P-au-P, 12 juil. 06 [AlterPresse] --- Un atelier de réflexion, visant à définir un cadre d’orientations stratégiques à imprimer à la coopération binationale entre Haïti et la République Dominicaine, se déroule ce 12 juillet 2006 à Port-au-Prince entre des responsables des deux pays, sous les auspices de l’Union européenne (UE), apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Les instruments et les moyens de la coopération, le développement frontalier et la coopération transfrontalière, les domaines prioritaires de la coopération entre les deux pays feront l’objet d’échanges dans trois groupes de travail.
L’enjeu commun de la préservation de la biodiversité insulaire, l’intégration régionale et la coopération binationale, y compris les conditions socio-historiques, culturelles et politiques de la relation entre Haïti et la République Dominicaine, précéderont les travaux en atelier, à partir d’exposés de spécialistes des deux pays.
Les pistes de réorientation de la coopération haïtiano-dominicaine, dans un contexte de plus en plus marqué par de nombreux actes d’agression envers les ressortissants haïtiens de la part d’autorités de la république voisine (rapatriements massifs quotidiens, assassinats de compatriotes, actes de harcèlements et autres) sont souvent discutées dans des réunions entre responsables des deux pays depuis plusieurs mois, à l’initiative de l’UE.
La coopération haitiano-dominicaine, qui va au-delà des questions transfrontalières, ne saurait être circonscrite sur les opportunités au niveau de la frontière, mais participer d’une politique globale et générale, ont fait remarquer, le 29 mai 2006 à Port-au-Prince, des cadres de différents ministères haïtiens, dont celui des affaires étrangères, du bureau de l’ordonnateur national, des représentants de l’Union Européenne, des membres du secteur privé et du secteur associatif qui débattaient de l’avenir des relations insulaires.
Dans cette perspective, faudrait-il considérer la question du mode d’intégration d’Haïti à la région caribéenne, dont la communauté économique (CARICOM) vient de réadmettre le pays au début de ce mois de juillet.
Haïti continuera-t-elle à se complaire dans son rôle de seul Pays Moins Avancé (PMA) de la région et bénéficier de certains « avantages » prévus pour les pays de cette catégorie, ou se joindra-telle aux autres Etats caribéens pour négocier à travers un bloc, s’est-on interrogé.
Pour certains intervenants, Haïti a besoin d’un moratoire de 20 ans pour se préparer à une éventuelle intégration, tandis que d’autres soutiennent que la république créolophone et francophone « n’a pas le choix », car elle ne peut pas aller à contre-courant de l’histoire et de la conjoncture qui est celle de la régionalisation.
Quelle que soit la position par rapport à l’intégration régionale, Haïti devra déterminer quel type ainsi que les bases de coopération elle entend développer avec la République Dominicaine, son voisin le plus proche, et cesser de garder un profil bas, notamment en ce qui a trait aux violences faites à ses ressortissants sur le territoire voisin qui jurent avec la convivialité et la politique de rapports amicaux.
Dans le quotidien, cette coopération est déjà en marche, mais sans un cadre formel, rappelle-t-on.
Il y a deux semaines, les autorités consulaires dominicaines ont décidé d’augmenter d’au moins 25% les tarifs pour l’obtention de visas dominicains, ce qui vient renforcer la perception selon laquelle Haïti est utilisée par la République Dominicaine comme une source d’exploitation économique et financière (migration, main-d’œuvre, commerce, etc.)
Ces échanges, tels ceux du 12 juillet 2006 à Port-au-Prince, qui ont lieu sous les auspices de l’Union Européenne et de plusieurs instances nationales dans les deux pays, s’inscrivent dans le cadre de la préparation du 10 e budget du Fonds Européen de Développement (FED), selon les informations obtenues par AlterPresse.
Le 10 e budget du FED, dont la création a été entérinée par le Conseil européen en décembre 2005, financera à hauteur de 22.7 milliards d’euros la coopération entre l’Union européenne et 78 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sur la période 2008-2013. [rc apr 12/07/2006 11:00]