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Vent de panique ce 19 juillet dans la capitale d’Haïti

P-au-P, 19 juil. 06 [AlterPresse] --- Un vent de panique a soufflé en début d’après-midi du 19 juillet 2006 dans certains quartiers de la capitale d’Haïti, après l’annonce de tirs d’armes au bas de la ville et dans les parages de Cité Soleil, grande agglomération à la sortie nord de Port-au-Prince, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

La tension paraissait plus vive sur la route conduisant à l’aéroport international de la capitale, devenue rapidement « volatile », selon les informations rapportées par des riverains. Des banques commerciales, établies dans l’aire proche des rafales entendues, se sont vite vidées de leurs clients, tandis que les employés ne savaient point s’ils devaient rester à l’intérieur ou essayer de sortir pour rentrer chez eux.

En fin d’après-midi, des hélicoptères de la force onusienne survolaient la partie nord de Port-au-Prince, mais aucune précision n’a pu être obtenue par les journalistes sur ce qui se passait réellement dans la capitale.

Cette atmosphère d’affolement a poussé beaucoup de citadines et de citadins à tenter de regagner au plus pressé leur domicile face à des événements non maîtrisés.

Ce vent de panique est enregistré, environ 24 heures après des affrontements entre bandes rivales ayant fait un nombre non encore déterminé de victimes par balles, dans la cité de l’indépendance aux Gonaïves, à 171 kilomètres au nord de la capitale.

Déjà dimanche soir 16 juillet, deux personnes ont été blessées par balles aux Gonaïves au cours d’une tentative de cambriolage dans une entreprise commerciale de la même ville, où des tirs d’armes sporadiques son entendus à tout bout de champ depuis plusieurs semaines. Quelques jours auparavant, des individus armés ont attaqué, sans faire de victimes, le commissariat des Gonaïves.

Ce nouveau climat de tension survient aussi dans un contexte marqué par des agitations de partisans de l’ancien régime lavalas qui ont manifesté le 12 juillet à Petit-Goâve et le 15 juillet à Port-au-Prince, pour réclamer le retour en Haïti de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide et leur réintégration dans l’administration publique. Ces partisans lavalas ont promis de poursuivre leur mouvement jusqu’à satisfaction des revendications exprimées.

Depuis le mois de mai 2006, de nombreux actes de banditisme, y compris assassinats, enlèvements et séquestration de personnes, sont perpétrés dans l’aire métropolitaine de la capitale, notamment à Martissant (banlieue sud) où, dans la nuit du 6 au 7 juillet, environ 22 personnes ont trouvé la mort au cours d’affrontements entre bandes armées rivales.

Le président René Garcia Préval a récemment estimé que « la sécurité politique est largement atteinte », rattachant l’insécurité sévissant actuellement à Port-au-Prince « au banditisme, à la drogue, à la misère et à la déportation de bandits » vers Haïti.

Le 14 juillet 2006, l’actuelle administration politique du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis a procédé à l’installation d’un nouveau secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Luc Eucher Joseph, appelé à prendre des dispositions pour rétablir le calme et faire face aux violences successives recensées ces derniers jours dans le pays. Cette nomination est intervenue, quelques jours après la ratification, le 5 juillet par le Sénat de la république, du commissaire divisionnaire Mario Andrésol, reconduit comme commandant en chef de la Police Nationale d’Haïti (PNH) jusqu’en été 2009.

A l’occasion de la cérémonie de graduation de 43 inspecteurs de police ce 19 juillet 2006, Andrésol a déclaré que cette nouvelle promotion devrait contribuer à pallier à l’insuffisance d’effectifs et au manque d’encadrement qualifié qui affectent les services fournis à la population nationale par l’institution policière. [rc vs apr 19/07/2006 18 :00]