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Le calme et la sécurité, toujours un défi en Haïti

P-au-P., 17 juil. 06 [AlterPresse] --- Le gouvernement de la république d’Haïti mise sur les nouvelles nominations dans les structures de sécurité pour juguler la situation volatile qui prévaut depuis plusieurs semaines dans plusieurs villes du pays, dans un contexte de nouvelle agitation politique orchestrée par des secteurs proches de l’ancien régime de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide.

« L’arrivée le vendredi 14 juillet 2006 à la secrétairerie d’Etat à la sécurité de Luc Eucher Joseph et la ratification par le sénat, le 5 juillet dernier, du commissaire Mario Andrésol à la tête des forces de police, permettront d’organiser le secteur de la sécurité en Haïti », affirme le porte-parole du gouvernement Joseph Jasmin, dans une interview accordée ce 17 juillet à l’agence en ligne AlterPresse.

A l’instar du chef de l’Etat René Préval, Jasmin réfute la thèse selon laquelle les actes de violence qui secouent la capitale et certaines villes de province seraient de nature politique.

Ce phénomène est plutôt lié au banditisme, avance-t-il, appelant à la collaboration de toutes les citoyennes et de tous les citoyens en vue d’éradiquer ce fléau.

Violences et agitations

Un regain d’actes de violences, comprenant des assassinats, enlèvements et séquestrations de personnes, est enregistré depuis mai 2006 en Haïti. Dans la soirée du 16 juillet, au moins une personne a été blessée par balles aux Gonaïves (nord) durant une tentative de cambriolage, quelques jours après une attaque d’un commando contre le commissariat le 12 juillet, selon ce que rapportent des correspondants locaux.

Dans cette même ville, Marie-Claude Bernard, 58 ans, fonctionnaire à la Faculté de droit, a été abattue par des bandits armés le mardi 11 juillet 2006, au moment où elle regagnait son domicile.

Dans l’après midi du jeudi 13 juillet 2006, trois casques bleus du bataillon brésilien de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) ont été blessés par balles à Cité Soleil, grande agglomération populaire sous contrôle de gangs armés à la sortie nord de la capitale. Deux des militaires onusiens blessés ont été transférés en République Dominicaine pour recevoir des soins appropriés.

A Martissant, banlieue sud de Port-au-Prince, plus de 20 personnes, dont des enfants, ont été tuées au cours d’affrontements, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2006, entre groupes armés rivaux, ce qui a provoqué une fuite désordonnée des habitants vers des destinations inconnues ainsi que la séparation de plusieurs familles.

Ce regain de violence survient dans un contexte marqué aussi par un mouvement d’agitations politiques d’obédience de certains groupes de partisans de l’ex-président Aristide.

Le 15 juillet, une manifestation de milliers de personnes, appelée par d’anciens chefs de sections de base du parti Fanmi Lavalas, a eu lieu à Port-au-Prince en vue de réclamer principalement le retour d’Aristide en Haïti et leur réintégration dans l’administration publique.

A Petit-Goâve (sud), un mouvement d’agitation a secoué la ville le 12 juillet, pour les mêmes motifs, de la part. de partisans armés de l’ancien régime lavalas.

Le président René Préval ainsi que le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis ne se sont jamais opposés publiquement au retour d’Aristide dans le pays. Cependant, Préval n’a pas écarté que l’ancien chef d’Etat aurait à répondre à la Justice au cas où des plaintes seraient portées contre lui.

Le 6 juillet, Préval a confirmé que l’actuel gouvernement a retiré la plainte déposée aux Etats-Unis d’Amérique contre Aristide, par le régime de transition, pour dilapidation des caisses de l’Etat. Le dossier, soumis au tribunal fédéral de Miami à l’encontre de Jean Bertrand Aristide, accuse certaines failles, a estimé Préval.

Restaurer la sécurité et sortir du chaos

« La restauration de la sécurité en Haïti est une urgence nationale », considère le nouveau secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Luc Eucher Joseph. Lors de sa prise de fonction officielle le 14 juillet, il a promis de tout mettre en oeuvre pour combattre l’insécurité grandissante dans le pays.

Pour sa part, le chef de la Police Nationale d’Haïti (PNH), reconduit et ratifié, Mario Andrésol, soutient que « du chaos, l’ordre doit renaître. Durant mon commandement, la PNH y veillera ».

La Mission des nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) a divulgué le 13 juillet 2006 un plan de sécurité, dans lequel deux mille deux cent cinquante casques bleus et policiers internationaux ainsi que trois cent cinquante policiers haïtiens sont déployés dans les quartiers sensibles de la capitale.

De leur côté, des associations et institutions de divers secteurs nationaux, dont des organismes de droits humains, de femmes et du milieu religieux, préconisent une mobilisation générale pour rétablir le calme et la sécurité dans le pays.

La violence et l’insécurité ne peuvent être jugulées ni ne disparaîtront que « par la mobilisation générale, non seulement des institutions comme le Gouvernement, le Parlement, la Police Nationale, le système de Justice, mais de l’ensemble de la société civile, pour que les groupes armés illégalement soient désarmés et réintégrés dans le cours normal de la vie citoyenne ». [lf rc gp apr 17/07/2006 14 :00]