P-au-P, 30 juin 06 [AlterPresse] --- Le quatrième Forum transculturel d’art contemporain, organisé en Haïti sous les auspices de la Fondation AfricAmérica, a été un espace de rencontre formidable, affirme à AlterPresse la professeure et critique d’art cubaine, Yolanda Wood Pujol.
Le forum, inauguré le 15 juin à Port-au-Prince, prend fin ce 30 juin.
« Ce forum nous a permis non seulement d’échanger avec des artistes d’autres parties du monde, mais aussi de rencontrer les artistes haïtiens et voir comment le public effectivement est venu pour participer de manière très active dans toutes nos activités. C’est vraiment quelque chose de très remarquable », se réjouit Yolanda Wood Pujol, dans une interview accordée à AlterPresse.
Docteure en Art et professeure titulaire du Département d’Histoire de l’Art de l’Université de la Havane, Yolanda était invitée comme conférencière à ce forum tenu en Haïti du 15 au 30 juin 2006.
« Corps exploités et l’art des Caraïbes », c’est sous ce thème qu’elle est intervenue durant le forum. « Dans l’art contemporain, on retrouve des artistes qui se servent de leur corps pour exprimer différents éléments esthétiques, culturels et artistiques », dit-elle.
Dans sa conférence, Yolanda Wood Pujol a choisi de centrer le sujet, qui est également le thème du forum, sur une artiste du nom d’Ana Mendieta. Cette dernière a beaucoup travaillé avec son corps pour faire passer son message. « C’était un choix parce que je devais préciser le sujet de ma conférence », indique-t-elle.
Historienne de l’art, Yolanda Pujol voit dans l’exploitation du corps un phénomène qui se situe dans toute la réflexion de l’art. Selon elle, même dans les sociétés traditionnelles, on savait utiliser « le corps dans les relations entre l’homme et l’âme, entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’art. »
Yolanda Wood Pujol n’est pas à sa première visite en Haïti. Elle était venue dans ce pays lorsqu’elle faisait ses recherches sur l’art caribéen.
La professeure Pujol a profité de l’occasion pour déplorer la prostitution en Haïti, tout en précisant que « ce phénomène social n’a rien à voir avec l’histoire de l’art. »
« C’est dommage que, dans les conditions difficiles, le corps puisse devenir une marchandise. A travers le temps, il y a des artistes qui ont exprimé leurs points de vue à ce sujet. C’est une situation très lamentable et c’est dommage, qu’aujourd’hui encore, des jeunes filles s’adonnent à cette pratique pour survivre », regrette-t-elle.
En 1985, Yolanda Wood Pujol a institué, à l’Université de la Havane (Cuba), la chaire d’Histoire de l’Art de la Caraïbe. Cette initiative a été pour elle « un grand défi de contribuer à faire connaître, de par le monde, la production si diverse de l’art des àŽles caribéennes et aussi du bassin caraïbe. à‡a a été ma démarche fondamentale dans toute ma vie professionnelle. »
Entre les années 2001 et 2006, Yolanda Pujol était conseillère Culturelle de Cuba en France. Elle occupe actuellement le poste de directrice du Centre des Etudes Caribéen de Casa de las Américas de Cuba et continue à enseigner l’art de la Caraïbe à l’Université de la Havane et dans d’autres centres universitaires de son pays.
Comme écrivaine, Yolanda Wood Pujol a publié : De la Plástica cubana y caribeñas en 1990, Artista del Caribe hispano Nueva York en 1998, Artes Plásticas del Caribe : Praxis y Contexto en 2000 et l’Art de la Caraïbe Tome 1 en 2000.
La professeure Yolanda Pujol parle l’Espagnol, sa langue maternelle, le Français et un peu d’Anglais. [do apr 30/06/2006 08:00]