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Haïti-Médias : Nouvelles menaces de mort contre Liliane Pierre-Paul, journaliste-vedette de Radio Kiskeya

P-au-P., 02 mai 2003 [AlterPresse] --- La journaliste haïtienne Liliane Pierre-Paul, Directrice de Programmation de la station privée Radio Kiskeya, à Port-au-Prince, et présentatrice d’un journal à grande écoute, fait l’objet de nouvelles menaces de mort, selon ce qu’ont dénoncé ce 2 mai plusieurs responsables de la station.

Une enveloppe, contenant une lettre de menace et une balle de calibre Douze, destinée à Liliane Pierre-Paul, a été déposée le 30 avril 2003 à la station, a indiqué le Directeur de l’Information, Marvel Dandin, au cours du journal de fin d’après midi, fortement suivi. La lettre lance un « ultimatum » de mort à la journaliste, à qui elle intime l’ordre de lire son contenu au micro chaque jour jusqu’au 6 mai 2003, a expliqué Marvel Dandin.

Le document, dont copie a été obtenue par AlterPresse, est signé par des inconnus et renferme un message en faveur de la restitution par la France de l’argent payé par Haïti en1825 (90 millions d’anciens Francs) pour la reconnaissance de son indépendance. Cette campagne, conduite officiellement par le gouvernement, exige de la France la somme de 21 milliards de Dollars. La lettre contient des menaces également contre des "citoyens français" et l’ambassade de France à Port-au-Prince.

« Les journalistes sont-ils des oiseaux » ?, s’est interrogé dans un éditorial le Directeur de Radio Kiskeya, Sony Bastien, en référence à la balle de calibre douze. Il a souligné que de multiples fois, la station a déjà reçu des lettres de menaces.

« Nous n’allons pas abandonner la lutte pour la parole libre », a averti Sony Bastien.

Le Secrétaire d’État à la Communication, Mario Dupuy, est immédiatement intervenu en direct pour « féliciter » Radio Kiskeya de ne pas s’être laissée « intimider » par les menaces. Le gouvernement espère que la station va continuer à travailler « en toute indépendance et autonomie », a-t-il affirmé.

Il en a profité pour parler de « manipulation grossière » qui coïncide avec l’« échec d’un secteur » dans sa lutte politique.

Plus tard, dans une intervention également en direct à Radio Kiskeya, le porte-parole de la Convergence Démocratique (opposition), Micha Gaillard, a condamné les menaces contre Liliane Pierre-Paul. Il a en même temps interprété les déclarations de Mario Dupuy comme de la "manipulation".

La Coalition mationale pour les droits des Haïtiens (Nchr) se déclare « choquée » de ces « menaces terrifiantes » contre la journaliste-présentatrice de Radio Kiskeya.

La Nchr souligne combien des menaces pareilles ont été proférées contre le journaliste Brignol Lindor à Petit-Goave (Ouest), peu de temps avant son assassinat en décembre 2001.

La Nchr rappelle que depuis janvier 2001, Radio Kiskeya fait l’objet de menaces de manière constante et sous des formes diverses.

Le 9 janvier 2001, peu de jours avant la prestation de serment du Président Jean Bertrand Aristide, Paul Raymond et René Civil, deux militants d’organisations de base du parti Fanmi Lavalas avaient proféré des menaces de mort publiques contre des personnalités de plusieurs secteurs de la vie nationale, dont Liliane Pierre-Paul, rappelle la Nchr.

En septembre 2002, des inconnus ont tenté d’incendier la station en jetant de la gazoline sur la cour.

Les nouvelles menaces contre Radio Kiskeya arrivent à un moment difficile pour la presse haïtienne. Durant les deux dernières années, plus de trente journalistes ont laissé le pays en raison de menaces.

D’avril 2000 à ce jour, 3 journalistes ont été tués, dont le Directeur de Radio Haïti Inter, Jean Dominique.

Radio Haïti Inter a suspendu sine die ses programmes le 21 février dernier à cause de graves menaces. Plusieurs de ses responsables, particulièrement la veuve de Jean Dominique, Michelle Montas (journaliste), sont maintenant en dehors du pays.

Le 25 décembre 2002, la résidence de Michelle Montas a été attaquée et un de ses agents de sécurité tué. [gp apr 02/05/2003 23:25]