Port-de-Paix (Haïti), 17 Juil. 06 [AlterPresse] ---Plusieurs centaines d’actes d’état civil ont été rendus le vendredi 14 juillet 2006 à Port-de-Paix (chef-lieu du département du Nord-Ouest d’Haïti) à quelques familles victimes, en septembre 2004, des inondations dévastatrices provoquées par la tempête tropicale Jeanne dans le pays, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Cette distribution, qui concerne diverses agglomérations frappées par la tornade de septembre 2004, a eu lieu à Aubert, localité située à quelque 3 kilomètres à l’entrée de Port-de-Paix, sous les auspices du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).
Sur 750 personnes sélectionnées, environ 500 sont rentrées en possession, à l’état neuf, de ces pièces disparues sous les eaux lors de ces inondations catastrophiques ayant fait des milliers de morts en Haïti. La remise des 250 autres, non encore délivrées par les autorités judiciaires en charge du dossier, est prévue pour la fin du mois de juillet en cours.
« Aujourd’hui, vous avez pu reconstituer vos pièces d’identité détruites par la tempête Jeanne. C’est le fruit d’un programme conçu et réalisé par le RNDDH et ses partenaires,. C’est ainsi que nous pouvons vous aider », affirme Fito Lespérance du RNDDH, représenté à Port-de-Paix par le Réseau Nord-Ouest de Défense des Droits Humains (RENODH).
La tâche s’est révélée difficile pour l’équipe du RNDDH de trouver dans les Archives nationales les noms de la plupart des bénéficiaires de ce programme.
« Dans le département (Nord-Ouest), légion sont les personnes qui n’ont pas été baptisées. Les noms de celles qui ont eu cette chance sont introuvables dans les Archives nationales », indique Fito Lespérance.
Par contre, elles ont pu bénéficier d’une pièce délivrée par les Archives nationales ou d’un certificat de baptême qui leur permettra de refaire leur acte de naissance sans être pressurées par les contrefacteurs.
Le militant de droits humains raconte aux bénéficiaires que le processus a dû prendre plus d’un an, en raison de la lenteur des institutions étatiques.
« Nous savons très bien que l’Etat prend énormément de temps pour desservir ses citoyens, c’est ce qui explique ce retard », ajoute Lespérance.
Marie Conce Dorval, qui est née en 1976, est l’une des personnes à n’avoir pas été baptisées. Elle promet de le faire dans un avenir pas trop lointain, en vue d’éviter les erreurs du passé. Quant à Evens Joseph, il se félicite de pouvoir maintenant aller retirer son passeport avec les pièces qui lui sont attribuées.
« Tous les papiers qui vous sont remis aujourd’hui sont importants pour l’aboutissement du processus, ce sont eux qui vous permettront d’avoir un acte définitif, si vous ne l’avez pas encore », dit Yolène Gilles du Réseau National de Défense des Droits Humains.
En recevant ces pièces, certains chefs de famille n’ont pas caché leur satisfaction et leurs remerciements à l’endroit du RNDDH pour l’initiative prise.
« Je suis content de disposer à nouveau de ces documents importants », s’exclame Eddy Saint-Far qui venait de recevoir les actes d’état civil de son fils et de sa femme.
« N’était-ce le RNDDH, il me faudrait verser de l’agent pour les recouvrer », dit-il.
Alors que Madelecita et Dimilia ont reçu leurs pièces, Juliette s’impatiente à reconquérir les siennes. Ces trois femmes d’une même famille n’ont sauvé que leur peau, lors du passage de la tempête tropicale Jeanne.
« Nous avons de quoi craindre, à la moindre averse, nous sommes inondés et nous n’avons pas d’autres endroits où habiter », s’époumone Dimilia, qui se souvient des dégâts enregistrés lors de cette catastrophe naturelle.
A Port-de-Paix, ville principale du département du Nord-Ouest, la moyenne des précipitations ne dépasse pas 500 mm. En 2006, 6.3% de la population totale du pays, estimée à 8,4 millions d’habitants, vit dans ce département, dont l’économie repose sur la diaspora. [do rc apr 17/07/2006 12:00]