[P-au-P., 29 juin 06 [AlterPresse] --- Dans la classe politique Haïtienne, les attentes sont mesurées par rapport aux retombées de la visite du président René Préval à Paris pour Haïti.
« La France est en période de pré-campagne présidentielle. Et dans ces conjonctures, ce sont les politiques internes qui priment », lance l’ancien sénateur Edgard Leblanc.
De l’avis de ce dirigeant de l’une des principales formations politiques représentées au Parlement Haïtien, on peut souhaiter tout au moins que les bailleurs réduisent les contraintes bureaucratiques pour le décaissement de l’aide au développement.
Et la France peut à ce niveau agir sur deux paliers, sur le plan bilatéral et au niveau de l’Union européenne (UE), martèle le coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (OPL).
Plusieurs anciens candidats malheureux aux dernières élections présidentielles font partie de la délégation du président Préval.
Le social-démocrate Micha Gaillard veut croire que cette image d’unité mettra en confiance les partenaires internationaux et portera particulièrement la France et l’UE à consolider leur coopération avec Haïti.
Le porte-parole de la Fusion des sociaux-démocrates forme le vœu que la France et l’Union européenne placent Haïti sur « la liste des pays prioritaires à aider ».
Micha Gaillard plaide pour la mise sur pied d’une commission mixte haitiano-française - laquelle réunirait des experts des deux pays - en vue de définir et d’implémenter les grands domaines de coopération entre Haïti et l’Hexagone.
L’entrepreneur Pierre Emile Rouzier, ancien président de la Chambre Franco-Haïtienne de Commerce (CFHC), souhaite que les rencontres de la délégation présidentielle haïtienne avec des chefs d’entreprises français puissent inciter ces derniers à investir en Haïti.
La CFHC a effectué des démarches auprès de l’Ambassade de France à Port-au-Prince pour que le chef d’Etat haïtien puisse s’entretenir avec des membres du regroupement du patronat français, le MEDEF, a confié Rouzier à AlterPresse.
L’homme d’affaires s’attend à ce que la délégation haïtienne parvienne à convaincre le secteur privé haïtien et le secteur privé international des réformes qui seront entreprises dans les domaines de la justice et de la sécurité afin d’attirer les capitaux et créer par ainsi la richesse et l’emploi.
« Il n’y a pas assez de capitaux nationaux pour développer le pays. Il nous faut des techniciens et des capitaux consistants pour développer le pays », estime Pierre Emile Rouzier.
Dans un entretien au Quotidien français Le Monde, le président René Préval, qui entame ce 29 juin une visite officielle d’environ 48 heures à Paris, a souhaité « un coup de main » de la France sur la dette bilatérale (d’Haïti envers la France). Celle-ci se chiffre à quelque 65 millions de dollars américains, sur une dette totale haïtienne de 1 milliard 300 mille dollars.
En visite en Haïti à l’occasion de l’investiture du président Préval le 14 mai dernier, le ministre français des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a fait savoir que son pays envisageait d’augmenter de 50 à 60% son aide à Haïti dans les prochains mois.
L’aide bilatérale de la France est axée sur un appui technique et en équipement à la Police judiciaire haïtienne.
Paris contribue également - à raison d’un peu plus de 41 millions de dollars (américains) - au financement du Cadre de coopération intérimaire (CCI), défini lors de la Conférence des donateurs de Washington de juillet 2004 et développé lors de la Conférence de Cayenne en mars 2005.
Selon le Quai d’Orsay, la France est de surcroît le premier contributeur du Fonds européen de développement (23,4% des quelque 310 millions de dollars du 9e budget du Fonds Européen de Développement / FED).
Le 12 mai 2006, le président Jacques Chirac a promis, à l’issue de la Conférence de Vienne ayant réuni des représentants de l’Union européenne, d’Amérique latine et des Caraïbes, la solidarité de la France à Haïti.
C’est le premier déplacement à l’étranger du numéro 1 haïtien depuis son entrée en fonction le 14 mai. René Préval a quitté Port-au-Prince le 25 juin, s’est arrêté à Miami où il a assisté à la clôture d’une conférence internationale sur le tourisme, pour ensuite s’envoler vers Bruxelles (capitale de la Belgique) avant de poser à Paris.
Avant de regagner Port-au-Prince, le chef d’Etat haïtien doit participer au sommet annuel des chefs d’Etat et de gouvernement de la Comunauté Caraïbe (CARICOM), à St Kitts and Nevis, du 3 au 5 juillet. Cette participation marquera le retour officiel d’Haïti au sein de cette organisation sous-régionale après deux années de gel des relations. [vs apr 29/06/07 12:10]