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Haïti - Gonaives : La satisfaction de retrouver une identité légale

Le souvenir des inondations aux Gonaives (nord) en septembre 2004 est encore vivace. Les victimes se comptaient par milliers. A défaut de recouvrer les biens perdus, les sinistrés retrouvent une identité légale.

Gonaïves (Haïti), 18 Juil. 06 [AlterPresse] --- Les paupières à moitié fermées, la bouche entr’ouverte, Idernise Fontil repense aux inondations du 18 septembre 2004 en cette ville des Gonaives (nord). Tant bien que mal, elle essaie de se remettre des dommages que lui a causés cette tempête, qui a fait plusieurs milliers de victimes.

La jeune femme, son mari ainsi que ses 6 enfants, dont 3 fillettes, n’avaient pu sauver que leur vie. Mais, ils continuent de vivre piteusement.

« Jeanne m’avait dépouillée de tout ce que je possédais. Aujourd’hui, mon mari et moi, nous gagnons difficilement notre vie », confie-t-elle.

Aux Gonaïves, le dimanche 16 juillet 2006, Idernise Fontil était parmi une centaine de rescapés de Jeanne qui venaient récupérer, entre les mains de Fito Lespérance et de Yolène Gilles du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), des copies de leurs actes d’état civil, dont les originaux ont été emportés par les eaux.

Avec ces actes, extraits des archives et certificats de baptême, la jeune femme commence à retrouver son sourire.

« Je suis très contente de pouvoir entrer à nouveau en possession de ces pièces importantes et je ne sais comment remercier cette organisation de défense des droits humains », affirme-t-elle dans un sourire à l’agence en ligne AlterPresse.

« Nous avons tout perdu, aujourd’hui je me sens soulagé », se réjouit Josué Pierre. Ce jeune homme de 23 ans à maintenant les références nécessaires pour se rendre chez un officier d’état civil et demander à refaire son acte de naissance.

Avoir une pièce d’identification fait partie des droits de chaque individu. « Cela relève de la compétence de l’Etat de doter chaque Haitien d’acte de naissance », dit Yolène Gilles.

Tout en expliquant à ces pères et mères de famille, présents à cette distribution, les difficultés rencontrées dans ce processus, Yolène Gilles révèle que de nombreuses églises haïtiennes n’ont pas d’archives.

« Elles ne peuvent même pas délivrer des certificats de baptême. Cela a posé beaucoup de problèmes », soutient-elle.

Fito Lespérance estime, quant à lui, que la question d’état civil est très compliquée en Haïti et cela doit interpeller la conscience de tout un chacun.

« De nombreux actes ne sont pas enregistrés dans les Archives nationales, parfois les officiers d’état civil en sont rendus responsables », souligne-t-il.

Le processus, permettant à ces Haïtiens de reconstituer leurs pièces d’état civil disparues lors de la tempête tropicale Jeanne, est une initiative du RNDDH soutenue par la « Mennonite Central Committee » (MCC) ainsi que d’autres partenaires.

Gonaïves est la troisième région touchée par cette distribution, qui a eu lieu du 14 au 16 juillet 2006. Dans cette ville excentrée d’Haïti, 2720 morts et disparus ainsi que 300 mille sinistrés ont été dénombrés lors du passage de Jeanne le 18 septembre 2004.

Le nombre d’actes d’état civil, distribués dans ce secteur par le RNDDH, est cependant inférieur à celui remis à Port-de-Paix et à Pilate (nord). Le Réseau de Droits Humains de l’Artibonite (REHDA) / RNDDH déclare n’avoir pas pu répertorier toutes les victimes à cause du climat volatile qui règne aux Gonaïves. [do gp apr 18/07/2006 09:30]