Español English French Kwéyol

Haïti : La traite de femmes et d’enfants, un sujet de grandes préoccupations

P-au-P, 06 Juil. 06 [AlterPresse] --- La traite de femmes et d’enfants dans les pays du Sud, dont Haïti, a été l’objet d’un important débat tenu à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) à Port-au-Prince, le vendredi 30 juin 2006, à quelques heures de la clôture du 4e forum transculturel d’art contemporain, a suivi l’agence en ligne AlterPresse.

Le débat a été lancé en marge de la projection de « Filière africaine de la prostitution », un film documentaire réalisé d’après une enquête journalistique de Romaric Atchourou et Olivier Enogo, et de « Des marelles et des petites filles », un autre documentaire sur la situation des enfants dans le monde.

Dans « Filière africaine de la prostitution », les réalisateurs veulent lever le voile sur le phénomène de la prostitution en Occident, notamment en France et en Allemagne.

Ce film documentaire ne vise pas à faire des révélations sulfureuses sur ce plus vieux métier du monde qu’est la prostitution. Il ne vise pas non plus à trouver de solution miracle au problème de la prostitution, mais à méditer ensemble sur cette pratique.

« En Afrique, la femme est l’objet sexuel des hommes. Elle est là pour faire plaisir aux hommes », dit Eugénie, une jeune actrice incarnant le rôle d’une prostituée qui étudie en Allemagne et qui vend son corps pour gagner sa vie.

Selon Danièle, une avocate, c’est l’ambition de faire de l’argent, quelles que soient les conditions, qui pousse ces jeunes à se prostituer.

Les révélations de certaines prostituées touchent énormément jeunes et grandes personnes, femmes et hommes, qui regardaient attentivement ce court métrage de 52 minutes.

« C’est triste de voir ces images. Heureusement, nous ne vivons pas encore cette situation en Haïti, nous ne sommes pas encore à ce stade », soupire une assistante.

Parlant d’Haïti, le Psychologue Jean Robert Chéry distingue quatre formes de prostitution : la prostitution classique, la prostitution des mineurs, la prostitution conventionnelle et la prostitution de la fonction publique à un stade embryonnaire.

Pour le Psychologue haïtien, le marché de la prostitution a beaucoup évolué en Haïti. « Le marché qui existait dans le temps n’est pas toujours le même », affirme-t-il.

Jean Robert Chéry estime que la prostitution des mineurs, pratiquée notamment par les enfants de rue, est très poussée à Port-au-Prince puisqu’on a fait venir des enfants de la province pour l’expérimenter.

La prostitution conventionnelle, quant à elle, est surtout adoptée par les étudiantes. Jean Robert Chéry pense qu’il ne faut pas banaliser ce phénomène qu’il considère comme une manière de vivre.

Le Psychologue assimile ces différentes formes de prostitution à la dégradation des conditions de vie dans le pays. Les gens sont obligés de se prostituer pour satisfaire leurs besoins, même les plus élémentaires.

Selon les statistiques officielles des Nations Unies et citées dans ce documentaire, les filles et femmes dans le monde possèdent moins de 1% des richesses de la planète.

La problématique de la violence faite aux femmes a aussi attiré l’attention des participantes et participants à cette table ronde.

« La violence faite aux femmes et aux enfants est à peu près la même chose », dit la Plasticienne haïtienne Barbara Prézeau Stephenson, aux yeux de qui « les fillettes sont beaucoup plus victimes que les petits garçons. »

Le documentaire sur les enfants était, lui aussi, très poignant. De l’Inde jusqu’à Haïti, en passant par Thaïlande, Pérou, Burkina Faso, la situation est la même partout. En Inde comme à Thaïlande, les enfants sont très tôt enrôlés dans l’industrie du sexe.

En Haïti, la question de l’esclavage moderne des enfants a été évoquée et dans le film et dans le débat. Selon les données citées dans « Des marelles et des petites filles », 250,000 filles travaillent comme esclaves domestiques (Restavèk) en Haïti. [do rc apr 06/07/2006 8:00]