres domaines, dans un effort conjoint de désenclavement du plateau central et d’exploitation de son potentiel agricole ».

Avant de diriger la délégation de la Commission Européenne aux travaux de la conférence des bailleurs de fonds le 25 juillet, l’italien Stefano Manservisi a parcouru, le 22 juillet, les 75 kms de la route nationale 6, de la ville frontalière de Ouanaminthe jusqu’au Cap-Haïtien.

« Inaugurés au mois de mars [2006], les travaux de réhabilitation de cette route, d’un montant total de 40 millions d’euros financés par le fonds européen de développement, ont déjà permis de réduire le temps de parcours de 3 à 2 heures et de rendre la route carrossable en tout moment », informe la délégation de la commission européenne.

Accompagné dans sa visite par Frantz Verella, ministre haïtien des travaux publics, le haut responsable de la Commission Européenne a aussi eu l’occasion de constater l’état d’avancement des travaux de réhabilitation d’une école dans le cadre du Programme d’amélioration de la qualité de l’éducation de base (PARQE), financés par l’UE à hauteur de 28 millions d’euros.

Pendant cette visite de constat des réalités du pays, le directeur général du développement de la Commission européenne a insisté sur « l’importance de la déconcentration pour un développement harmonieux du pays » en souhaitant un renforcement « du processus de consolidation de l’Etat d’Haïti » par la tenue « ultérieure » des élections municipales et locales, dont le calendrier sera défini après la conférence du 25 juillet avec les bailleurs de fonds internationaux.

« Les conditions sont difficiles, mais la volonté de sortir de la crise est forte. Haïti pourra compter sur le soutien de l’Union Européenne dans son chemin vers la stabilité et le développement », promet Stefano Manservisi.

Nécessité d’un redressement économique et d’un développement autocentré

Les réalités nationales actuelles commandent des actions de développement durable à envisager et orienter sur plusieurs années, considèrent plusieurs organisations ainsi que de nombreux secteurs politiques en Haïti.

En ce sens, la Coordination Europe-Haïti (CoE-H), une coalition d’organisations non gouvernementales européennes intervenant en Haïti, recommande que le redressement économique du pays soit le thème-cible de l’engagement futur des bailleurs de fonds d’Haïti (http://www.alterpresse.org/article.php3?id_article=4941).

La CoE-H, qui relève des faiblesses patentes dans l’application du cadre de coopération intérimaire (CCI) de 2004 à 2006, plaide en faveur d’ « une politique de développement agricole cohérente et durable qui réduise les importations alimentaires d’Haïti, qui cible des chaînes d’approvisionnement agricole particulières et qui investisse plus pour aborder la grave dégradation environnementale d’Haïti »

En plus de réaliser une évaluation participative du CCI, la Coordination Europe-Haïti demande aux donateurs et au gouvernement « de créer des mécanismes d’engagement de la société civile dans le comité directeur conjoint pour la mise en œuvre et le suivi du CCI (COCCI) » ainsi que « de soumettre le dialogue entre les donateurs et le gouvernement haïtien à l’examen attentif du public et de diffuser l’information (en créole) sur les progrès et la mise en œuvre du CCI à la société civile haïtienne ».

Cette position de la CoE-H rejoint les revendications des mouvements sociaux alternatifs dans le pays, qui exhortent les autorités nationales à mettre en œuvre un programme de développement autonome sur le long terme, fondé sur les aspirations fondamentales de la population en Haïti.

Il est nécessaire de définir « un programme de développement sur le long terme axé sur les revendications de l’ensemble de la population, qui doit prioriser l’agriculture, l’agro-industrie, la pêche, l’artisanat en vue de faciliter la construction de l’économie interne du pays », suggère, dans une entrevue à AlterPresse, l’économiste Camille Chalmers, directeur exécutif de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA).

La PAPDA et le Collectif d’organisations sociales qui luttent contre la cherté de la vie dans le pays s’apprêtent à se mobiliser, durant la conférence des donateurs internationaux ce 25 juillet, en vue d’exiger l’application de programmes adaptés à la réalité et qui tiennent compte des vraies revendications de la population haïtienne.

Les deux regroupements réclament aussi l’annulation de la dette d’Haïti envers la communauté internationale.

L’éducation, la santé et les infrastructures dans les zones rurales sont les secteurs à utiliser pour récupérer et investir les 60 millions de dollars américains déboursés, chaque année par Haïti au titre de paiement de la dette, à la Banque Interaméricaine de Développement (BID), au Fonds Monétaire International (FMI) et à la Banque Mondiale, entre autres organismes financiers internationaux, conseille la PAPDA.

Guy Numa, un des porte-parole du collectif, indique que la majeure partie du montant des emprunts contractés par Haïti sert toujours à renflouer les poches de ce que la communauté internationale appelle « les experts », et à financer l’achat de véhicules de luxe.

A l’occasion de la conférence du 25 juillet 2006 à l’est de la capitale, l’administration Alexis / Préval II (deuxième version du tandem formé par le président René Garcia Préval et le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis après la période 1999 - 2001) ambitionne d’obtenir des bailleurs de fonds internationaux une enveloppe de 5 419 milliards de dollars américains pour amorcer un véritable développement dans le pays s’échelonnant sur une période de cinq ans, jusqu’à l’année 2011. [rc apr 24/07/2006 14 :30]