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Haïti / Rép. Dominicaine : Le GARR invite à des actions urgentes face à une grève de transporteurs haitiens

Communiqué du GARR

Document soumis à AlterPresse le 18 juillet 2006

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR) est préoccupé par le pourrissement de la grève des transporteurs/importateurs de la frontière de Malpasse, initiée depuis le lundi 10 juillet 2006.

Cette grève, qui a tendance à s’étendre jusqu’à la Croix-des-Bouquets, si elle se prolonge, risque d’avoir des conséquences néfastes sur la vie économique d’une bonne partie de la capitale, de la Plaine du Cul-de-Sac et des régions avoisinantes.

En conséquence, le GARR invite les autorités étatiques à agir rapidement afin d’éviter toute détérioration de la situation.

Le GARR rappelle que des situations similaires, où la route internationale de Malpasse avait été bloquée pendant plusieurs jours, avaient déjà occasionné en janvier 2003 des blessés par balles, l’incendie et la destruction de plusieurs maisons, lors d’une descente de lieu musclée des forces spécialisées de la Police Nationale.

Afin d’éviter la répétition de tels faits et pour trouver une solution durable à ce conflit entre les dirigeants de la douane de Malpasse et les transporteurs/importateurs, le GARR invite les autorités du pays à s’asseoir avec les différents concernés, afin d’assurer un contrôle plus transparent concernant les taxes perçues sur les marchandises importées et une meilleure gestion de ce point frontalier qui constitue la source et l’espace de travail de plusieurs milliers de personnes.

Cette grève, qui dure depuis 9 jours, met aux prises les autorités douanières et plus de 300 transporteurs, dont la plupart sont également des importateurs. Ces derniers se disent lésés dans l’exercice de leurs activités en raison, selon eux, du comportement discriminatoire affiché par M. Jeantal Clervil, directeur de la douane de Malpasse qui favoriserait de grands importateurs au détriment des petits qu’ils estiment représenter.

A l’appui de leurs dénonciations, les transporteurs/importateurs soulignent l’interdiction faite, par le directeur de la douane de Malpasse, aux camions containers dont ils sont propriétaires, de transporter du fer qui est devenu, en peu de temps, l’un des plus importants produits importés de la République Dominicaine à partir de la frontière de Malpasse.

« Tandis que les autorités accordent aux containers dominicains la permission de transporter de grandes quantités de fer pour de grands importateurs haïtiens, elles interdisent cette activité à nos camions », se sont indignés les grévistes.

Ces derniers, qui rejettent l’étiquette de contrebandiers qu’on veut leur accoler, déclarent qu’il paient régulièrement des taxes à l’Etat pour les marchandises importées. Ils réclament la tête de l’actuel directeur de la Douane de Malpasse, M. Jeantal Clervil, qui, selon eux, est de connivence avec les grands importateurs pour les retirer du circuit. En signe de protestation, ils ont bloqué la route internationale menant à Malpasse et conséquemment toutes les activités économiques de la zone.

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), institution travaillant à la frontière depuis plusieurs années, veut souligner à l’attention de tout le monde que cette situation est la conséquence de l’absence de gouvernance dans la zone frontalière où l’Etat haïtien a laissé se développer des activités hautement lucratives, sans fixer les normes et les limites.

Tout en encourageant les échanges commerciaux avec la République Dominicaine, le GARR demande que les transactions s’effectuent en toute transparence et dans l’intérêt supérieur d’Haïti.

En conséquence, le GARR demande aux autorités compétentes d’agir avec diligence pour :

1. Vérifier la véracité ou non des allégations faites par les transporteurs/importateurs, selon lesquelles le Directeur de la douane, M. Jeantal Clervil, affiche un traitement discriminatoire et inégal envers eux. Si de telles informations se vérifient, le gouvernement doit prendre rapidement des dispositions pour y remédier ;

2. Publier la liste des produits autorisés par l’Etat Haïtien pour être importés de la République Dominicaine, ainsi que les tarifs douaniers en vigueur pour chaque type de marchandises, afin d’éviter toutes frustrations et magouilles lors des opérations de dédouanement ;

3. Faire connaître au public les raisons ayant poussé les autorités douanières à interdire le transport du fer par les camions containers, tout en communiquant la date et l’autorité ayant pris cette décision ;

4. Elaborer, enfin, une politique de gestion de la frontière avec emphase sur la régularisation du commerce binational et la gestion des marchés frontaliers qui constituent un enjeu de taille pour l’économie des deux pays et qui sont négligés par l’Etat haïtien.

Le GARR invite les autorités haïtiennes à choisir la voie de la négociation pour gérer cette nouvelle crise de la frontière et éviter que la prolongation de cette grève ne pénalise les milliers de petits commerçant(e)s, de voyageurs/voyageuses et d’habitants qui vivent dans cette région et dont les activités sont bloquées par cette situation.

Le GARR encourage les autorités à fournir un encadrement approprié aux jeunes entrepreneurs qui ont décidé de faire du commerce avec la République Dominicaine, afin de s’assurer d’une plus grande efficacité de leur investissement et d’un plus grand bénéfice pour le pays tout entier.

Port-au-Prince, le 18 juillet 2006.

Colette Lespinasse
Coordonnatrice GARR