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Haïti-Éducation : Clôture des examens officiels 2006, sur fond d’interrogation pour les jeunes

P-au-P., 06 juil.-06 [AlterPresse] --- Les épreuves d’Espagnol de ce jeudi 6 juillet 2006 mettent fin à quatre journées d’examens officiels du Baccalauréat deuxième partie (session ordinaire) et à la quatrième série des compositions d’Etat 2006 en Haïti (après celles des sixième et neuvième années fondamentales, puis de rhétorique), selon le calendrier déterminé préalablement par le Ministère de l’éducation nationale, constate l’agence en ligne AlterPresse.

La clôture des examens officiels d’Etat 2006 vient, néanmoins, relancer la question des perspectives de débouchés et d’occupation pour les jeunes qui entendent entrer sur le marché du travail, pour la période des vacances d’été ou définitivement en termes de préparation d’avenir.

Au dernier jour des examens du Baccalauréat deuxième partie ce jeudi, les 52 703 candidates et candidats ont subi les épreuves de physique dans la matinée, puis l’Espagnol dans l’après midi. Celles et ceux du baccalauréat première partie ont passé par le même chemin, la semaine écoulée, dans le but d’accéder en classe supérieure.

Confiants comme à l’accoutumée, certains bacheliers rencontrés manifestent leur optimisme quand à leur réussite.

« Les textes étaient à notre portée, je pense que je vais pouvoir réussir », affirme, assurée, une jeune fille.

« Les responsables de siège, comme les surveillants, n’ont pas badiné avec la discipline. On ne pouvait même pas comparer les résultats des exercices de mathématique ou de physique. Mais, je dois avouer que les examens n’ont pas dépassé les connaissances apprises pendant le cycle d’études », ajoute une autre bachelière.

« Les surveillants étaient stricts, mais très sages », confie, pour sa part, un autre bachelier.

Les résultats des épreuves pour les 4 séries d’examens officiels (6e et 9e années fondamentales, baccalauréat première et deuxième partie) seront publiés d’ici à la mi-août. Aucun bilan de l’année académique, ni du déroulement de l’ensemble des épreuves officielles, n’est encore disponible.

Aussi, à partir de ce 6 juillet, commencent les vacances d’été sur tout le territoire national pour l’ensemble des élèves qui vont retourner en classe début septembre.

Pour la prochaine rentrée académique de septembre 2006, les autorités politiques du 9 juin n’ont pas encore annoncé de nouvelles dispositions, sauf que le montant annuel de subvention de manuels scolaires par l’Etat haïtien, débloqué depuis longtemps chaque année dans le pays, pourrait être reconduit auprès de diverses imprimeries de la place.

Aucune structure, publique ou privée, n’existe pour permettre à la multitude de jeunes, en vacances après la période académique scolaire, d’exercer une profession d’été, en guise d’initiation sur le marché du travail.

Entre-temps, des camps d’été sont organisés dans certaines grandes villes du pays, tandis que les parents devront planifier l’achat de fournitures et le paiement des frais annuels scolaires (académiques) pour la mi-août.

Dans la capitale, certains établissements scolaires exigent le versement de frais (élevés) de réservation dès le mois de juin, sans aucune observation ni intervention du ministère de l’Education nationale contre une telle pratique qui tend à s’étendre chez les écoles privées.

Les examens du Baccalauréat deuxième partie sanctionnent un cycle d’études de 14 ans en Haïti. Une partie des élèves, qui n’obtiennent pas la moyenne requise, est repêchée dans une session extraordinaire de baccalauréat (première et deuxième partie) déroulée à la fin du mois d’août.

Une fois franchi cette étape, les postulantes et postulants tentent d’entrer à l’université (publique et privée), dont la capacité d’absorption diminue d’année en année, par rapport au nombre d’élèves qui bouclent régulièrement leurs études.

Parallèlement, l’effectif de jeunes filles parvenues en fin d’études classiques demeure très faible par rapport aux jeunes hommes.

Beaucoup, parmi celles et ceux qui réussissent, ne sont pas intéressés à embrasser une carrière dite professionnelle ou de métiers manuels, comme l’ébénisterie, la maçonnerie, la plomberie, la réfrigération, la forge, la cordonnerie, l’électronique, la couture, la pâtisserie, la cosmétologie.

La plupart recherchent surtout les filières de médecine, droit, ingénierie civile, administration et gestion des affaires, sciences comptables (à un degré moindre sciences infirmières, sciences humaines, pédagogie de l’enseignement), apparemment plus porteuses ou génératrices de débouchés immédiats, selon une tradition bien ancrée dans les mentalités.

Les familles disposant de certains ressources financières essaient d’envoyer leurs enfants à l’extérieur d’Haïti, particulièrement à un campus universitaire sur le territoire voisin de la République Dominicaine, contrairement aux années antérieures pendant lesquelles les portes des universités étrangères paraissaient plus ouvertes en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada et Mexique), aux Antilles (Jamaïque, Trinidad, Martinique, Guadeloupe), en Amérique du Sud (Venezuela, Chili, Colombie, Argentine) et en Europe (France, Belgique, Espagne).

Depuis quelques années, des centaines d’étudiantes et d’étudiants vont réaliser des études, surtout de médecine et d’agronomie, à Cuba.

Cependant, la plupart de celles et ceux qui réussissent au Baccalauréat deuxième partie restent dans le pays, suivent des cours intitulés Pré-fac (préparatoires à l’admission dans les facultés publiques) pour se donner plus de chances d’entrer à l’université.

Aux concours annuels d’admission, les inscriptions sont nombreuses, mais les différentes facultés et écoles supérieures recrutent un nombre minime d’étudiantes et d’étudiants par rapport à une demande de plus en forte.

Une grande majorité de potentielles étudiantes et de potentiels étudiants, n’ayant l’opportunité ni d’entrer à l’université ni de trouver un débouché lucratif, va grossir le lot de chômeuses et de chômeurs sur un marché du travail très restreint et peu ouvert en Haïti.

Personne ne sait, quant à présent, dans quelle mesure le Programme d’Apaisement Social (PAS), envisagé par l’actuel gouvernement, s’adressera à cette catégorie de la population nationale en quête d’emplois bien rémunérés. [lf rc apr 06/07/06 14:25]