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Haïti/Coopération : Exiger l’annulation de la dette externe

P-au-P., 20 juil. 06 [AlterPresse] --- Le collectif d’organisations sociales qui luttent contre la cherté de la vie dans le pays entend réclamer l’annulation de la dette d’Haïti envers la communauté internationale, estimée à plus d’un milliard de dollars américains, lors de la conférence des bailleurs qui se tiendra à Port-au-Prince le 25 juillet prochain.

« Depuis plusieurs décennies, les différents gouvernements haïtiens se sont engagés à verser des sommes importantes aux institutions internationales de financement, sous formes d’intérêts, alors que des secteurs clés comme la santé et l’éducation sont négligés », déplore Guy Numa, l’un des responsables du collectif, au cours d’une conférence de presse ce jeudi 20 juillet 2006, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

A chaque fois qu’Haïti contracte un emprunt auprès des organismes de financement, la majeure partie du montant sert à renflouer les poches de ce que la communauté internationale appelle « les experts », et à financer l’achat de véhicules de luxe, relève Numa.

« Si les pays qui se disent amis d’Haïti le sont véritablement, ils doivent l’aider à sortir du marasme économique dans lequel il se trouve, en annulant sa dette externe. Les intérêts annuels à verser à la Banque mondiale, l’Union européenne (UE), la Banque interaméricaine de développement (BID), trois des principaux donateurs à Haïti, sont estimés à environ 60 millions de dollars américains. Ces montants serviraient à alimenter des projets sociaux en faveur des masses populaires », préconise le collectif d’organisations sociales contre la cherté de la vie en Haïti.

Le collectif prévoit d’organiser un sit-in près du local, où se tiendra la réunion avec les bailleurs de fonds internationaux le 25 juillet prochain, pour exiger l’annulation pure et simple de la dette d’Haïti.

D’un autre côté, Guy Numa attire l’attention du régime en place sur la détérioration des conditions de vie des populations à faibles revenus, et convie les autorités à prendre en compte les revendications des masses populaires.

« La misère décime la population haïtienne. Le pouvoir en place est le fruit de l’expression de la population aux urnes et non de la communauté internationale, les tenants ont pour devoir de satisfaire les revendications du peuple », rappelle le collectif d’organisations sociales qui luttent contre la cherté de la vie.

Le collectif, qui vise, entre autres, la formation d’une plate-forme nationale de mobilisation et de lutte en faveur des laissés pour compte de la société, entreprend depuis plus d’un année des actions visant à une diminution du coût des produits de première nécessité, notamment le prix des produits pétroliers qui ne cesse de fluctuer sur le marché national.

Les membres du collectif contre la vie chère en Haïti estiment que le gouvernement en place pourrait mener des actions visant à soulager le sort des couches défavorisées du pays. Le prix des produits pétroliers représente l’un des facteurs sur lesquels le pouvoir aurait pu agir pour voler au secours des démunis.

Haïti vient d’intégrer le programme Petrocaribe, initié par le gouvernement vénézuélien en faveur de certains pays de la région. Ce projet permet aux Etats membres de se procurer les produits pétroliers à un tarif préférentiel.

Le gouvernement haïtien, bénéficiaire du programme, peut acheter à crédit. Il a 90 jours pour s’acquitter de la dette à hauteur de 60% envers le Venezuela, les autres 40% étant payables sur une période de 25 ans à un taux d’intérêt de 1% l’an.

Numa considère que l’Etat pourrait prélever 20 gourdes de taxes sur chaque gallon de gaz au lieu de 65 gourdes, ce qui aurait des conséquences positives sur le coût de la vie. [lf rc apr 20/07/2006 15:35]