Prise de position de la NCHR
2 mai 2003
La Coalition Nationale pour les droits des Haïtiens (NCHR) est choquée d’apprendre que des menaces terrifiantes à l’instar de celles faites au journaliste Brignol LINDOR peu de jours avant son assassinat crapuleux ont été proférées à l’encontre de Liliane PIERRE PAUL dans un courrier en date du 25 avril 2003 reçu à la Station le 30 avril dernier et dans lequel est inséré une cartouche pour une arme à feu de calibre 12.
Cette correspondance qui, à la fois, fait promotion pour le père lebrun et la campagne de restitution de la dette de l’indépendance estimée à 21 milliard de dollars US réclamée du gouvernement français lancée par le Président Jean Bertrand ARISTIDE à la date du 7 avril 2003 lance un ultimatum en ces termes : « Lilian’n ou gen pou li lèt sa-a pandan 4 jou, mèkrédi 30, jedi 1er mé, vendredi 2 mé, Lindi 5 mé E si ou pa li l nap rézèvé yon sipriz pou ou madi 6 mé sa ou wè nan anvlop la se yon échantiyon nan sipriz la ». Cette lettre en fait suite à une autre où il est dit : « Nou pat bezwen jounalis pou fè 1804, nou pap bezwen jounalis pou 2004. Liliane, Marvel ak Sonny pap wè 2004 ».
La NCHR condamne fermement cette nouvelle forme de menace faite à Liliane PIERRE-PAUL et RADIO KISKEYA par des organisations dites populaires aux noms évocateurs et effrayants tels : BAZ KOLONNEL 104, BAZ SàˆKàˆY, BAZ DOMIN NAN BWA, BAZ KANNIBAL, etc.
La NCHR rappelle que depuis janvier 2001, Radio Kiskeya fait l’objet de menaces de manière constante et sous des formes diverses, plus précisément :
9 janvier 2001 : Peu de jours avant la prestation de serment du Président Jean Bertrand ARISTIDE, Paul RAYMOND et René CIVIL, deux (2) militants d’organisations populaires proches du pouvoir en place avaient proféré des menaces de mort publiques contre des personnalités de plusieurs secteurs de la vie nationale dont Liliane PIERRE PAUL de RADIO KISKEYA
27 novembre 2001 : Un policier en civil a frappé Euvrard SAINT ARMAND, journaliste à RADIO KISKEYA, brisé son magnétophone puis l’a conduit au commissariat de Port-au-Prince. Les agents de la PNH l’ont accusé du meurtre qu’il allait couvrir à la rue Dufort, en dépit du fait qu’il s’était préalablement identifié.
26 septembre 2002 : Menace d’incendier la Station : des tracts et de la gazoline ont été jetés sur la cour de la Station.
30 novembre 2002 : Aux Gonaïves, Fleurimont HENRI correspondant de la Station a été contraint par l’armée cannibale de quitter la ville pour se réfugier à Port-au-Prince avant de prendre le chemin de l’exil le 13 février 2003.
la NCHR note que les menaces récurrentes dont fait l’objet Radio Kiskeya sont toujours liées à des prises de positions publiques des officiels du pouvoir politique en place et les auteurs de ces menaces, même quand ils sont identifiés, ne sont jamais inquiétés.
La liberté d’exercer librement la profession de son choix, la liberté de la presse et d’expression, les libertés publiques en général acquises au prix de tant de sacrifices et de luttes pénibles du peuple haïtien sont plus que jamais menacées.
Sommes-nous revenus au temps de la pensée unique et du cannibalisme politique ? Sommes-nous revenus au temps des dictatures militaires où le droit de la force primait sur la force du droit ?
Sommes-nous revenus au temps des KANSON Fàˆ, PIKLIZ, 21 NASYON, RACHE PWàˆL, TI BOULE… où les sbires du pouvoir imposaient leur mode de pensée ?
La NCHR invite le pouvoir en place à œuvrer de manière à prouver au monde entier que la dictature n’a pas simplement changé de forme et de nature, en respectant les droits et libertés de tous et en sanctionnant, de manière exemplaire, les auteurs de telles menaces.
Port-au-Prince, le 2 mai 2003