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Réunion du 25 juillet avec les bailleurs

Haïti : Définir un programme de développement autonome

P-au-P, 24 Juil. 06 [AlterPresse] --- A la veille de la rencontre avec les principaux bailleurs de fonds internationaux, de nombreux secteurs nationaux, interrogés par l’agence en ligne AlterPresse, renouvellent leur foi en faveur de la recherche et de l’application d’un programme de développement sur le long terme, fondé sur les aspirations fondamentales de la population en Haïti.

Il est nécessaire de définir « un programme de développement sur le long terme axé sur les revendications de l’ensemble de la population, qui doit prioriser l’agriculture, l’agro-industrie, la pêche, l’artisanat en vue de faciliter la construction de l’économie interne du pays », suggère l’économiste Camille Charlmers, directeur exécutif de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA).

Chalmers pense que les Haïtiens doivent de préférence rentrer, aujourd’hui, dans une logique de construction sur le long terme, au lieu de solliciter des prêts conditionnés auprès des bailleurs de fonds internationaux.

« Après deux ans, les résultats sont extrêmement médiocres. 960 millions de dollars américains ont été décaissés [sur les 1.3 milliards promis lors de la conférence de Washington en juillet 2004]. Les résultats ne sont pas positifs par rapport aux besoins de la population », estime le directeur exécutif de la PAPDA dans une entrevue à AlterPresse.

Le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), concocté dans une logique intérimaire par la communauté internationale pour la reconstruction d’Haïti, accuse un échec cuisant, selon l’économiste qui exprime, en ce sens, son désaccord face à l’intention des autorités haïtiennes de continuer à appliquer le CCI jusqu’à décembre 2007.

« Le CCI, conçu sans la participation réelle de la population, a bel et bien échoué. Les évaluations l’ont montré et les décaissements n’ont pas été effectués suivant les promesses ».

Faisant une radiographie de l’économie haïtienne durant ces deux dernières décennies, Chalmers affirme que l’orientation économique adoptée était mauvaise et les résultats catastrophiques, à l’instar des deux années [mars 2004 - juin 2006] du gouvernement de transition de Gérard Latortue s’étant révélées non profitables à l’économie haïtienne.

Cette orientation, dit-il, ne favorise pas la croissance économique dans le pays : les secteurs dynamiques sont effondrés, l’économie paysanne ne peut pas résister devant l’envahissement du marché national par les produits importés. Une situation qui, selon lui, conduit à un appauvrissement massif de la population et des conditions de vie de plus en plus infra-humaines dans le pays.

Chalmers critique les institutions de financement internationales qui exigent d’Haïti le paiement d’une dette externe de l’ordre de 1.3 milliard de dollars américains.

« Nous ne reconnaissons pas cette dette. Il s’agissait d’un fonds détourné par les régimes dictatoriaux, le peuple haïtien n’a aucune raison pour continuer à honorer une telle dette », désapprouve le dirigeant de la PAPDA.

L’éducation, la santé et les infrastructures dans les zones rurales sont les secteurs à utiliser pour récupérer et investir les 60 millions de dollars américains déboursés, chaque année par Haïti au titre de paiement de la dette, à la Banque Interaméricaine de Développement (BID), au Fonds Monétaire International (FMI) et à la Banque Mondiale, entre autres organismes financiers internationaux, recommande la PAPDA.

Dans la même veine, le Collectif d’organisations sociales qui luttent contre la cherté de la vie dans le pays réclame, lui aussi, l’annulation de la dette d’Haïti envers la communauté internationale.

Guy Numa, un des porte-parole du collectif, indique que la majeure partie du montant des emprunts contractés par Haïti sert toujours à renflouer les poches de ce que la communauté internationale appelle « les experts », et à financer l’achat de véhicules de luxe.

La PAPDA et ce collectif d’organisations sociales s’apprêtent à se mobiliser durant la conférence des donateurs internationaux en vue d’exiger l’application de programmes adaptés à la réalité et qui tiennent compte des vraies revendications de la population haïtienne.
Cette grande réunion, qui se tiendra à Port-au-Prince le 25 juillet 2006, est rebaptisée par le gouvernement en place « conférence internationale pour le développement économique et social d’Haïti ».

A l’occasion, l’administration Alexis / Préval II (deuxième version du tandem formé par le président René Garcia Préval et le Premier Ministre Jacques Edoaurd Alexis après la période 1999 - 2001) ambitionne d’obtenir des bailleurs une enveloppe de 5 419 milliards de dollars américains pour amorcer un véritable développement dans le pays s’échelonnant sur une période de cinq ans, jusqu’à l’année 2011. [do rc apr 24/07/2006 0:00]