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Le GRALIP appelle à la mobilisation contre la folie meurtrière des apprentis dictateurs

Prise de position du GRALIP

3 mai 2003

A l’occasion du 3 Mai 2003, journée porteuse d’un symbolisme puissant dans
l’histoire de la défense de la liberté de la presse à travers le monde, le
Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) lance
une sévère mise en garde aux experts sans visage des ténébreuses officines
politiques, tentés par l’idée folle de la mise à mort de l’une des figures
populaires de la presse haïtienne : la consoeur Lilianne Pierre-Paul.

Co- directrice de Radio Kiskeya et journaliste depuis près d’une trentaine
d’années, notre consoeur, alors qu’elle présentait son journal, a été, le
mercredi 30 Avril 2003, la destinataire d’un étrange courrier : une enveloppe
contenant une cartouche de fusil 12 et une lettre revendiquant « la
restitution par la France de la dette de l’indépendance ».

Au plus fort de l’indignation et de l’intensité dramatique provoquées par un
tel évenement, le GRALIP souligne que cette menace de mort directe est
intimement liée à une revendication que le pouvoir lavalas a fait sienne,
depuis plusieurs semaines (le 7 avril 2003).

Face à l’encouragement têtu à la délinquance politique, l’irrespect
caractérisé des normes démocratiques et un sens poussé du populisme
régressif, le GRALIP dénonce la politique à deux vitesses du pouvoir : l’une,
officielle, s’alignant sur les principes fondateurs de la démocratie et
l’autre, n’ayant rien à envier aux méthodes fascistes.

Déjà présentée comme une victime expiatoire le 9 Janvier 2001, par les
organisations populaires pro-lavalas sur les ruines de l’église Saint-Jean
Bosco à Port-au-Prince, la journaliste Lilianne Pierre-Paul ne compte plus
les projets de liquidation physique ou tentatives d’assassinat moral, ourdis
contre elle, ces dernières années : plans d’empoisonnement, d’accident
provoqué ou campagne de salissage.

Le GRALIP relève que tous ces ingrédients participent d’une constante de
l’exercice du pouvoir en Haïti.

Dans ce climat d’insécurité professionnelle, assombri de temps à autre par
de nouvelles violations de la liberté de la Presse, le régime actuel compte
déjà , à son palmarès, des dizaines de cas de départ en exil et d’agressions
impunies contre des journalistes.

La tendance n’a d’ailleurs pas faibli, rappelle le GRALIP. Pendant tout le
mois d’Avril 2003, des journalistes du Bas-Artibonite ont été la cible des
menaces de brigands lavalas, communément appelés « Chimères ».

Trois ans après l’assassinat le 3 avril 2000 de Jean Dominique (et du
gardien de Radio Haiti Inter, Jean-Claude Louissaint), dont le procès est
toujours dans l’impasse, et près de deux ans après le meurtre de Brignol
Lindor le 3 décembre 2001, le Groupe de Réflexion et d’Action pour la
Liberté de la Presse convie toutes les consoeurs et tous les confrères de la
presse indépendante à la combativité et à la solidarité agissante, en vue
d’empêcher le spectre de la politique exterminatrice de s’abattre une fois
de plus sur la corporation.

3 Mai 2003, une nouvelle date qui renvoie la presse indépendante à ses
préoccupations quotidiennes et à ses inquétudes légitimes.

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse exige la fin
de toute guerre larvée ou déclarée contre la Presse indépendante, que
certains rendent coupable de son indépendance, de sa volonté de défendre le
droit du public à une information libre et d’endiguer le totalitarisme
rampant.

Pour le GRALIP

Vario Sérant, Coordonnateur principal

Stéphane Pierre-Paul, Assistant Coordonnateur

Ronald Colbert, Administrateur