P-au-P, 19 Juil. 06 [AlterPresse] --- L’Association Nationale des Femmes Victimes des Coopératives (ANFVC) exprime sa détermination à entretenir la mobilisation institutionnelle en vue de la récupération effective des milliards de gourdes perdues par des milliers de sociétaires, dans les 200 coopératives d’épargne et de crédit (CEC) implantées un peu partout sur le territoire haïtien durant l’administration de l’ancien régime de Jean-Bertrand Aristide (7 février 2001 - 29 février 2004).
« Le 24 juillet prochain, nous ferons un sit-in devant le siège du Ministère de la Justice pour porter les autorités étatiques à assumer leurs pleines et entières responsabilités », annonce ce 19 juillet la coordonnatrice de l’ANFVC, Margareth Fortuné, dans une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Invitant les sociétaires de ces coopératives à maintenir le flambeau de la mobilisation jusqu’au recouvrement total de leurs avoirs détournés, Fortuné informe que la présidence sera touchée du dossier, selon les promesses faites à l’ANFVC par le porte-parole du gouvernement et ministre chargé des relations avec le Parlement, Joseph Jasmin.
« Certains des responsables des 200 CEC, qui profitent de l’élection de René Préval pour retourner dans le pays, continuent de vendre les biens des sociétaires. Il est du devoir de l’Etat de contraindre les dirigeants de ces coopératives à rembourser ces fonds en vue de soulager la misère des sociétaires lésés », exige Margareth Fortuné.
La coordonnatrice de l’Association nationale des femmes victimes des coopératives rappelle que « les plaintes déposées par l’ANFVC contre ces dirigeants sont toujours de mise. Notre position n’a pas du tout changé ».
La restitution des fonds des sociétaires de Cœurs Unis Coopérative doit se faire « dans l’ordre, en accord avec les institutions de l’Etat chargées du dossier », soutient Fortuné, affirmant avoir déjà eu deux rencontres avec le président de cette coopérative, David Chéry, qui a regagné Haïti le 11 juillet 2006, sans aucune explication ni information de la Justice, après environ trois ans d’absence sur le terrain.
Revenu inattendument dans le pays, dans le cadre d’une campagne d’affiches ‘’Bienvenue David Chéry’’ disséminées depuis juin 2006 dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, le propriétaire de Cœurs Unis, qui a été emprisonné au moment de « l’affaire des coopératives » en 2003, a promis le 11 juillet, sous forte escorte, d’entamer début septembre 2006 un processus de rétribution des montants à ses sociétaires. [cf. http://www.alterpresse.org/article.php3?id_article=4903 ].
« Nous demandons au commissaire du gouvernement de mettre l’action publique en mouvement contre tous dirigeants de coopératives qui ne veulent pas respecter leur engagement envers les sociétaires », réclame l’ANFVC.
A signaler que d’autres sociétaires victimes des coopératives ont manifesté au centre-ville de la capitale le 19 juillet 2006, pour revendiquer en faveur de la restitution de leurs avoirs.
Par ailleurs, l’Association nationale des femmes victimes des coopératives salue la décision des députés de la 48e législature de mettre sur pied une commission permanente chargée des coopératives.
« C’est un bon signe pour les sociétaires victimes. Cela peut faire avancer le dossier des coopératives », se réjouit Margareth Fortuné qui indique toutefois que les parlementaires n’ont pas encore contacté l’association.
Fortuné demande à ces parlementaires de conduire des enquêtes sérieuses et de formuler des propositions solides afin de faciliter la restructuration du secteur des coopératives.
Interrogée sur l’avenir de l’ANFVC au cas où tous les sociétaires rentreraient en possession de leurs fonds, Fortuné assure que son association entend participer à la construction d’une société haïtienne basée sur les coopératives.
« Notre rêve, c’est de construire une nouvelle Haïti, une Haïti fondée sur les coopératives, selon les prescrits de la constitution de 1987 », s’exclame-t-elle.
En ce sens, un séminaire de deux jours à l’intention des membres de l’ANFVC doit débuter ce 20 juillet 2006 à Port-au-Prince. L’objectif de ce séminaire, largement soutenu par le Conseil National des Coopératives (CNC), consiste à permettre à ces sociétaires de mieux comprendre le mouvement coopératif.
17 milliards de gourdes, c’est la quantité d’argent qui a été volatilisée dans la faillite des coopératives d’épargne et de crédit durant le règne de Jean-Bertrand Aristide.
Sous le gouvernement de transition (mars 2004 - juin 2006), des efforts ont été consentis en vue de satisfaire certains sociétaires. 45 millions de gourdes ont été dès lors décaissées et l’ANFVC en avait reçu 13 millions.
« Cette somme était insuffisante pour payer tous les sociétaires victimes » de cette banqueroute, considère Margarethe Fortuné. [do rc apr 19/07/2006 13:35]